
Malgré les résultats officiels confirmant l'avance de Kadima de Tzipi Livni aux élections législatives, le chef du Likoud (droite) devrait être appelé à former le prochain gouvernement à la faveur d'alliances nouées avec d'autres partis.
AFP - Le chef du Likoud Benjamin Netanyahu demeurait pratiquement assuré de former le prochain gouvernement qui pourrait enterrer le processus de paix, après la publication officielle jeudi soir des résultats définitifs des législatives israéliennes.
Avec 27 élus, contre 28 au parti Kadima (centriste) de Tzipi Livni, il pouvait toujours compter sur un bloc de partis de droite nettement majoritaire au Parlement (120 députés), après le dépouillement des voix des 175.00 militaires.
Selon la radio publique, Mme Livni a cependant estimé que "les résultats officiels confirmaient que le peuple s'était prononcé en faveur du Kadima".
De son côté le Likoud a publié un communiqué indiquant que "le Kadima était éloigné de la réalité car la majorité du peuple voulait Netanyahu" au pouvoir.
M. Netanyahu a rencontré jeudi les dirigeants du Shass (11 sièges) et devait ensuite s'entretenir avec ceux du Judaïsme unifié de la Torah (orthodoxe ashkénaze, 5). Ces deux partis de la droite religieuse, champions de la colonisation juive, sont opposés à toute concession avec les Palestiniens.
Ces consultations font craindre à la communauté internationale qu'un gouvernement à forte coloration d'extrême droite enterre le processus de paix sans même chercher à sauver les apparences.
Dans ce contexte, les Etats-Unis et l'Europe insistent pour qu'Israël poursuive ses efforts en vue de parvenir à un accord de paix.
La veille, l'ancien Premier ministre (1996-1999) avait discuté avec Avigdor Lieberman, le dirigeant du parti d'extrême droite laïc Israël Beiteinou, auteur d'une percée (15 sièges).
M. Lieberman a exprimé sa préférence pour un gouvernement de droite sans pour autant "écarter à ce stade toute autre candidature".
Médias et analystes s'accordaient jeudi à penser que Netanyahu sera le prochain Premier ministre. Malgré son mandat d'avance, Mme Livni n'a aucune chance de former un nouveau gouvernement, faute d'allié politique.
"Il faut en finir avec ce cirque médiatique. Elle ne peut continuer à prétendre être investie par le peuple pour prendre la direction du pays sous prétexte que son parti a un mandat de plus", a déclaré à l'AFP le politologue Abraham Diskin, de l'université hébraïque de Jérusalem.
La dirigeante du Kadima ne peut compter que sur le soutien des 28 députés du parti. Les formations de gauche, très affaiblies après le scrutin, ne lui ont pas donné leur appui et les trois partis arabes (11 sièges au total) ont affirmé qu'ils ne participeraient à aucune coalition.
Les dirigeants du parti travailliste, qui a chuté de 19 mandats à 13, ont annoncé qu'ils se résignaient à l'opposition tant la constitution d'un cabinet Livni leur paraissait irréaliste.
La grande question est de savoir si Netanyahu constituera un gouvernement restreint s'appuyant sur Lieberman, ou bien élargi avec la participation du Kadima, son option favorite.
La presse écarte un gouvernement Livni, même dans l'hypothèse peu vraisemblable d'un ralliement du parti de Lieberman à un cabinet sous sa direction.
"Même si Lieberman le voulait, il ne pourrait faire de Livni la chef du gouvernement", écrit le quotidien à grand tirage Yediot Aharonot.
Pour Haaretz (libéral), "Livni a battu la gauche aux élections" en bénéficiant d'un report massif de votes pour son parti, mais "elle a été battue par la droite".
Le président Shimon Peres devrait commencer ses consultations avec les partis la semaine prochaine pour choisir la tête de liste la mieux placée pour obtenir la confiance du Parlement.