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Clinton et Lavrov vont coopérer "sur les priorités internationales"

La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a pour la première fois rencontré son homologue russe, Sergueï Lavrov. Elle se dit prête à "remettre à zéro" les relations russo-américaines, tout en rappelant que "cela prendra du temps".

REUTERS - Déclarant qu'une relance des relations russo-américaines "prendrait du temps", Hillary Clinton a estimé vendredi après avoir rencontré à Genève le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov qu'il fallait "plus de confiance, de prévisibilité et de progrès" entre les deux pays.

Pour la nouvelle secrétaire d'Etat, priorité doit être accordée au traité sur le désarmement ainsi qu'à la prévention contre le risque de prolifération nucléaire.

Les Etats-Unis, a-t-elle déclaré, ont l'intention de trouver avec Moscou un nouvel accord (sur le contrôle des armements) d'ici la fin de l'année, lorsque le traité Start arrivera à expiration. "C'est une question de la plus haute importance pour nos gouvernements", a-t-elle dit. Moscou considère le traité Start comme dépassé, du fait de la disparition du Pacte de Varsovie et de l'élargissement de l'Otan depuis les années 1990. De son côté, Lavrov a déclaré que Moscou partageait globalement les priorités internationales des Américains et que les deux pays étaient convenus de travailler "de manière franche et ouverte comme partenaires" sur les sujets de désaccord.

"Il s'agit d'un nouveau départ non seulement pour améliorer nos rapports bilatéraux, mais pour conduire le monde dans d'importants domaines", a dit Clinton, après un dîner de travail avec Lavrov.

"Nous avons discuté d'un certain nombre de questions précises pour lesquelles nous jugeons important de travailler ensemble pour réaliser des progrès. Il n'y a pas de temps à perdre sur un certain nombre de défis de taille, aussi allons-nous commencer sans attendre à travailler pour traduire nos paroles en actes", a-t-elle ajouté.

Lavrov, de son côté, a souligné qu'il n'était pas d'accord sur tout avec son homologue américaine mais qu'il travaillerait "dans tous les domaines" avec elle.

Il a évoqué tout particulièrement la cooppération dans le domaine économique: "Nous avons intérêt à développer un nouveau degré de relations économiques entre nos deux pays".

Sur les points de désaccord, il a souligné que Washington et Moscou s'étaient entendus pour travailler "honnêtement, ouvertement, en tant que partenaires".

Les deux pays vont ainsi tenter de s'entendre prochainement sur des dossiers comme l'Iran et la Corée du Nord, deux pays qui inquiètent tout particulièrement Washington en raison de leurs programmes nucléaires.

La Russie et les Etats-Unis, a-t-il indiqué, vont par exemple coopérer à l'avènement d'une conférence sur l'Afghanistan, dont Barack Obama a appelé de ses voeux la tenue pour le 31 mars.

Coopérer sur l'Afghanistan

Hillary Clinton participait à sa première réunion de haut rang avec la Russie depuis l'investiture de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis.

Aucune décision majeure n'était attendue de ce dîner de travail avec Lavrov à Genève, censé permettre à la nouvelle administration américaine d'avancer sur la voie d'un apaisement avec Moscou et d'un soutien russe en Afghanistan.

Les relations bilatérales entre les Etats-Unis et la Russie se sont nettement tendues durant la présidence Bush. En août dernier, lorsque l'armée russe est intervenue en Géorgie, l'administration républicaine avait tenté d'isoler Moscou, notamment au sein de l'Otan qui avait gelé son dialogue avec les Russes.

Dans une lettre à Lavrov, Clinton avait déjà dit espérer ouvrir un nouveau chapitre de l'histoire des relations entre les deux pays. Le mois dernier, à la conférence internationale de Munich sur la sécurité, le vice-président américain, Joseph Biden, avait évoqué la volonté de Washington de "reprogrammer" ses relations avec Moscou.

En décidant jeudi de renouer le dialogue formel avec Moscou, l'Otan a contribué également à détendre la situation, une détente d'autant plus importante aux yeux de Washington et de ses alliés qu'ils espèrent obtenir un soutien accru de la Russie à leurs opérations en Afghanistan.

Le Kremlin s'est dit pour sa prêt à élargir sa coopération. Et des responsables russes estiment que si l'insurrection des taliban n'est pas enrayée, l'islamisme armé pourrait se propager dans d'anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale et menacer la Russie.

La secrétaire américaine d'Etat a dit sa volonté de remettre les discussions sur "une piste sérieuse" à propos du projet de bouclier antimissile américain en Europe orientale.

Le projet, censé contrer un éventuel tir de missile d'"Etats voyous", selon la nomenclature américaine, prévoit notamment de déployer des missiles intercepteurs en Pologne et une station radar en République tchèque. Moscou y voit une atteinte à sa sécurité. Depuis le changement d'administration, les Etats-Unis ont proposé de ralentir le déploiement du bouclier antimissile en échange d'une aide de Moscou dans la limitation des ambitions nucléaires iraniennes. Pour les Russes, les deux questions sont distinctes.