La télévision d'État égyptienne a annoncé, mardi soir, la victoire du PND, au pouvoir, aux élections législatives qui se sont tenues dimanche. Les Frères musulmans n'auraient obtenu aucun siège.
AFP - Les Frères musulmans n'ont remporté aucun siège lors du premier tour des législatives qui se sont tenues dimanche en Egypte, tandis que le Parti national démocrate (PND, au pouvoir) arrivait largement en tête avec 150 sièges, a annoncé mardi soir la télévision d'Etat.
"L'organisation illégale (les Frères musulmans, ndlr), qui avait remporté 88 sièges lors des élections de 2005, n'a pas remporté le moindre siège", a indiqué une présentatrice de la télévision.
La confrérie islamiste avait annoncé qu'elle s'attendait à n'avoir aucun élu dès le premier tour et n'espérait avoir qu'une vingtaine de candidats présents pour le second le 5 décembre.
Le PND du président Hosni Moubarak a quant à lui remporté plus de 150 sièges sur 508 en lice dès de ce premier tour, a ajouté la télévision, dans une première annonce officielle des résultats.
Le scrutin a été marqué par des violences et des accusations de fraude. La Maison Blanche s'est dite "déçue" par le déroulement de ces élections, en qualifiant d'"inquiétantes" les informations sur les fraudes constatées.
La haute commission électorale a tenu à défendre le processus électoral mardi soir.
"La commission refuse catégoriquement les allégations de certains que les fraudes ont été le caractère dominant" du scrutin, a affirmé à la presse le porte-parole de la commission, Sameh el-Kachef.
"Bien que la commission regrette que ces irrégularités aient eu lieu, elle est satisfaite du fait que les irrégularités n'ont pas influé sur la transparence du premier tour des élections", a-t-il poursuivi.
Il a également indiqué que seules 1.053 urnes sur 89.588 avaient été invalidées en raison d'irrégularités, en précisant que le taux de participation avait été de 35% avec plus de 14 millions d'électeurs.
L'opposition laïque, elle, n'aurait remporté lors de ce premier tour que six sièges en tout, dont trois pour le parti libéral Wafd, selon la presse.
Dans un communiqué, le parti libéral Wafd a estimé que le gouvernement n'avait pas respecté "la promesse présidentielle de garantir la transparence des élections".
Les Frères musulmans ont eux mis leur défaite sur le compte d'élections "truquées", précédées par des centaines d'arrestations dans leurs rangs au cours de la campagne.
Mardi, la confrérie a fait savoir qu'elle réfléchissait à un possible retrait. "Nous sommes en train d'étudier si nous continuons ou pas" à participer au processus électoral, a déclaré Mohammed Mursi, un responsable islamiste.
Au moins trois personnes ont été tuées par balle lors de heurts entre partisans de candidats rivaux, selon le ministère de l'Intérieur.
De son côté, Amnesty International a appelé l'Egypte à enquêter sur la mort, annoncée par des médias et des observateurs égyptiens, de huit personnes lors des violences.
Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, Michael Hammer, a déclaré que "les informations sur des irrégularités dans les bureaux de vote, l'absence d'observateurs étrangers, des embûches imposées aux observateurs locaux, et des restrictions aux libertés d'association, d'expression et de la presse sont inquiétantes".
Le pouvoir égyptien ne cache pas depuis des mois sa volonté d'affaiblir la représentation parlementaire islamiste avant l'élection présidentielle de 2011, pour laquelle M. Moubarak, 82 ans, n'a pas encore dit ses intentions, même si son entourage assure qu'il briguera un nouveau mandat.