
Le nouveau chef de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) prend la succession d'Alfonso Cano, tué lors de combats début novembre. Timochenko est membre de l'organisation depuis le début des années 1980.
AFP - La guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxiste) a désigné Timoleon Jimenez, alias Timochenko, pour succéder à son chef Alfonso Cano, tué lors d'affrontements début novembre, un choix confirmant son intention de continuer à combattre.
"Nous voulons vous informer que le camarade Timoleon Jimenez a été élu à l'unanimité nouveau commandant des Farc-Ep par ses camarades du secrétariat", l'organe dirigeant des Farc, a annoncé la guérilla dans un communiqué diffusé mardi par plusieurs médias.
Le texte, daté du 5 novembre, au lendemain de la mort d'Alfonso Cano, affirme que les Farc visent toujours la "prise du pouvoir par le peuple" et gardent le moral en dépit de la disparition de Cano, tué au cours d'affrontements avec l'armée dans le sud-ouest du pays.
A la tête de l'un des "fronts" les plus importants de la guérilla, le "Bloc Magdalena Medio", déployé dans le nord du pays près de la frontière vénézuélienne, Timochenko dirigeait jusque-là quelque 800 hommes.
Médecin de formation et membre des Farc depuis le début des années 1980, Timoleon Jimenez faisait partie du secrétariat de sept membres chargé de diriger les Farc et figurait parmi les "favoris" à la succession, au côté d'Ivan Marquez, autre membre de cet organe dirigeant jugé plus "politique".
Selon le spécialiste du conflit Ariel Avila, enquêteur au sein de l'institut d'études Corporacion Nuevo Arco Iris, Timoleon Jimenez était aussi le chef des "services d'espionnage et de contre-espionnage" de la guérilla. Il aurait été formé dans plusieurs pays d'Europe de l'Est.
De son vrai nom Rodrigo Londono Echeverry, Timoleon Jimenez, alias Timochenko, serait âgé de 52 ans selon le parquet, qui a insisté, dans une biographie diffusée mardi, sur ses "bonnes relations" avec l'autre guérilla encore active en Colombie, l'Armée de libération nationale (ELN).
Après la mort d'Alfonso Cano, la guérilla avait juré de poursuivre sa lutte marxiste, rejetant les appels lancés par le gouvernement à la démobilisation de ses combattants.
"La paix en Colombie ne découlera pas d'une démobilisation de la guérilla, mais de l'abolition définitive des causes du soulèvement", avait-elle écrit dans un communiqué.
Dans un message ultérieur signé par son secrétariat, la guérilla a annoncé une nouvelle fois que toute démobilisation serait assimilée à un acte de "trahison" à sa "cause populaire" tout en assurant cependant qu'elle s'engageait à rechercher "une solution politique pour parvenir à une paix démocratique".
La guérilla des Farc, fondée en 1964, compterait encore entre 8.000 et 11.000 combattants, selon les estimations.
Elle a essuyé depuis 2008 la perte de cinq de ses chefs historiques, dont Manuel Marulanda, son fondateur, mort d'une crise cardiaque en 2008; Jorge Briceno alias "Mono Jojoy", son principal stratège et "chef militaire", tué par l'armée en septembre 2010, et Alfonso Cano, souvent présenté comme l'idéologue de l'organisation, dont le corps a été enterré mardi dans un cimetière proche de Bogota, en présence d'un représentant de la famille.
En dépit des coups portés par l'armée et la police colombienne, dont les effectifs ont presque doublé depuis le début des années 2000, la guérilla n'est cependant pas moribonde, selon les experts qui notent même une recrudescence de ses attaques depuis 2009.
En 2010, selon la Corporacion Nuevo Arco Iris, environ 1.900 attaques ont été menées et cet institut estime que cette année le chiffre pourrait dépasser les 2.100.
La guérilla s'est toutefois repliée dans ses fiefs traditionnels notamment les régions frontalières.