
Le scandale des écoutes illégales pratiquées par des titres de l'empire médiatique de Rupert Murdoch menace de faire chanceler les institutions britanniques. Tour d'horizon des personnages-clés de cette affaire qui met en émoi le Royaume-Uni.
Quand la presse à scandale fait justement scandale ! L'affaire des écoutes téléphoniques illégales ébranle chaque jour en plus le groupe News Corp., propriété du magnat Rupert Murdoch, mais aussi les institutions britanniques. Après avoir fait tomber le chef de Scotland Yard, Paul Stephenson, l'affaire pourrait rattraper le Premier ministre David Cameron. Tour d'horizon des personnalités impliquées, de près ou de loin, dans cette polémique.
Rupert Murdoch : Grand magnat de la presse anglo-saxonne, le propriétaire du tabloïd News of the World aurait adopté une position ferme envers les journalistes ayant recours aux écoutes téléphoniques. Il s'est "excusé sans réserve" en avril pour ces "comportements passés", se disant prêt à indemniser des victimes. Le week-end de 16-17 juillet, une note intitulée "Nous sommes désolés" et signée par Rupert Murdoch a été publiée dans toute la presse britannique.
James Murdoch : PDG de News Corp. et directeur exécutif adjoint, James Murdoch est, à 38 ans, le numéro trois du groupe. Avant que le scandale des écoutes téléphoniques ne vienne ébranler News Corp., ce dernier était considéré comme le futur héritier de l'empire médiatique de son père. Aujourd'hui, James Murdoch risque d'être arrêté par la police britannique et pourrait être incarcéré dans le cadre de ce scandale éclaboussant l’ensemble du groupe appartenant à son père. Le fils cadet de Rupert Murdoch a notamment admis publiquement avoir autorisé le titre News of the World à verser des sommes importantes d’argent à des victimes d’écoutes illégales pour tenter d’étouffer l'affaire. Il doit s'expliquer le mardi 19 juillet devant une commission d'enquête parlementaire.
Rebekah Brooks : Rédactrice en chef de l’hebdomadaire News of the World de 2000 à 2003, elle a dirigé à partir de 2009 la branche britannique de News Corp. jusqu'au 15 juillet, où elle a dû démissionner. Protégée de Rupert Murdoch qui l'appelait "sa cinquième fille", cette personnalité à la flamboyante chevelure rousse a été qualifiée de femme la plus puissante des médias britanniques. Son cercle d'amis et d'associés compte de nombreux dirigeants politiques - dont, ce qui suscite la controverse, le Premier ministre David Cameron. Elle a été arrêtée le 17 juillet et interrogée pendant 12 heures par la police dans le cadre du scandale des écoutes avant d'être libérée sous caution. Elle doit s'expliquer le 19 juillet devant une commission d'enquête parlementaire.
David Cameron : Le Premier ministre britannique a demandé le 6 juillet l’ouverture d’une enquête publique sur les délits commis par News of the World. Il a à cette occasion fait part de son "écœurement" à l'idée que "des victimes [...] aient pu avoir leurs téléphones placés sur écoute pour qu'un journal puisse faire de la copie". Le rôle de David Cameron est toutefois ambigu : il est notamment mis en cause dans cette affaire pour avoir embauché, comme directeur de la communication, un ancien rédacteur en chef du tabloïd dominical, Andy Coulson. Il a justifié cette décision en affirmant avoir voulu lui donner une "seconde chance". Le chef du gouvernement a dû écourter un voyage en Afrique pour venir s'expliquer le 20 juillet devant la Chambre des Communes.
Andy Coulson : C'est l’ancien directeur de la communication de David Cameron. Il est soupçonné d'avoir cautionné ce vaste système d'écoutes téléphoniques de personnalités lorsqu'il dirigeait le tabloïd News of the World, de 2003 à 2007. Il clame son innocence. Devenu gênant pour le gouvernement britannique, il a annoncé sa démission le 21 janvier 2011.
Milly Dowler : Cette jeune fille de 13 ans a disparu près de chez elle à Surrey, le 21 mars 2002. Alors que l'histoire de la disparition de Milly Dowler faisait les gros titres au Royaume-Uni, des journalistes de News of the World ont piraté la messagerie de son téléphone pour écouter ses messages avant d'en effacer quelques uns, suscitant de faux espoirs sur le fait qu'elle puisse être en vie. La police craint également que des éléments capitaux pour l'enquête aient été détruits lors de ces écoutes. Le corps de Milly Dowler a été découvert en septembre 2002. Le tueur en série Levi Bellfield a été condamné à la perpétuité le mois dernier pour son meurtre. Rupert Murdoch a depuis présenté personnellement ses excuses à la famille.
Glenn Mulcaire : C'est le personnage clé de tous ces scandales. Détective privé qui aurait été engagé à plusieurs reprises par le tabloïd britannique, il est condamné à 6 mois de prison en janvier 2007 pour avoir piraté les portables de nombreuses personnalités du showbiz, hommes politiques et stars de cinéma. Il est aujourd'hui mis en cause dans l'affaire Milly Dowler.
Paul Stephenson : Le plus haut policier britannique, chef de Scotland Yard, a démissionné de son poste le 17 juillet "en raison des spéculations et des accusations sur les liens entre la Metropolitan Police et News International". Il assure cependant qu'il ne savait pas que Neil Wallis, un ancien rédacteur en chef de News of the World embauché comme consultant par la police londonienne entre 2009 et 2010, était l’un des suspects dans l'affaire des écoutes illégales. "Mon intégrité est totale", a-t-il déclaré.
Neil Wallis : Ancien rédacteur en chef adjoint de News of the World entre 2003 et 2007, il a été employé pendant un an comme conseiller par la Metropolitan Police entre 2009 et 2010. Il a été arrêté le 14 juillet pour "conspiration en vue d'intercepter des communications" au sein du quotidien. Cette année, l'ancien chef de la police londonienne, Paul Stephenson, aurait passé gratuitement cinq semaines de convalescence dans le luxueux Hôtel de Champney, où Neil Wallis travaillait également comme consultant.
Sean Hoare : Cet ancien journaliste est à l’origine du scandale. Celui qui a travaillé au sein de la rédaction de News of the World a affirmé au quotidien américain The New York Times et à la BBC qu'Andy Coulson était au courant des écoutes illégales et qu'il les avait encouragées. Il a été retrouvé mort à son domicile le 18 juillet. La police a pour l'instant indiqué que les raisons de son décès étaient inexpliquées, mais n'avaient aucun caractère suspect. Selon le quotidien britannique The Guardian, Sean Hoare avait des problèmes d'addiction à l'alcool et à la drogue.
Clive Goodman : Impliqué dans un scandale d'écoutes téléphoniques de membres de la famille royale, cet ancien responsable du journal, chargé de la couverture des activités de la famille royale, est condamné à 4 mois de prison en janvier 2007 pour piratage téléphonique.
Sienna Miller : L'actrice britannique a reçu des excuses publiques de News of the World après que le tabloïd a avoué lui avoir piraté son téléphone. Le journal a été condamné, en juin 2011, à lui verser 110 000 euros (165 000 dollars).
Jude Law : L'acteur britannique, ex-compagnon de Sienna Miller, aurait lui aussi découvert que le tabloïd avait engagé un détective privé qui a eu accès à son téléphone portable et à sa messagerie vocale. L’acteur a décidé de poursuivre en justice les indélicats.
La duchesse de Cambridge, Kate Middleton, l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair, le joueur de football de Chelsea Ashley Cole, les artistes Eric Clapton, Mick Jagger ou encore George Michael sont autant de noms qui s’ajoutent à la longue liste des victimes du tabloïd.