Outre-Manche, des perquisitions de la police ont eu lieu mardi dans deux usines, soupçonnées d'avoir fourni de la viande de cheval. À la veille d'une réunion de crise à Bruxelles, la marque Picard, en France, a annoncé être touchée par le scandale.
À la veille d'une réunion de crise des ministres européens à Bruxelles, le scandale de la viande de cheval n'en finit plus de faire couler de l'encre.
Au Royaume-Uni, deux entreprises, l'une en Angleterre, l'autre au Pays de Galles, soupçonnées d'avoir fourni du cheval à la place de bœuf, ont fait l'objet de perquisitions mardi 12 février.
En France, pour la première fois, Picard a annoncé la présence avérée de viande de cheval dans ses lasagnes. La marque phare des produits surgelés est donc touchée à son tour par cette affaire, qui fait désormais l'objet d'une enquête préliminaire pour tromperie par le parquet de Paris.
Par précaution, des retraits de produits, notamment ceux du sous-traitant français Comigel, ont également eu lieu dans plusieurs chaînes de supermarchés françaises, néerlandaises et suisses.
Une filière britannique de fraude ?
Si jusqu'à présent, l'enquête pointait du doigt une filière franco-roumaine, l'annonce de ces perquisitions au Royaume-Uni ouvre la voie à une filière britannique de fraudes ayant conduit à étiqueter "viande de bœuf" sur de la viande de cheval.
Ces perquisitions sont les premiers résultats de l'audit ordonné par l'agence de sécurité sanitaire britannique (FSA) "de tous les abattoirs produisant de la viande de cheval au Royaume-Uni" après la découverte mi-janvier par les autorités irlandaises que des hamburgers, vendus notamment dans les supermarchés Tesco en Grande-Bretagne et en Irlande, contenaient de la viande de cheval.
La chaîne de supermarchés Waitrose a pour sa part annoncé à son tour qu'elle retirait des plats de boulettes de viande après avoir découvert "des traces de porc". Tesco et Aldi UK ont également retiré ces derniers jours des plats de spaghettis bolognaise et de lasagnes, tous fabriqués par Comigel, après avoir découvert de la viande de cheval censée être du bœuf.
L'enquête menée dans les différents pays n'a pas permis pour l'instant de déterminer le lieu où la viande de cheval a été frauduleusement étiquetée comme étant du bœuf, et si elle présentait un risque à la consommation. La FSA a, à ce titre, demandé à Findus d'effectuer "des tests" pour identifier la présence éventuelle dans les lasagnes de phénylbutazone, ce qui rendrait cette viande impropre à la consommation.
Réunion à Bruxelles
Ces rebondissements interviennent à la veille d'une réunion à Bruxelles des ministres européens concernés par l'affaire pour discuter des mesures à prendre au niveau de l'Union européenne.
La Commission européenne a jugé mardi "prématuré" de rendre obligatoire la mention de l'origine de la viande dans les plats cuisinés, estimant que le scandale actuel était "un problème de fraude" et assurant que "la traçabilité fonctionne" pour la viande fraîche comme pour les plats transformés.
Les professionnels de la filière bétail et viande française (Interbev) se sont dits mardi "indignés" par cette première réaction de Bruxelles. Interbev, avec les syndicats agricoles de la FNSEA, avait réclamé lundi que soit imposée sans attendre "l'indication obligatoire du pays d'origine de la viande" sur l'étiquette des produits cuisinés.
"La filière viande et les consommateurs attendent des décisions rapides et des actes forts", a déclaré dans un communiqué Dominique Langlois, président d'Interbev.
La Suède et la France ont déjà annoncé le renforcement des contrôles sur la filière viande et pêche pour Paris et sur les plats préparés à base de viande pour Stockholm.
Le scandale avait pris une dimension européenne avec la découverte la semaine dernière en Grande-Bretagne de lasagnes Findus, étiquetées comme étant des lasagnes au bœuf, alors qu'elles contenaient de la viande de cheval. Elles avaient été fabriquées par le sous-traitant français Comigel.
La viande en cause, d'origine roumaine, selon les autorités françaises, aurait transité par un trader néerlandais, puis chypriote, avant d'arriver chez un fournisseur français, Spanghero, et d'être redirigée vers le préparateur, Comigel.
(Avec dépêches)