Attendu depuis longtemps, Facebook a lancé, mardi, son propre moteur de recherche. Une initiative qui met un peu plus d’huile sur le feu de la bataille avec Google, même si le réseau social se défend de chercher à nuire à son rival.
Les internautes ne savent pas tout de leurs amis. Sont-ils plutôt sushi ou pizza ? Quels films récents ont-ils aimé ? Un ou plusieurs d’entre eux a-t-il essayé et aimé ce nouveau magasin de mode qui vient d’ouvrir au coin de la rue ? Et, enfin, combien des ami(e)s de mon meilleur ami sont célibataires ?
Facebook et son PDG Mark Zuckerberg ont décidé que tout le monde voulait et avait le droit de tout savoir sur ses connaissances virtuelles. C’est pourquoi le roi des réseaux sociaux a lancé, mardi 15 janvier, son propre moteur de recherche social.
“Graph Search [le nom barbare choisi pour cette nouvelle fonction, ndlr] va aider nos utilisateurs à trouver instantément d’autres personnes, en apprendre plus sur leurs amis [...] et sur les intérêts partagés en musique, cinéma, littérature etc.”, expliquent Tom Stocky et Lars Rasmussen, les responsables de la recherche pour Facebook.
Jusqu’à présent, le réseau social dominant proposait déjà une recherche... mais dans son expression la plus basique. Il n’était en effet possible que de trouver des personnes ou des organisations en tapant leur nom. C’est donc un grand bond en avant que Facebook effectue. À tel point que certains influents détracteurs de la petite entreprise de Mark Zuckerberg, tel que Farhad Manjoo, le chroniqueur techno du site américain Slate, se sont montrés enthousiastes. “Jusqu’à présent, Facebook n’était que la plus importante manière de perdre son temps, avec sa fonction recherche, le site devient enfin utile”, écrit-il.
Pas pour les cyber-harceleurs
La promesse du “Graph Search” est d’apporter, à des questions même complexes, des réponses pertinentes et socialement approuvées par le cercle d’amis virtuels de l'utilisateur. Au lieu d’attendre que son réseau d’amis virtuels donne des conseils sur les lieux à visiter dans telle ou telle ville, Facebook va apporter instantanément la réponse en se fondant sur les “Like” et commentaires postés par ses connaissances.
Mais Mark Zuckerberg et Lars Rasmussen soulignent que cette nouvelle fonction ne va pas transformer Facebook en terrain de jeux amélioré pour cyber-harceleurs. Le respect de la vie privée serait, d’après eux, au centre de la fonction recherche. C’est pourquoi, expliquent les responsables du réseau social, les résultats ne proviennent que des cercles d’amis et non pas du milliard d’utilisateurs de Facebook. Avec le passif du groupe en matière de controverses sur le respect de la vie privée, Mark Zuckerberg & Co se devaient d’insister sur ce point.
Autre terrain que les dirigeants de la star du web social ont cherché à déminer : le “Graph Search” ne serait pas, d’après eux, un coup de poignard dans le dos de Google... Contrairement à la référence des moteurs de recherche, la fonction de Facebook ne va pas explorer l’intégralité du web. “La recherche sur le web permet de fournir des liens pertinents en fonction d’une recherche par mots-clés tandis que nous apportons des réponses à des questions précises”, souligne, en outre, Lars Rasmussen.
Front anti-Google ?
Pas sûr que Google ait accepté cette version de l’histoire. La plupart des commentateurs insistent, d’ailleurs, sur le danger que le “Graph search” représente pour le cœur de métier du roi des moteurs de recherche. “Google cherche aussi à devenir plus social avec l’intégration des résultats de son réseau Google + dans son moteur de recherche et l’offensive de Facebook lui coupe un peu l’herbe sous le pied”, juge ainsi le site américain TechCrunch.
Surtout, lorsqu’il n’y a aucune réponse sur Facebook à une question posée, le réseau social redirige l’internaute vers... Bing, le moteur de recherche de Microsoft qui peinait jusqu’alors à concurrencer sérieusement Google. Une coalition de circonstance qui ressemble de très près à un front anti-Google. Comme le suggère Danny Sullivan, l’un des principaux spécialistes américains de l’économie des moteurs de recherche, “même si Facebook ne supplante pas son rival, les promesses de la recherche sociale risquent fort de détourner certaines campagnes de publicité de Google”.