En réponse à Laurent Gbagbo qui a demandé le retrait des 900 soldats français présents sur le territoire ivorien, la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, a fait valoir que les forces françaises ne s'interposeraient pas.
AFP - La France demande au président sortant de la Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo, de retenir ses troupes, a déclaré dimanche la ministre française des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie.
"S'il ne veut pas avoir des morts sur la conscience, il faut qu'il retienne ses troupes", a souligné la ministre, invitée de l'émission Internationales (TV5Monde, RFI et Le Monde).
"M. Gbagbo n'a plus aujourd'hui les moyens de discuter avec l'extérieur" et, a-t-elle aussi souligné, "il lui revient dans les heures qui viennent de faire un choix: est-ce qu'il va être quelqu'un qui restera dans l'Histoire comme un démocrate (...) ou est-ce quelqu'un qui va laisser l'image de celui qui aura fait tirer sur des Ivoiriens?"
"Ce que je crains beaucoup, c'est qu'il n'y ait un enchaînement de la violence", a-t-elle ajouté. Si Laurent Gbagbo veut "sortir avec une belle image de ses dix ans de pouvoir, il faut absolument qu'aujourd'hui il arrête, reconnaisse sa défaite et la victoire de (Alassane) Ouattara".
Le président sortant "n'a plus aucune compétence et aucun pouvoir", a-t-elle poursuivi, jugeant que sa demande d'un départ de la force de l'Onu et des troupes françaises qui la soutiennent n'avait "aucun sens". "Ni pour l'Onuci (Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire), ni pour la France".
"Il a contre lui la totalité de la communauté internationale (...), il n'y a jamais eu une telle unanimité et c'est un progrès considérable", a-t-elle estimé.
Interrogée sur le rôle des 900 militaires français déployés en Côte d'Ivoire, la ministre a fait valoir qu'ils n'étaient pas dans ce pays "pour s'interposer entre les Ivoiriens". "C'est à la force internationale d'agir" le cas échéant, a-t-elle ajouté. "Ce n'est pas à eux (les Français) de s'interposer et ils ne feront pas", a-t-elle insisté.
Si les troupes françaises "étaient directement attaquées, vous avez des règles internationales (...) il y a un droit à la légitime défense quand on est attaqué, c'est valable pour toutes les armées du monde et pour tous les militaires du monde. Mais il n'est pas question de prendre une initiative en la matière", a assuré Michèle Alliot-Marie.
Ex-puissance coloniale, la France compte quelque 15.000 ressortissants aujourd'hui en Côte d'Ivoire. Jusqu'à présent, ils n'ont pas été menacés, a noté la ministre.
Le duel entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara depuis la présidentielle du 28 novembre s'est traduit jeudi par des violences ayant fait depuis trois jours plus de 50 morts et plus de 200 blessés, selon la Haut commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Navi Pillay.