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Le gouvernement a décidé d'abroger les trois seuls permis pour la recherche dans le domaine du gaz de schiste dans le sud de la France par crainte de voir Total et Schuepbach utiliser la technique interdite de la fracturation hydraulique.

AFP - Le gouvernement a décidé lundi d'abroger les trois permis de recherche de gaz de schiste accordés à Total et à l'Américain Schuepbach dans le sud de la France, une victoire pour les opposants mobilisés depuis des mois contre la technique contestée de la fracturation hydraulique.

"Dans les deux rapports Schuepbach, était explicitement mentionné le projet d'utiliser la fracturation hydraulique" pourtant interdite depuis juillet, a dit à l'AFP la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet.

Dans le rapport de Total, "ce n'était pas le cas" mais "j'ai fait valoir l'argument que ce rapport n'était pas crédible", a-t-elle ajouté.

Le géant pétrolier français s'est dit "très surpris" par l'abrogation dont il a été informé "par voie de presse". Il a demandé des explications "pour comprendre sur quelles bases légales" a eu lieu l'annulation de son permis dit de Montélimar, grand de plus de 4.000 km2.

Dans son rapport remis aux ministères concernés le 12 septembre, Total s'est engagé "sans aucune ambiguité" à n'utiliser aucune technique interdite, rappelle le pétrolier.

Le chef de file des anti-schiste José Bové a lui fait part de sa "satisfaction", tout en demandant plus de garanties en ce qui concerne d'autres permis.

Pour les 61 autres permis d'exploration toujours en vigueur, dont 12 concernent des hydrocarbures non conventionnels, toutes les compagnies "ont pris l'engagement formel de ne pas recourir à la fracturation hydraulique", a dit le ministère.

Des "inspections" seront menées pour s'assurer du non-recours à cette technique, selon le gouvernement.

Après le vote d'une loi en juin interdisant la technique controversée de la fracturation hydraulique, la seule permettant aujourd'hui d'exploiter les hydrocarbures de schiste, les industriels avaient deux mois pour déclarer la technique qu'ils comptaient utiliser.

Les trois permis en passe d'être annulés couvrent une surface de 9.672 km2 répartis sur sept départements dans le sud de la France.

Sarkozy dans le Gard mardi

En dépit des assurances de Total, la ministre a insisté sur le manque de "crédibilité" du projet.

"Total déclare vouloir maintenant chercher des hydrocarbures classiques, donc non gaz de schiste, dans une zone où le potentiel est très limité et alors même que Total se désintéresse de la recherche du conventionnel sur le territoire terrestre français depuis des années", a dit Nathalie Kosciusko-Morizet.

"Et Total annonce aussi vouloir continuer à rechercher du gaz de schiste avec des techniques qui ne sont pas la fracturation hydraulique, or on sait aujourd'hui que ces techniques ne sont pas opérationnelles", a-t-elle ajouté.

Le Parlement avait voté une loi cet été sous la pression d'élus locaux et à la suite de plusieurs manifestations dans le sud de la France pour dénoncer la fracturation hydraulique, technique notamment accusée de polluer les nappes phréatiques.

Cette dernière consiste à "fracturer" la roche en grande profondeur (1.000 à 3.000 mètres) avec un mélange d'eau, de sédiments et de produits chimiques projeté à haute pression, afin de libérer les hydrocarbures.

L'annonce a été faite alors que le président Nicolas Sarkozy se rend dans le Gard mardi, dans l'un des départements concernés par ces permis exclusifs de recherche de gaz de schiste.

Jeudi, l'Assemblée nationale doit également discuter d'un texte déposé par le PS et les Verts visant à interdire l'exploitation des gaz et huiles de schiste "quelle que soit la technique".