
Pour la première fois depuis le début des manifestations, le président égyptien a pris la parole, vendredi soir, pour annoncer le limogeage du gouvernement. Retour sur une journée chaotique qui a fait au moins 20 morts.
À l'occasion d’une courte allocution retransmise dans la nuit de vendredi à samedi par la télévision nationale égyptienne, le président Hosni Moubarak a annoncé le limogeage du gouvernement d'Ahmed Nazif et annoncé la formation d'un nouveau cabinet pour samedi.
Alors que la journée a été chaotique pour le pouvoir, le chef de l'État a aussi lâché du lest en promettant "de nouvelles mesures" pour la démocratie, sans donner plus de détails. Hosni Moubarak a enfin réaffirmé sa détermination à assurer la stabilité du pays, soulignant que la frontière entre la démocratie et le chaos était mince et que les difficultés ne devaient pas se régler par la violence.
Journée meurtrière dans les rues égyptiennes
Les déclarations du président égyptien interviennent au terme d’une journée de manifestations - violemment réprimées - sans précédent dans le pays. Le dernier bilan fait état d’au moins vingt morts dans les différentes villes d'Égypte, ce vendredi. Cinq personnes ont été tuées et des centaines d'autres blessées au Caire ; à Suez, les accrochages avec la police ont fait 13 morts et 75 blessés, alors qu’Alexandrie déplore six morts et Mansoura deux.
"Les rues sont livrées aux manifestants (…). C’est toute la société civile qui manifeste, ici, au Caire", rapporte Karim Hakiki, l'un des envoyés spéciaux de FRANCE 24 dans la capitale égyptienne. Vendredi, au quatrième jour des manifestations, des centaines de milliers de personnes étaient dans les rues. Les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes, de canons à eau et de balles en caoutchouc pour tenter de disperser les contestataires.
Les manifestants ont mis le feu au siège du Parti national démocratique (PND, au pouvoir). Plus tôt dans la journée, deux commissariats de la capitale avaient été incendiés. Dans la soirée, manifestants et forces de l’ordre continuaient à s’affronter dans les principales artères du Caire transformées en champ de bataille, malgré l’instauration du couvre-feu en fin de journée. Jeunes ou moins jeunes, les manifestants réclament le départ du président Hosni Moubarak.
L’armée dans les rues du Caire
Le pouvoir a fait appel à l’armée pour soutenir les forces de police, débordées par les contestataires. Ygal Saadoun, lui aussi envoyé spécial de FRANCE 24 au Caire, confirme "avoir vu passer des unités de l'armée égyptienne à quelques encablures de la place Tahrir, où avait commencé le mouvement". "Nous avons vu des véhicules blindés de l'armée entrer dans Le Caire", a-t-il ajouté.
Le couvre-feu a été décrété dans trois grandes villes d’Égypte : Le Caire, Alexandrie et Suez.
L’opposant Mohamed El-Baradei, ancien patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a participé aux manifestations. Il s’est dit prêt à assurer la transition politique en cas de départ d’Hosni Moubarak. Depuis jeudi, celui-ci a interdiction de quitter Le Caire. Certaines sources rapportent qu’il serait en résidence surveillée.
Les connexions Internet et téléphoniques étaient toujours coupées, vendredi soir, alors que la communauté internationale, notamment l’Union européenne et les États-Unis, ont appelé Le Caire à faire preuve de "retenue" et à respecter les droits des Égyptiens.
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