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La pièce "Golgota Picnic" indigne les milieux catholiques

Une nouvelle pièce de théâtre suscite la polémique dans les milieux catholiques intégristes : "Golgota Picnic" de Rodrigo Garcia. Mais cette fois, c'est l'Église catholique dans son ensemble qui dénonce un outrage.

Après la pièce de l'Italien Romeo Castellucci "Sur le concept du visage du fils de Dieu", c’est au tour de "Golgota Picnic" de provoquer l’agitation dans certains milieux catholiques.

À quelques heures de la première à Paris de la pièce de l’Argentin Rodrigo Garcia, divers groupes, dont des catholiques issus de la mouvance intégriste, convergeaient déjà vers le Théâtre du Rond-Point, près des Champs-Élysées, où elle doit se jouer ce jeudi et ce jusqu’au 17 décembre.

Le directeur du théâtre, Jean-Michel Ribes, a d’ores et déjà appelé au calme et  annoncé "un énorme dispositif policier" à partir de ce soir. Ce dernier a également conseillé aux spectateurs d'arriver au théâtre une heure à l'avance, en raison de ces mesures de sécurité.

Une pièce "à la fois christianophe et blasphématoire"

Car, selon toute vraisemblance, le personnel peut s’attendre à de l'agitation à l’extérieur. Emmenés par l’Institut Civitas, proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, intégriste, des catholiques proches de cette mouvance ont déjà perturbé, parfois violemment, les représentations données à Toulouse. Les raisons de leur colère : une lecture provocante des Évangiles, une scène de crucifixion choquante et une représentation du Christ en "putain du diable".

"Le contenu de cette pièce est la fois christianophobe et blasphématoire", s’indigne Alain Escada, secrétaire général de l’Institut Civitas, interrogé par FRANCE 24. Il définit son groupe comme un "lobby catholique œuvrant à rechristianiser la France". En pointe dans la protestation, l'Institut prévoit une manifestation à la sortie de la pièce et a prévenu sur son site internet qu’aucune "représentation de 'Golgota Picnic' à Paris ne se ferait sans une mobilisation des chrétiens devant les portes du théâtre".

Des "catholiques ordinaires blessés"

Mais tous les protestataires n'entendent pas en découdre violemment. Contrairement à l’œuvre de l'Italien Romeo Castellucci "Sur le concept du visage du fils de Dieu", qui avait le mois dernier également suscité l’ire de certains milieux chrétiens, la mobilisation contre "Golgota Picnic" n’est pas uniquement le fait de catholiques intégristes.

Loin des banderoles, et autres slogans de l’Institut Civitas, un collectif laïc "Culture et Foi : et si on se respectait" appelait à un rassemblement pacifique devant le Théâtre du Rond-Point vers 18h30, bien avant le début de la pièce prévue à 20 h.

Joint par FRANCE 24 alors qu’il s’apprêtait à prendre le chemin du théâtre, Thibaut Dary, l’un des porte-parole explique "qu’il s’agit de montrer silencieusement et pacifiquement que des catholiques ordinaires sont blessés par la pièce 'Golgotha Picnic'".

Pour le collectif  "Culture et Foi : et si on se respectait", qui s’est récemment formé pour l’occasion, la pièce est "une provocation gratuite et stérile, d’après ce que nous ont rapporté ceux qui l’ont vue à Toulouse". Les participants au rassemblement sont invités à déposer une fleur blanche devant une image du Christ, près du théâtre. Ce groupe de laïcs ne s’arrête pas là. "Nous voulons chercher une issue par le dialogue, c’est pourquoi une délégation va solliciter une brève rencontre avec Jean-Michel Ribes".

De nombreuses voix se sont également élevées au sein de l’Église catholique pour dénoncer la pièce. Dans une interview accordée au "Parisien" ce jeudi, le cardinal de Paris, Mgr André Vingt-Trois, a évoqué un "spectacle caricatural par rapport à la personne du Christ et à sa Passion, qui induit des interprétations assez grossières". Il a par ailleurs appelé les fidèles du diocèse de Paris à participer "à une veillée de prières à Notre-Dame de Paris" à 20 h pour protester contre une pièce qui "insulte la personne du Christ en croix".

Reste que si la communauté catholique demande au monde de la culture le "respect" comme l’explique Thibaut Dary, nombreux sont ceux qui se mobilisent pour défendre la pièce. Des organisations telles que la Ligue des droits de l'Homme, la Ligue de l'enseignement et la Fédération CGT des syndicats du spectacle ont appelé "à soutenir la liberté de création" devant le Théâtre du Rond-Point.