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Sixième jour de mobilisation sur la place Tahrir

Des milliers d'Égyptiens continuent d'occuper la place Tahrir malgré l'annonce d'une accélération du transfert du pouvoir aux civils. Dans la nuit de mercredi à jeudi, des affrontements ont de nouveau opposé manifestants et forces de l'ordre.

REUTERS - Pour la sixième nuit consécutive, les heurts se sont poursuivis au Caire, où des dizaines de milliers de manifestants hostiles au Conseil suprême des forces armées (CSFA) réclament toujours que l'armée rende le pouvoir aux civils.

Mercredi en fin de soirée, la chaîne Al Djazira a indiqué que, dans ce climat de violences, le ministre de l'Intérieur avait proposé aux militaires de reporter la première phase des élections législatives, censée débuter ce lundi.

Aucune confirmation des propos prêtés à Mansour al Essaoui n'a pu être obtenue dans l'immédiat. Dans une intervention télévisée, le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, qui dirige le CSFA, avait affirmé mardi soir que les élections législatives auraient lieu dans les délais prévus.

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Situation place Tahrir mercredi à 23h
Sixième jour de mobilisation sur la place Tahrir

Depuis le début des protestations, samedi, le bilan s'élève à 39 tués, selon un nouveau décompte établi par Reuters. Le ministère de la Santé fait état quant à lui de 32 morts et 2.000 blessés.

Mercredi soir, des coups de feu ont éclaté près du ministère de l'Intérieur, symbole de l'autorité de l'Etat et cible des manifestants non loin de Tahrir. Des témoins ont affirmé qu'il y avait eu des morts. Impossible à vérifier.

Dans un hôpital improvisé sur la place, au milieu des sirènes hurlantes des ambulances qui tentent de se frayer un passage, un médecin parle de quatre morts dans la journée de mercredi, deux tués par balles, deux autres victimes d'asphyxie. Le Dr Tareq Salem ajoute que depuis le week-end, trois médecins volontaires ont payé leur engagement de leur vie.

Les autorités affirment ne pas utiliser de balles réelles contre les manifestants. Mais le ministre de l'Intérieur a déclaré à la télévision que des tireurs non identifiés ouvraient le feu depuis les terrasses d'immeubles entourant Tahrir.

Des manifestants accusent le pouvoir d'avoir recruté des hommes de main pour attiser les violences et discréditeur leur mouvement.

"Nous resterons jusqu'au départ du maréchal"

Les concessions proposées mardi soir par le maréchal Tantaoui et le CSFA - élection présidentielle avancée de six mois, d'ici juin 2012 au plus tard, nouveau gouvernement de transition et engagement à assurer des élections libres - n'ont pas eu d'effet sur les dizaines de milliers de contestataires qui ont repris la place Tahrir le week-end dernier.

Ils considèrent que ces annonces, fruit d'un accord avec plusieurs groupes politiques, dont les Frères musulmans, sont un piège visant à diviser le mouvement.

La contestation de ces derniers jours reste sans commune mesure avec la mobilisation de l'hiver dernier, où les Egyptiens avaient manifesté par millions et obtenu le départ d'Hosni Moubarak après trente ans de pouvoir.

Mais ce qui avait débuté comme un simple sit-in de protestation avant de virer à l'affrontement a ravivé les souvenirs des journées révolutionnaires.

"Nous resterons ici jusqu'à ce que le maréchal parte et qu'un conseil de transition civil le remplace", déclare Abdullah Galal, 28 ans, rencontré sur la place où des tentes ont été érigées. "Il faut changer le régime comme en Tunisie ou en Libye", ajoute-t-il.

"Le conseil militaire doit partir et remettre le pouvoir aux civils", reprend Ahmed Essam, un étudiant de 23 ans qui affirme que les généraux veulent se maintenir à la tête du pays pour ne pas que leur corruption éclate au grand jour.

En avril, un référendum sur les modifications temporaires apportées à la Constitution par l'armée avait remporté 77% d'approbation. Les généraux bénéficiaient alors encore d'une large popularité pour avoir refusé de combattre les révolutionnaires l'hiver dernier et contribué au renversement de Moubarak.

Mercredi, le haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a appelé à une enquête indépendante sur les violences de ces derniers jours.

"J'invite les autorités égyptiennes à ne plus faire un usage excessif de la violence contre les manifestants de la place Tahrir et d'ailleurs, et à ne plus utiliser à mauvais escient les bombes lacrymogènes, les balles en caoutchouc et les balles réelles", ajoute-t-elle dans un communiqué.

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