
Une semaine après avoir quitté leur campement de la Puerta del Sol à Madrid, les "indignés" ont repris le chemin de la rue, ce dimanche. Des dizaines de milliers de protestataires ont convergé à la mi-journée vers le Parlement.
AFP - Contre la crise et le chômage, des dizaines de milliers d'Espagnols de tous âges et tous horizons ont envahi dimanche les rues de Madrid, aux cris de "cette crise nous ne la paierons pas", un mois après la naissance du mouvement des "indignés" qui s'est propagé à tout le pays.
La foule, arrivée en six cortèges de tous les quartiers de Madrid, s'est rassemblée près du parlement, dans le centre, face à une rangée de barrières bleues et à une douzaine de fourgons de police barrant la rue.
"Contre le chômage. Organise-toi et lutte. Marchons ensemble contre le chômage et le capital", proclamait une grande pancarte ouvrant la marche de la "colonne sud-ouest", partie le matin de Leganes, une ville-dortoir à une quinzaine de kilomètres au sud de Madrid. "Nous ne sommes pas des marchandises aux mains des politiciens et des banquiers", affirmait une autre banderole en lettres rouges.
Les cibles: le pacte de stabilité de la zone euro et ses impératifs de rigueur budgétaire, les hommes politiques accusés de corruption et de ne pas entendre la voix des citoyens, le chômage qui frappe 21,29% de la population active en Espagne, presque la moitié des moins de 25 ans.
"Nous devons préparer une grève générale. Nous allons paralyser ce pays", lançait un orateur au micro. "Les banques et les gouvernements qui ont provoqué cette situation doivent savoir que nous ne sommes pas d'accord avec les mesures et les coupes budgétaires, que nous avons l'intention de nous faire entendre, et que nous le ferons", assurait la plate-forme appelant à manifester dans toute l'Espagne.
Dans le cortège qui descendait la grande avenue de la Castellana, traversant Madrid du nord au sud, des manifestants de tous âges, familles avec poussettes, jeunes, chômeurs et retraités, venaient témoigner d'une même lassitude face à la crise qui étrangle la société espagnole. Et de l'espoir que cette fronde soudaine, qui a surpris le pays il y a un mois, sera entendue de la classe politique.
Cinq semaines après l'apparition du mouvement, la mobilisation ne semblait pas faiblir puisque la foule était estimée à plusieurs dizaines de milliers de personnes. Le quotidien El Mundo, citant la police, avançait le chiffre de 35.000 à 40.000 manifestants.
"Ils appellent cela démocratie, mais ce ne l'est pas", "cette crise nous ne la paierons pas", hurlait la foule rassemblée dans le calme près du parlement, alors que des dizaines de cars de police étaient stationnés dans les rues voisines.
"Nous n'en pouvons plus. Tous les politiciens se renvoient la balle, mais ils ne font rien", remarquait une chômeuse de 36 ans, Yolanda Garcia, qui survit comme des millions d'Esapgnols grâce à quelques petits boulots au noir.
"Je pense que ce mouvement peut changer les choses s'il continue de cette façon, et s'il a le soutien des gens d'en bas", assurait-elle.
Dimanche dernier, les "indignés" avaient démantelé leur campement de la Puerta del Sol à Madrid, symbole de cette vague de contestation. Profitant d'un large soutien populaire, ils veulent maintenant consolider leur mouvement via des assemblées de quartier et d'autres manifestations ponctuelles. "Nous devrions prendre la rue vraiment", affirmait Braulio Lopez, un employé du métro de 45 ans.
"Il faut leur dire que nous en avons assez, aux hommes politiques, aux grands chefs d'entreprise qui les contrôlent. Ce mouvement va changer les choses. Je viendrai à chaque fois qu'il se passera quelque chose".
"Je pense qu'ils finiront par nous entendre et que quelque chose sortira de tout cela", lançait Gloria Fernandez, une enseignante de 50 ans.
D'autres manifestations étaient prévues en fin de journée, notamment à Barcelone et Valence, ainsi que dans plusieurs villes étrangères, dont Paris où près de 450 "indignés" se sont rassemblés.