Tel un pingouin sans banquise, il erre comme une âme en peine. Il a beau porter une combinaison à la "Top Gun", le Mojo n’est plus là. Sébastien D est un pilote d’hélico… sans hélico. Son "joujou", comme il l’appelle, est cassé. Une fuite d’huile. Pas grand-chose, mais assez pour l’empêcher de voler. Cela fait maintenant, cinq jours. Une éternité en somme.

Tous les jours, il attend des nouvelles du responsable de la mécanique de la base d’Hyères, le docteur des Panther en quelque sorte. Et tous les soirs, il annonce la nouvelle aux autres : "Il arrivera à Mombassa le 5 au soir normalement." Et tous les soirs, la date change.

Cet après-midi, Lucas et moi regardions la vidéo aérienne de l’arrestation des pirates par le Floréal, le 27 janvier dernier. Les images sont brutes, sans autre son que celle du Panther. Aux premiers coups de pales, Sébastien rapplique dans le carré du commandant : "J’ai entendu un hélico ?" Humour certes, mais humour maussade. Il s’assied avec nous et regarde. Presque amoureusement.

La déprime. Pourtant, il a de quoi se réjouir. Lui, à qui l’alcool est interdit en mission, peut boire. Il pourrait même peut-être picoler jusqu’à plus soif. Mais non. L’homme reste plutôt sobre et assez malheureux.

La journée, il reste au côté de sa bête malade. On peut dire qu’il la bichonne.

Embrochée dans son four, (NDLR : le hangar), la pintade - c’est le surnom de la machine - continue de rôtir, au son de "Louise Attaque".

Elle pourrait prendre la poussière, enfin théoriquement. Dans la pratique, elle est démontée, remontée, astiquée, bichonnée, cajolée. De cette rude épreuve, il aura au moins appris que la pintade, comme les tamagotchis, meurt plus vite si l'on en prend pas soin.

Plus que quelques jours à tenir. "Disons que c’est se reposer pour mieux rebondir", conclut Sébastien. L’homme est philosophe. Reprendrait-il du poil de la bête ?

Allez Sébastien, pour se remonter un peu plus le moral, si on regardait les vidéos de tes chasses aux narcotrafics ?