, envoyé spécial à Séville – Alors qu’une vague de saisies de logements déferle sur une Espagne en crise, des activistes ont pris possession d’un immeuble vide dans la banlieue de Séville pour y reloger des expulsés. Reportage au cœur de la crise des "desahucios" espagnols.
La fin de l’année 2012 en Espagne aura été marquée par une succession de suicides directement liés à la crise économique et aux saisies de logements. La presse ibérique bruisse de ces drames humains, dont le dernier épisode se serait déroulé le 14 décembre dernier à Malaga, dans le sud du pays. Selon la presse locale, une femme vivant avec sa mère de 96 ans s’est jetée du quatrième étage de son appartement, peu après avoir reçu un avis d’expulsion pour non-paiement de son hypothèque.
Le scénario est tragiquement similaire dans les cinq cas récents de suicides liés à des saisies de logements : face à un avis d’expulsion et à la perspective imminente de tout perdre, la victime préfère se donner la mort.
Aux yeux de l’opinion, ces suicidés sont devenus les martyrs de la crise espagnole et de la vague d’expulsions qui déferle sur le pays depuis l’éclatement de la bulle immobilière. Plus de 350 000 ordres d’expulsions ont ainsi été émis depuis 2008 - ce qui correspond à une moyenne record de 239 avis par jour. Confrontée aux cris de "banquiers assassins", l’Association espagnole des banques (AEB) a annoncé mi-novembre un gel pour deux ans des expulsions des propriétaires surendettés les plus vulnérables.
FRANCE 24 est allée à la rencontre de victimes d’expropriations qui ont trouvé refuge dans un immeuble de la banlieue de Séville. Près d’une centaine de personnes - dont plusieurs victimes de saisies de logements - occupent depuis mai dernier ce bâtiment rebaptisé "Corrala Utopia". Malgré l’absence d’électricité et d’eau courante, les 36 familles s’accrochent à leur nouveau lieu de vie en se mobilisant afin que la banque IberCaja, propriétaire de l’immeuble, ne saississe pas leur dernier refuge.