Le Tribunal suprême de Madrid a blanchi le juge Baltasar Garzon, ce lundi, pour avoir enfreint une loi d’amnistie votée en 1977 dans le cadre d'une enquête sur le sort de plus de 100 000 personnes portées disparues durant le franquisme.
AFP - Le juge espagnol Baltasar Garzon, déjà sous le coup d'une interdiction d'exercer, a été acquitté lundi par le Tribunal suprême de Madrid dans un procès où il était poursuivi pour avoir voulu enquêter sur les disparus du franquisme, a annoncé une source judiciaire.
Le magistrat espagnol de 56 ans, célèbre dans le monde entier pour avoir mené de multiples enquêtes sur les atteintes aux droits de l'homme et avoir fait arrêter l'ex-dictateur chilien Augusto Pinochet en 1998 à Londres, avait cependant été condamné le 9 février à 11 ans d'interdiction d'exercer dans un autre procès, concernant une affaire d'écoutes illégales, un verdict qui a foudroyé sa carrière.
Dans le procès des disparus du franquisme, les sept magistrats du Tribunal suprême ont décidé d'acquitter le juge Garzon par six voix pour et une voix contre, a précisé lundi une source judiciaire.
Baltasar Garzon était poursuivi pour avoir enfreint la loi d'amnistie votée par le Parlement espagnol en 1977, en ouvrant une instruction en 2008 sur le sort de plus de 100.000 personnes portées disparues pendant la Guerre civile (1936-39) et le franquisme (1939-75).
Ce procès, très polémique en Espagne, avait suscité de nombreuses condamnations de la part des défenseurs des droits de l'homme.
"Enquêter sur la torture et les +disparitions+ ne peut pas être considéré comme un crime", a réagi Reed Brody, porte-parole de l'organisation Human Rights Watch, saluant un verdict qui "évite un embarras plus grand encore" au Tribunal suprême.
"Mais le mal a déjà été fait avec la précédente condamnation du juge Garzon", ajoute-t-il.
Le désormais ex-juge a été condamné à 11 ans d'interdiction d'exercer après avoir ordonné des écoutes entre des avocats et des détenus, en violation des droits de la défense, dans une enquête sur un réseau de corruption qui avait éclaboussé en 2009 la droite espagnole.
Il était également mis en cause dans un troisième dossier, pour corruption passive. L'affaire a finalement été classée pour prescription le 13 février.
Le verdict du Tribunal suprême annoncé lundi dans le procès polémique des disparus du franquisme marque ainsi la fin d'un long parcours judiciaire, entamé en mai 2010 avec la suspension provisoire de Baltasar Garzon de ses fonctions de magistrat de l'Audience nationale.
Cette accumulation d'affaires, qui ont visé quasi simultanément le haut magistrat, pousse les partisans de M. Garzon à dénoncer un complot ourdi pour détruire la carrière d'un homme qui a dérangé dans tous les milieux avec ces enquêtes sensibles.