Une explosion survenue au passage de véhicules de l'ONU dans la province de Deraa (sud de la Syrie) a blessé six soldats syriens. Présent dans le convoi, le chef de la mission onusienne, Robert Mood, est sain et sauf.
AFP - Une bombe a explosé mercredi au passage d'un convoi d'observateurs de l'ONU en Syrie blessant six soldats, au lendemain d'une mise en garde de l'émissaire Kofi Annan contre une guerre civile "totale" en cas de poursuite des violations de son plan de paix.
Les violences ont touché d'autres régions du pays faisant huit morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), s'ajoutant à la longue liste des violations du plan Annan prévoyant un cessez-le-feu dès le 12 avril, le retrait de l'armée des villes et la libération des détenus notamment.
L'explosion au passage du convoi de l'ONU, à bord duquel se trouvait le chef des observateurs, le général Norvégien Robert Mood, a eu lieu à l'entrée de la ville de Deraa, bastion de la contestation dans le Sud, selon un photographe de l'AFP.
"La charge a explosé après le passage des quatre véhicules de l'ONU", a-t-il précisé. Derrière ces véhicules se trouvaient ceux de l'armée syrienne et des journalistes, qui ont été "projetés en l'air". Six soldats syriens ont été blessés.
Le général norvégien était accompagné notamment de son porte-parole Neeraj Singh, mais tous deux sont sains et saufs. Les journalistes aussi sont sortis indemnes.
C'est la première fois qu'un convoi de l'ONU est visé depuis le déploiement des observateurs en Syrie le 15 avril, pour y surveiller un cessez-le-feu continuellement ignoré.
"C'est un exemple concret de violence dont les Syriens n'ont pas besoin. Il est impératif que la violence sous toutes ses formes cesse", a affirmé le général Mood. "Actuellement, 70 observateurs sont en Syrie. Ils seront 100 dans les deux prochains jours", a-t-il ajouté, cité par son porte-parole.
Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a accusé le régime qui selon lui cherche à saboter cette mission censée mettre un terme à près de 14 mois de violences qui ont fait près de 12.000 morts, en majorité des civils tués par les forces gouvernementales, selon l'OSDH.
Pour Samir Nachar, un membre du CNS, "avec ces explosions, le régime veut éloigner les observateurs du terrain", et "cherche à corroborer sa théorie sur la présence de terroristes et de salafistes en Syrie, ce qui est contraire à la réalité".
Le régime de Bachar al-Assad, qui ne reconnaît pas la contestation qu'il réprime dans le sang, accuse depuis mars 2011 des "terroristes" de semer le chaos dans le pays. L'agence officielle Sana a rapporté l'explosion sans la commenter.
Paris l'a condamnée en disant tenir le régime "pour responsable de la sécurité des observateurs".
Ailleurs en Syrie, des tirs ont été entendus au moment de la visite d'observateurs de l'ONU à Hama, selon des vidéos mises en ligne par des militants. Mais ils étaient loin du lieu des tirs.
Et au Liban voisin, une femme de 70 ans a été tuée par des tirs des forces syriennes à la frontière, selon un responsable local.
M. Annan a admis qu'il était "très difficile de convaincre" le régime et la rébellion de déposer les armes. De fait, la répression de la révolte qui s'est militarisée au fil des mois et les combats entre soldats et déserteurs ont fait plus de 800 morts depuis le 12 avril, selon l'OSDH.
Il a averti que son plan étant "sans doute la dernière chance d'éviter la guerre civile" et averti que sa mission "n'était pas illimitée dans le temps", disant sa "profonde inquiétude" de voir la Syrie "s'enfoncer dans une guerre civile totale".
Même si "l'activité militaire a légèrement diminué", il a constaté qu'il "y a toujours de sérieuses violations" commises tant par l'armée que par les rebelles.
Selon des diplomates, M. Annan a exprimé la crainte que les violations des droits de l'Homme, les arrestations et les tortures "ne s'intensifient".
La rébellion a réclamé des frappes internationales ponctuelles à l'instar des opérations de l'Otan en Libye et menacé de reprendre les attaques contre les troupes gouvernementales si celles-ci ne mettaient pas fin à la répression.
M. Annan a en outre estimé qu'il "faudrait peut-être de nouvelles élections" législatives en Syrie, après le scrutin de lundi boycotté par l'opposition et dénoncé comme une "farce" par la communauté internationale.
Le dépouillement des voix se poursuivait et il n'y a toujours pas de date pour la publication des résultats, selon la commission électorale.