
Les forces de sécurité syriennes ont tué quatre civils lors des rassemblements organisés dans plusieurs villes du pays pour interpeller l'opinion internationale sur la violence de la répression exercée par le régime de Damas.
AFP - Quatre civils ont été tués et des dizaines blessés vendredi par des tirs des forces de sécurité en Syrie, où des centaines de milliers de manifestants ont réclamé la chute du régime et dénoncé l'inertie de la communauté internationale face aux répressions.
"Un jeune homme a été tué et plusieurs autres blessés par des tirs nourris des forces de sécurité qui cherchaient à disperser des centaines de manifestants réunis sur la place Qniniss à Lattaquié (ouest)", a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
A Deir Ezzor (est), les forces de sécurité ont également fait un mort en ouvrant le feu sur des jeunes gens qui rentraient chez eux à l'issue d'une manifestation, a-t-il ajouté.
Selon lui, "au moins 50.000 personnes" ont défilé en hommage aux quatre civils tués la veille dans cette ville, puis 300.000 ont participé aux funérailles de trois d'entre eux.
Par ailleurs, un jeune homme a été tué par balle au moment de la dispersion d'un rassemblement à Deraa (sud), a indiqué Abdel Karim Rihaoui, le chef de la Ligue syrienne des droits de l'Homme.
Un autre a été tué à un point de contrôle à Kser, dans la banlieue de Damas, selon M. Abdel Rahmane.
Les manifestations de ce vendredi étaient placées sous le slogan "Votre silence nous tue", les militants pour la démocratie dénonçant le manque de réaction du reste du monde face aux violences secouant la Syrie.
"Où êtes-vous, défenseurs de la liberté ?", ont interrogé des militants sur la page Facebook "The Syrian Revolution 2011", moteur de la mobilisation. Sur une autre page, "La colère de la Syrie", on pouvait lire : "Assez du silence... Votre silence est une balle dans nos poitrines".
A Hama (centre), "plus de 500.000 personnes ont participé aux manifestations", a assuré M. Abdel Rahmane, ajoutant que l'imam qui dirigeait les prières "a appelé à la chute du régime, au refus du confessionnalisme et à l'union nationale". Le militant n'a pas fait état de violences dans cette ville.
En revanche, les forces de sécurité "ont tiré sur les manifestants dans le quartier de Karam el Chami à Homs (centre)", a-t-il raconté, soulignant que "plusieurs protestataires ont été blessés"
Elles ont aussi "ouvert le feu sur une manifestation de plusieurs milliers de personnes à Harasta, près de Damas, faisant plus de 15 blessés", a dit M. Rihaoui.
Selon des militants, des manifestations ont dans le même temps eu lieu dans plusieurs cités de l'Ouest, dont la population est en majorité kurde, dans le gouvernorat d'Idleb (nord-ouest), à Maarat al-Naamane (ouest), Douma (sud), Boukamal (est), Hassakeh (nord-est), ou encore à Arbine, Kanaker et Zebani, près de la capitale.
Dans la région de Deraa, les forces de sécurité, déployées en masse, ont interdit l'accès aux mosquées aux hommes de moins de 50 ans, empêchant les fidèles d'entrer dans les lieux de culte avec des téléphones portables, notamment ceux équipés d'appareils photo, a déclaré M. Rihaoui.
Dans la matinée, à Damas, où plusieurs quartiers sont privés de communications et verrouillés par des barrages de militaires, des tirs nourris ont été entendus dans le quartier de Qadam, théâtre de manifestations nocturnes contre le régime.
Depuis le 15 mars, les répressions ont fait près de 1.500 morts chez les civils, entraîné l'arrestation de plus de 12.000 personnes et l'exode de milliers d'autres, selon des ONG.
L'armée syrienne assure de son côté combattre des "bandes terroristes armées", considérées par le pouvoir comme responsables des troubles.
L'agence de presse officielle Sana affirme qu'"une bande armée a tiré (vendredi) sur un agent de police à Boukamal (est)", et que ce dernier est mort.
Sana a en outre fait état d'une manifestation en faveur du régime dans le quartier de Bab Touma dans la capitale pour dénoncer les actes terroristes comme celui qui s'est produit selon le régime près de Homs vendredi.
Tôt dans la matinée, une explosion a eu lieu sur un oléoduc, selon l'agence, qui a attribué l'attaque à une "bande subversive".
Il s'agit du deuxième incident visant des infrastructures d'hydrocarbures depuis le début de la contestation. Le 13 juillet, des militants avaient fait état d'une explosion sur un gazoduc dans le gouvernorat de Deir Ezzor, où se trouvent des champs de pétrole et de gaz.
Face à la révolte populaire, le journal du parti Baas, au pouvoir depuis 1963, a annoncé jeudi l'organisation avant la fin de l'année d'une conférence du parti pour "mettre en place le projet réformateur porté par le président Bachar al-Assad".
En vertu de la Constitution, le parti Baas est "le dirigeant de l'Etat et de la société".
Les autorités, qui avaient promis fin avril une série de réformes, en particulier en matière d'élections et de droit de la presse, ont adopté en début de semaine un projet de loi encadrant la création de nouveaux partis.