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High-tech ou old school, palmarès de la triche au bac

L'épreuve de philosophie a donné le coup d'envoi du baccalauréat placé sous haute surveillance après les fuites qui ont entaché l'épreuve en 2011. Mais les as de la triche ne manquent pas d'imagination pour façonner leurs antisèches.

L’encre a commencé à couler sur les copies du cru 2012 du baccalauréat, qui a ouvert le bal comme chaque année avec la mythique épreuve de philosophie, lundi matin. Et alors que toute une génération de lycéens se penche encore sur ses fiches bristol pour réviser chaque épreuve jusqu’à la dernière minute, les plus filous affinent leurs techniques de fraude. L’art de la triche ne laisse pas de place au hasard.

L’année dernière, un jeune homme s'est illustré en mettant en ligne la "fuite" d’un exercice de maths de la série S, la veille de l’épreuve, déclenchant un tsunami à l’Éducation nationale qui avait dû revoir le barême de correction de l’épreuve et s’était engagée à une "tolérance zéro" face à la triche au bac.

Téléphone intelligent, élèves ignorants ?
Le ministère de l’Éducation nationale et les syndicats des enseignants se décarcassent donc pour trouver des moyens légaux pour limiter les fraudes, suspectées d’être à la hausse : 400 cas suspectés en 2011, soit 0,06% du total des candidats, dont 250 sanctionnées, contre 270 et 200 en 2010.

Si les surdoués des calculatrices - outils s’apparentant aujourd’hui à de micro-ordinateurs mais dont l'utilisation est encore réglementée par un texte de 1999 - peuvent y retrouver leurs formules, le plus grand ennemi du corps enseignant est désormais le smartphone. La fraude au téléphone "intelligent" est au menu du grand chantier 2012.

Bien que le gouvernement ne puisse pas installer des brouilleurs d’ondes, interdit par la loi, il a prévenu qu’il se rabattrait sur des détecteurs de téléphones portables censés être "éteints et rangés dans le sac du candidat ou remis aux surveillants de la salle", d’après une circulaire du ministère. Mais le gouvernement reste flou sur les moyens techniques qu'il pourrait utiliser tout comme la proportion de centres d'examens concernés. 

Dans le sac de quasiment tous les écoliers, le smartphone pousserait au vice le plus studieux des fayoteurs du premier rang. Qui n’a pas le cœur d’ingurgiter les verbes irréguliers d’anglais, les subtilités des accords d’Evian ou les formules des probabilités, peut en un coup de pouce consulter les pages du programme qu’il aura préalablement photographiées. Et si la vigilance accrue des surveillants qui sillonnent les salles d’examens en rebute plus d’un, les plus forcenés peuvent toujours se faufiler aux toilettes pour consulter directement les corrigés de leur sujets, mis en ligne à peine deux heures après le début des épreuves. La fouille au corps est encore interdite!
Les bonnes vieilles recettes

Pour ceux qui seraient démunis de ces fines fleurs technologiques, les méthodes les plus traditionnelles, mais qui ont fait leur preuve du CP au master, restent de vigueur. Les bonnes vieilles recettes font florès sur Internet où des sites surfent sur la tendance. Sur Facebook, le groupe "Il n’est pas interdit de tricher, il est interdit de se faire prendre" compte quelque 11 500 amis.

Classique mais efficace : une vidéo américaine suggère de remplacer l’étiquette d’une bouteille de soda par une étiquette faite maison. 

L’Association des tricheurs anonymes, "le site officiel de la fourberie scolaire", compte officiellement 210 techniques de triche dont le mouchoir truqué, l’encre invisible ou l’oreillette dans l’oreille. Sans oublier les basiques comme lorgner sur la copie de son voisin, lire les fiches scotchées dans les revers du pantalon ou se faire remplacer par un compère ressemblant...mais plus brillant.

Plus organisé, Webtricheur.net, le "musée de la triche scolaire", propose des techniques classées par ordre de difficulté allant de "facile" à "suicidaire". Parmi les opérations les plus périlleuses, celle dite du "plafond" : "Réalisez votre antisèche à l'aide d'un miroir ou d'un PC et collez-là au plafond au-dessus de votre place. Ensuite utilisez un petit miroir pour lire ce qu'il y a de collé au plafond." Pratique.
 
Les témoignages des fraudeurs pullulent sur les forums. Sur l’appel à témoignage du Monde.fr, Amine avoue s’être lancé dans une opération scabreuse. " Pour l'épreuve de géographie, j'avais glissé des cartes dans mon caleçon. Une heure après le début de l'épreuve, je suis allé aux toilettes, je les ai observées cinq minutes puis suis ressorti en les glissant de nouveau dans mon jean", raconte ce consultant dans la finance.  Il n’est pas le seul à placer les études sous le niveau de la ceinture : le groupe Facebook "tricher au bac SVT [Sciences de la vie et de la terre] en sortant son pénis" compte une petite centaine d’afficionados. Ils ne précisent pas les dessous de la méthode. On les en remercie.

Dans le film de Claude Zidi, les "Sous-doués" tentent de décrocher le bac par tous les moyens


Les sous doués par lecinema
Une entreprise risquée
Mais qui triche prend le risque du flagrant délit. Amine lui-même se souvient que " Le surveillant qui attendait hors des toilettes m'a pincé de très peu. J'étais conscient des risques, mais j'étais persuadé qu'il n'y avait aucune chance pour qu'il me demande de baisser mon pantalon." Comme lui, ils sont nombreux à raconter, éplorés, l’expérience qui a mal tourné. Et si la mansuétude reste de mise pour la triche "panique", les sanctions peuvent être lourdes pour les méthodiques susceptobles d'être radiés des listes d’examens et des universités pendant 5 ans. 

 

Tags: France, Éducation,