
L’accélération du calendrier constitutionnel apparaît comme une bouée de secours pour le président égyptien, empêtré dans la plus grave crise politique du pays depuis la chute d’Hosni Moubarak.
L’appel au peuple via un référendum constitutionnel pour régler la crise politique égyptienne ? C’est la solution vers laquelle semble s’acheminer le président Mohamed Morsi après l’annonce surprise par la commission constituante, dominée par les islamistes, que le vote sur la loi fondamentale aurait lieu jeudi 29 novembre.
L'assemblée chargée de l'écriture de la nouvelle Constitution égyptienne a voté jeudi 29 novembre en faveur du maintien des "principes de la charia" comme source principale de la législation.
Une formulation identique à celle de la Constitution qui était en vigueur sous le régime du président déchu Hosni Moubarak.
Elle est soutenue par les Frères musulmans désormais au pouvoir tandis que le camp libéral et laïc souhaitait son abrogation.
Une fois adopté, ce texte comprenant 234 articles devrait être soumis à référendum sous les quinze jours par le chef de l’État, qui espère ainsi mettre fin à la grave crise politique que traverse l’Égypte depuis le 22 novembre.
Pour l'opposition, l'accélération du calendrier démontre que le président Morsi, issu de la confrérie des Frères musulmans, veut prendre de vitesse la minorité de députés laïcs, libéraux, et coptes qui dénoncent la place de la charia dans la future Constitution égyptienne.
Boycott et recours judiciaires
Les opposants ont décidé de boycotter les travaux constitutionnels entamés il y a six mois et de se retrancher derrière des recours judicaires visant à dissoudre le Parlement élu après la chute d’Hosni Moubarak. La crise actuelle représente le point culminant d’un bras de fer entre la présidence et le pouvoir judiciaire, entamé en juin dernier avec un arrêt de la Haute-Cour constitutionnelle invalidant un tiers des sièges de la chambre basse du Parlement.
La mobilisation anti-islamiste est relayée dans la rue, où des centaines de manifestants continuent à occuper l’emblématique place Tahrir au Caire pour protester contre un décret renforçant les pouvoirs du président Morsi. Le pays est secoué depuis une semaine par des manifestations émaillées de violences dans lesquelles trois personnes sont mortes et plusieurs centaines ont été blessées.
Mohamed Morsi doit s’adresser à la nation jeudi soir pour réitérer la nature "temporaire" des ses pouvoirs élargis, tandis que les Frères musulmans et le parti salafiste Nour appellent leurs partisans à descendre place Tahrir, samedi prochain, pour soutenir le président égyptien.
Des manifestations qui pourraient rapidement tourner à l’affrontement alors que les opposants ont réitéré leur rejet catégorique du choix proposé par le président égyptien : la Constitution sous influence islamiste ou le décret présidentiel.