Depuis l’annonce de la victoire du candidat du RPG à la présidentielle lundi, la Guinée est le théâtre de violences sporadiques à caractère politico-ethnique. Les partisans de Cellou Dalein Diallo, son adversaire, contestent les résultats du scrutin.
Depuis la proclamation des résultats provisoires du second tour de l’élection présidentielle guinéenne lundi soir, le pays est le théâtre de violences sporadiques. Les partisans de Cellou Dalein Diallo, le candidat - battu - de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), contestent la victoire d’Alpha Condé, le leader du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), qui a remporté 52,52 % des suffrages exprimés, selon la Commission électorale nationale indépendante (Céni).
Selon la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme (Raddho), le bilan des violences s’élève à une dizaine de morts et 215 blessés. Une situation qui a conduit, mercredi, le président de la transition guinéenne, le général Sékouba Konaté, à décréter l’état d’urgence sur tout le territoire guinéen et à instaurer un couvre-feu nocturne. Ces mesures resteront en vigueur jusqu’à la publication des résultats définitifs du scrutin par la Cour suprême, qui ne devrait pas intervenir avant le 30 novembre au plus tôt.
Interviewé par Pauline Simonet, l’envoyée spéciale de FRANCE 24 à Conakry, le vainqueur du scrutin, Alpha Condé, a tendu la main à son rival : "Nous devons nous asseoir et discuter pour voir ensemble comment nous allons gérer ce pays".
Cet appel à l’apaisement intervient alors que Cellou Dalein Diallo, qui ne reconnaît pas sa défaite, a déposé un recours devant la Cour suprême contestant l’issue du scrutin. Au micro de FRANCE 24, Alpha Condé réaffirme, de son côté, qu’il entend "lui tendre la main" et évoque la possibilité de mettre en place un "programme commun" pour "sortir la Guinée de la misère".
Réconciliation nationale
Même s’il refuse de parler ouvertement de rupture entre les communautés peule et malinké dont lui et son adversaire sont respectivement issus, Alpha Condé sait que son premier défi consistera à convaincre les partisans de Cellou Dalein Diallo de sa légitimité. "Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est de parler de la réconciliation nationale, d’appeler la Guinée à se donner la main afin que nous unissions nos forces", explique-t-il. Celui-ci rejette par ailleurs l’idée d’un antagonisme entre les deux principales ethnies du pays.
itSelon le patron du RPG, la variable communautaire du scrutin est une pure invention. "Je ne sais pas pourquoi vous voulez ramener l’élection [à une opposition entre les] Malinkés et [les] Peuls. Il faut cesser de vouloir diaboliser la Guinée en opposant ces deux communautés […]. C’est extrêmement grave !", affirme celui-ci, rappelant que son mouvement "recouvre toutes les ethnies de la Guinée".
Si sa victoire est avalisée par la Cour suprême, Alpha Condé la devra en grande partie au ralliement des communautés soussou et forestière. Mais les Peuls risquent, eux, d’être plus difficiles à convaincre.