A défaut d'une issue politique au conflit syrien, la France, présidente de l'ONU depuis le 1er août, veut mettre l'accent sur la crise humanitaire du pays. Sur ce point précis, Paris espère trouver un terrain d'entente avec Moscou et Pékin.
AFP - Paris veut profiter de sa présidence des Nations unies pour accentuer l'aide humanitaire aux Syriens à défaut d'une avancée politique en raison du blocage russe, a affirmé samedi l'ambassadeur de France à l'ONU, Gérard Araud, en mettant en garde Moscou contre un "désastre final".
"Progresser d'un point de vue politique, je dois avouer que je pense que ce sera difficile". Mais des choses peuvent être faites "d'un point de vue humanitaire parce qu'on oublie qu'au-delà des blocages du Conseil de sécurité ou de la démission de M. (Kofi) Annan, il y a la souffrance des syriens", a-t-il déclaré à la radio Europe 1.
Juillet a été le mois le plus sanglant depuis le début de la révolte en Syrie en mars 2011, a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"En juillet, au moins 4.239 personnes ont été tuées dans le pays", selon lui. Parmi elles, figurent 3.001 civils (dont ceux qui ont pris les armes), ainsi que 1.133 soldats et 105 déserteurs.
Au total, depuis le début du conflit, au moins 21.053 personnes ont péri dont 14.710 civils sans armes ou armés, 5.363 soldats et 980 déserteurs.
"Le nombre total n'inclut pas les milliers de détenus dont le sort est inconnu, ni ceux qui sont morts mais dont l'identité n'a pas pu être clarifiée", selon M. Abdel Rahmane.
Source : AFP
La France a pris le 1er août et pour un mois la présidence tournante du Conseil de sécurité de l'ONU.
"Nous allons essayer de travailler pour amener à nous au moins sur les questions humanitaires la Russie et la Chine", a-t-il ajouté, rappelant que le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, prévoyait d'animer à la fin du mois à New York une réunion ministérielle du Conseil de sécurité.
"Il y a trois millions de syriens qui à l'heure actuelle manquent de nourriture, de médicaments. Il n'y a pas d'accès humanitaire, si ce n'est pas le Croissant rouge syrien qui fait des merveilles mais qui est complétement submergé", a noté le diplomate.
"J'espère que ces deux pays entendront la voix de la communauté internationale" après la démission du médiateur international, Kofi Annan, qui s'est retrouvé "tout nu" sans le soutien du Conseil de sécurité, a-t-il dit.
L'ambassadeur a une nouvelle fois regretté l'absence de pression au plus haut niveau international sur le régime de Bachar al-Assad.
"Les Russes nous disent que pour eux c'est Assad ou les islamistes, qu'ils n'aiment pas particulièrement Assad mais qu'ils ne veulent pas des islamistes. Nous, nous leur répondons qu'avec leur politique, ce sera Assad puis les islamistes. Parce qu'Assad tombera et plus nous attendons plus il y aura une radicalisation de la résistance. Déjà nous voyons apparaître Al-Qaïda en Syrie et à la fin du compte, nous aurons le résultat que craignent les Russes", a dit Gérard Araud.
"Nous devons convaincre les Russes et les Chinois qu'ils font fausse route et qu'ils nous entrainent dans le désastre final, la guerre civile, le chaos et à la fin peut-être la victoire des radicaux alors que pour le moment c'est la population syrienne qui combat, ce ne sont pas des radicaux", a-t-il précisé.
L'ambassadeur a enfin mis en garde contre "de nouveaux massacres" à Alep. "Apparemment, la vraie bataille d'Alep va commencer. Le régime a réuni des forces très lourdes autour de la ville. Nous risquons d'assister dans les heures ou les jours qui viennent à de nouvelles violences, de nouveaux massacres", a-t-il prédit.