
Florence Cassez vient de rentrer en France, après sept ans passés à clamer son innocence dans une geôle mexicaine. Condamnée à 60 ans de prison pour enlèvements, elle a finalement été libérée par les juges de la Cour suprême.
Du Mexique à la France, nul n’ignore le nom de cette jeune femme aux longs cheveux clairs et aux grands yeux verts tant on lui a consacré de unes. Le cas de Florence Cassez, accusée et condamnée pour enlèvement au Mexique, a passionné la presse des deux pays sept ans durant, entre son arrestation le 8 décembre 2005 et sa libération le 23 janvier 2013.
Le visage de la jeune Française apparaît pour la première fois aux yeux du public le 9 décembre 2005, au cours d’une opération de libération de trois otages suivie en direct par la télévision mexicaine. La jeune femme y apparaît hagarde, tirée du lit, clamant son innocence alors même que la police vient d’arriver dans la pièce. Elle est présentée comme la compagne et complice de l’auteur des enlèvements, Israël Vallarta.
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La vidéo s’avère finalement être une mise en scène, une "reconstitution" à la demande de la presse, selon les autorités. Mais trop tard, aux yeux de tous, dans ce pays gangrené par la criminalité et les kidnappings Florence Cassez est coupable. La vie de cette jeune femme de 31 ans, originaire de Béthune, dans le nord de la France, vient de basculer.
Début du cauchemar
Ancienne directrice d'un grand magasin de linge et de meubles à Calais, la Française arrive au Mexique en 2003, où son frère Sébastien est installé. Un an plus tard, elle tombe amoureuse d’un Mexicain, Israël Vallarta Cisnero, qui se prétend propriétaire d’une concession automobile. Florence s’installe chez lui, dans le ranch Las Chinitas, à une trentaine de kilomètres de Mexico. Mais quelques mois plus tard, l’idylle s’essouffle et le couple se sépare.
Après un bref séjour en France courant 2004, la jeune Française retourne au Mexique. Elle trouve un appartement et décroche un poste d’hôtesse dans l’un des plus grands hôtels de Mexico. "Je suis optimiste : j’ai 30 ans, je ne resterai pas longtemps à l’accueil, je vais progresser, m’imposer", raconte-t-elle dans "À l’ombre de ma vie, prisonnière de l’État mexicain", un livre-témoignage qu’elle publie en 2010. Il ne lui reste qu’à aller chercher les quelques affaires qu’elle a laissées dans le ranch d’Israël.
Le 8 décembre 2005, alors qu'elle retourne vers la capitale mexicaine à bord d’une camionnette conduite par son ex-compagnon, elle est arrêtée par la police, sur une petite route de campagne. Ce qu’elle pense n’être qu’une erreur se transforme rapidement en cauchemar. Son ex-compagnon avoue les enlèvements, mais disculpe Florence. Elle aussi hurle son innocence, en vain. Le cauchemar durera sept ans.
Série noire
Un premier jugement, prononcé le 27 avril 2008, condamne la Française à 96 ans de prison pour quatre enlèvements, association de malfaiteurs et possession d’armes. La jeune femme fait appel. Le 3 mars 2009, sa peine est réduite à 60 ans d’emprisonnement. Un choc. Ses avocats crient au scandale, dénoncent des manipulations de témoins, des disparitions de preuves.
Mais la série noire continue. Trois mois plus tard, la justice rejette sa demande de transfèrement vers une prison française. En avril 2010, le parquet mexicain reconnaît les mensonges de la police, mais en février 2011, son pourvoi en cassation n’est pas accepté pour autant. Sa condamnation devient donc définitive. "Il m’est arrivé certains matins de me lever et de me dire que je n’avais plus envie de me battre", raconte-t-elle au cours d’une conférence de presse donnée à son retour en France.
Jeudi 24 janvier, Florence Cassez est descendue de l’avion qui la ramenait de Mexico joyeuse et lumineuse, bien qu’un peu intimidée face aux dizaines de caméras qui guettaient son arrivée. "Je ne sais pas par où je vais commencer, mais j’ai envie de faire mille choses", a-t-elle déclaré. "Demain, je cherche du travail !"