Les dix-neuf chefs d’État et la délégation de l'UE présents à Séoul pour la réunion du G20 n’ont pas tous la même influence. Si la France préside la réunion, l'attention devrait néanmoins être tournée vers les États-Unis et la Chine.
La Chine. Pékin sera sans doute la grande star de ces journées du G20 et ce d’autant plus que Barack Obama est sorti affaibli des élections américaines de mi-mandat. Hu Jintao a d’ores et déjà choisi quel costume il revêtira : celui de champion des pays émergents. Le président chinois a réclamé dans un entretien, mercredi, au quotidien coréen Chosunilbo une réforme des organisations financières internationales afin de donner plus de poids aux pays en développement. L’homme fort du régime chinois a également déploré que les fruits de la reprise "ne soient pas bien repartis dans le monde" et a appelé à faire tomber "toutes les barrières du protectionnisme". Une posture qui, espère Pékin, devrait lui permettre d’avoir de solides appuis face aux critiques attendues sur sa politique monétaire de soutien au yuan.
Les États-Unis. La Chine aurait dû être le grand accusé, ce seront probablement les États-Unis. La délégation américaine devrait continuer à être sous le feu des critiques après la décision, la semaine dernière, de la Réserve fédérale d’injecter 600 milliards de dollars dans l’économie américaine . Une initiative qui lui vaut d’être accusée de déstabiliser le commerce international en jouant sur la valeur de sa monnaie. Exactement ce qu’on reprochait encore récemment à Pékin… Le président américain, Barack Obama, a tenté de déplacer le débat sur le terrain de la reprise dans une lettre envoyée avant son arrivée à Séoul. Il y explique que "l’objectif de croissance que nous poursuivons est le plus grand apport que les États-Unis peuvent faire au monde et un dollar fort y contribue".
Le Brésil. Le symbole "Lula" encore une fois. L’homme qui a incarné le "miracle économique" brésilien pendant huit ans accompagnera la nouvelle présidente élue Dilma Rousseff à Séoul. "Je vais au G20 pour me battre. Ils vont devoir affronter Lula et Dilma", a-t-il affirmé il y a quelques jours. La principale puissance d’Amérique du Sud compte bien incarner, tout comme la Chine, la voix des pays émergents. À elle seule. Et la Chine ? Elle serait, d’après Lula, "dans une guerre des monnaies avec les États-Unis" et ne s’intéresserait qu’à son sort. Ambiance.
La Russie. Moscou a choisi son camp. Ce sera Pékin contre les États-Unis. En cause, encore et toujours, le fameux plan d’aide à l’économie américaine de la FED. Moscou a déploré ce week-end la décision de la Réserve fédérale et estimé que les États-Unis auraient "dû en informer au préalable le G20". Le choix de la Russie correspond également à un agenda régional et diplomatique. Le président russe Dmitri Medvedev a ainsi plaidé mercredi pour une relance du dialogue entre les deux Corées et a appelé les entreprises de la région asiatique à investir en Russie, entrant ainsi en concurrence directe avec le Japon. Avoir dans ce contexte la Chine de son côté peut se révéler être un atout de taille.
L’Allemagne. En tant que deuxième exportateur mondial et principale économie européenne, l’Allemagne aura forcément une voix qui compte lors de ce sommet du G20. Mais pour dire quoi ? Dans un entretien accordé mardi au quotidien Die Welt, la chancelière Angela Merkel s’est refusée à prendre position dans la guerre des changes. Ses principales préoccupations sont d’ordre financières : renforcement du secteur bancaire, contrôle des déficits et éviter que la guerre des monnaies vampirise tout le reste.