
Jean-Luc Mélenchon s’est recueilli, dimanche, sur la tombe de l'opposant tunisien. L’occasion pour le leader du Front de Gauche d’appeler à un printemps méditerranéen et de minimiser la récente manifestation anti-française à Tunis.
C’est sous un ciel gris et pesant que le leader du Front de Gauche a déposé, dimanche 10 février, une gerbe de fleurs rouge vif sur la tombe de l’opposant tunisien assassiné quatre jours plus tôt, Chokri Belaïd. Entouré de militants du Mouvement des patriotes démocrates, Jean-Luc Mélenchon s’est recueilli quelques instants devant la plaque de ciment encore frais qui recouvre le corps du martyr de la gauche tunisienne.
"Dans cette période révolutionnaire, les gens n’écoutent pas les étiquettes de partis. Ils regardent les personnages et la confiance qu’ils peuvent avoir en eux, Chokri Belaïd était un constructeur de rassemblement... Voila ce qu’ils ont voulu tuer !", a déclaré le patron du Front de Gauche après avoir déposé sa couronne de fleurs.
Le héraut de la "révolution citoyenne" a ainsi entamé sa tournée au Maghreb au moment où le berceau du printemps arabe est secoué par son premier assassinat politique. Après avoir rencontré la veuve de Chokri Belaïd et tenu une réunion sur l’écosocialisme, Mélenchon s’envolera le 12 février pour Alger et finira sa tournée par le Maroc le 15 février.
"Printemps méditerranéen"
Mais c’est d’abord cette Tunisie en pleine ébullition que Jean-Luc Mélenchon a choisi pour développer son dernier thème de prédilection : le printemps des peuples méditerranéens. Sur la tombe de Chokri Belaïd, le patron du Front de Gauche s’efforce ainsi de tracer un trait d’union entre les révolutions arabes et les luttes anti-austérité de l’autre côté du bassin méditerranéen.
"En fait ce n’est pas une révolution ni tunisienne ni arabe... C’est un printemps méditerranéen qui a commencé en Tunisie et qui va continuer en Grèce, en Espagne ou au Portugal ! C’est le même processus. L’ennemi a des prétextes différents mais c’est toujours le même", confie ainsi Jean-Luc Mélenchon avant d’aller rencontrer d’autres figures de la gauche tunisienne.
Diversion anti-française
Les grandes envolées lyriques se heurtent néanmoins aux réalités politiques locales. Quand FRANCE24 lui fait remarquer que sa visite intervient au lendemain d’une manifestation islamiste aux accents anti-français, Jean-Luc Mélenchon préfère botter en touche en assimilant les accusations d’ingérence à une tentative de diversion.
"Je ne crois pas que le peuple tunisien soit dupe de la diversion qui lui est proposée. Son problème, ce n’est pas la France. Ce n’est pas Manuel Valls ou je ne sais qui. Son problème, ce sont les questions politiques qu’il a à régler et qu’il va falloir qu’il règle lui-même".
Hors de question pour le leader de s’exprimer sur les déclarations du ministre de l’Intérieur contre la montée d’un "fascisme islamique" ou sur la capacité d’Ennahda à mener à bien la transition démocratique tunisienne.
Après avoir marqué sa solidarité avec la gauche tunisienne endeuillée, Jean-Luc Mélenchon préfère ainsi quitter le cimetière d’El Jellaz sans faire de détour par le champ de mines que constitue aujourd’hui la politique tunisienne.