La mouvement social contre un encadrement plus strict du droit de grève, principalement suivi par les pilotes d'Air France, perturbe le trafic ce mercredi sans pour autant créer de pagaille. Le mouvement devrait se poursuivre jusqu'à jeudi.
AFP - La grève des personnels de l'aérien, pilotes en tête, opposés au projet d'encadrement du droit de grève discuté au Parlement, perturbe mercredi le trafic pour le 3e jour consécutif sans qu'aucun dialogue n'ait été annoncé entre le gouvernement et les grévistes.
Air France, la compagnie la plus touchée par le mouvement, qui doit se poursuivre jusqu'à jeudi soir, prévoyait d'assurer mercredi 60% de ses vols long courrier et 70% des vols court et moyen courrier en incluant l'activité de ses filiales. La veille, elle a dit avoir réalisé plus de 70% de son programme long courrier, au-delà de ses prévisions, et 70% des vols court et moyen courrier.
Selon le SNPL (majoritaire chez les pilotes), le taux de grévistes s'est élevé mardi chez les pilotes d'Air France à plus de 60%, un taux proche de celui de lundi (50%). La direction d'Air France évoque quant à elle 30% de grévistes chez les pilotes et 15% chez les hôtesses et stewards.
Une dizaine d'annulations de dernière minute étaient de nouveaux affichées sur les panneaux de Roissy mercredi à 8H00, a constaté une journaliste de l'AFP, alors qu'à Orly, deux vols étaient annulés "à chaud" et 25% l'avaient été préventivement dès mardi par Air France, selon une source aéroportuaire.
A l'aéroport de Nantes, sur 14 départs prévus avant 12H00, cinq étaient annulés, de même que cinq arrivées. A Bordeaux, 26 vols Air France (arrivée et départ) étaient annulés, quatre à Pau. Huit vols ont été annulés à Lyon.
La compagnie a prévenu en amont ses passagers et facilité le report ou l'annulation de billets, de sorte que la situation est calme dans les aéroports. Elle a également renforcé son personnel navigant "en réserve" habituellement mobilisable lors d'une absence imprévue.
De même, easyJet, qui prévoit d'assurer mercredi tout son programme de vol, a anticipé le mouvement en appelant du personnel supplémentaire en "stand-by".
Le mouvement, lancé par tous les syndicats des personnels de l'aérien, est principalement suivi par les pilotes, dont la majorité des syndicats ont appelé à cesser le travail contre la proposition de loi Diard. Le texte, adopté fin janvier à l'Assemblée, est une atteinte au droit de grève n'apportant aucune amélioration du dialogue social, selon eux.
Mardi, le SNPL a déploré "l'absence de rendez-vous avec le gouvernement pendant le conflit", annoncé depuis des semaines avec un dépôt de préavis dès décembre, le ministre des Transports Thierry Mariani réaffirmant de son côté sa "détermination" à voir le texte appliqué.
Même plainte chez trois autres syndicats de pilotes, le Spaf, l'UNPL et Alter, qui déplorent que "ni le gouvernement, ni la direction d'Air France n'entament de discussions dans le sens de la recherche de solutions au conflit".
Ce front syndical inédit dans l'aérien s'est construit contre le projet du gouvernement, via une proposition de loi d'un député UMP, d'encadrer le droit de grève dans l'aérien sur le modèle du dispositif qu'il a introduit en 2007 dans les transports terrestres, à la SNCF et la RATP notamment.
Le texte vise à imposer notamment aux grévistes, sous peine de sanction, de se déclarer individuellement 48 heures à l'avance. Chaque gréviste devra aussi dire sa volonté de reprendre le travail 24 heures à l'avance. Le texte impose aux compagnies de communiquer des prévisions de trafic 24 heures en amont.
Mais le champ d'application du texte va au-delà des compagnies et concerne aussi leurs prestataires: bagagistes, avitailleurs, agents de piste, mécaniciens, etc.
Le texte doit être examiné au Sénat le 15 février, les syndicats n'excluant pas d'autres mobilisations à chaque étape législative.