![Un footballeur et sa fausse petite amie décédée bernent l'Amérique Un footballeur et sa fausse petite amie décédée bernent l'Amérique](/data/posts/2022/07/18/1658124534_Un-footballeur-et-sa-fausse-petite-amie-decedee-bernent-l-Amerique.jpg)
Le courage d'un footballeur universitaire, confronté au décès de sa petite amie, a ému toute l'Amérique et les médias du pays. Mais la belle histoire était en fait un canular orchestré sur Internet : la jeune femme n'a jamais existé.
Le 15 septembre 2012, les téléspectateurs américains sont émus aux larmes devant un match de football. Le défenseur de l’université de Notre-Dame (Indiana) Manti Te’o est sur le terrain alors qu’il a appris quelques jours plus tôt la mort de sa grand-mère et de sa petite amie, terrassée par une leucémie.
Malgré la douleur, le jeune sportif mène son équipe à la victoire contre Michigan State. "Je suis tellement reconnaissant de tout l'amour et du soutien de [...] tous les fans du monde entier, de ma famille et de la famille de ma copine. Ils me manquent. Ils me manquent. Mais je sais que je vais les revoir un jour", déclare-t-il après la rencontre.
Le courage du footballeur
Très vite, l’étudiant est érigé en héros. Pendant des semaines, les médias américains s’emparent de sa tragédie. Le célèbre magazine "Sports Illustrated" lui consacre sa une. La chaîne CBS reprend aussi à l’antenne les derniers tweets de Lennay Kekua, la petite amie du joueur, étudiante à Stanford : "Chéri, s'il m'arrive quelque chose, promets-moi de rester là-bas et de jouer en me faisant honneur par ta manière de jouer".
Même le très sérieux "New York Times" rédige des articles sur cette nouvelle "idole" et sur son courage face au deuil. Des admirateurs de Manti Te’o lancent également un appel au don et récoltent plus de 3 000 dollars pour l’association Leucémie et lymphome.
Une manipulation sur Internet
Mais en janvier, la romance larmoyante tourne au canular. Le site sportif Deadspin révèle après une longue enquête que la copine du footballeur n’a jamais existé. Les journalistes se sont rendus compte qu’il n’y avait aucun avis de décès pour une certaine Lennay Kekua.
Face à ces révélations, Manti Te’o se pose en victime : "C’est extrêmement embarrassant d’en parler. J’ai développé une relation affective avec une femme que j’ai rencontrée sur Internet. Nous avons maintenu ce que je croyais être une relation authentique en communiquant fréquemment en ligne et par téléphone […]. Je réalise que j’ai été victime d’une blague stupide", justifie-t-il dans un communiqué.
Pour sa défense, le joueur explique que sa douleur était bien réelle. Son seul mensonge? Avoir affirmé à ses parents qu’il avait bien rencontré Lennay car il avait trop honte d’avouer qu’il était tombé amoureux virtuellement. Manti affirme s'être seulement rendu compte en décembre qu’il s’était fait piéger.
Par téléphone, Ronaiah Tuiasosopo, un ami de sa famille, lui a avoué qu’il l’avait manipulé. Depuis trois ans, sans motif apparent, ce jeune homme se faisait passer pour sa "fausse copine" grâce à une page Facebook, un compte Twitter et des photos volées sur Internet. Malgré la gravité de cette supercherie, le FBI a annoncé qu'il n'y aurait pas de poursuite car aucun crime n'a été commis.
Quelle responsabilité ?
Mais ces aveux suscitent bien des doutes chez les médias américains. Et si le joueur était aussi dans le coup ? Grâce à son mélodrame, il a bénéficié d’une publicité flatteuse et cela à quelques mois de son possible recrutement dans la NFL, le championnat professionnel de football américain. Interrogé à ce sujet, Manti et sa famille ont rejeté ces soupçons. Le défenseur a aussi démenti avoir créé cette histoire pour couvrir son homosexualité. "Non non, je ne suis pas gay, loin de là", a-t-il répondu sur le plateau de la célèbre présentatrice Katie Couric.
Au-delà de cette blague macabre, ce sont aussi les journalistes qui sont pointés du doigt. Comme le résume "The Guardian", "cette mort imaginaire" pose le problème de la vérification des informations : "Que la star de football de Notre-Dame soit victime ou coupable, peut importe, les médias américains ont été complices".