
L’exposition Basquiat au musée d’Art moderne de la Ville de Paris est la première rétrospective consacrée à cet Afro-Américain qui a fait fureur dans le New York des années 1980. Parcours d'un personnage charismatique et surdoué, en 10 dates.
22 décembre 1960 : Jean-Michel Basquiat naît à Brooklyn à New York, d’un père haïtien et d’une mère d’origine portoricaine. Très tôt attiré par le dessin, il visite régulièrement, avec sa mère, les grands musées new-yorkais. À l’âge de 14 ans, il part vivre à Porto Rico avec son père.
1977 : SAMO©, "Same Old Shit". "Toujours la même merde". Ou : "Toujours la même came". C’est ainsi que Jean-Michel Basquiat commence à signer ses graffitis, avec cette ironie et ce décalage qui vont caractériser son œuvre. Le peintre fait aussi très tôt état de sa dépendance à la drogue, dont il va mourir à l’âge de 27 ans. Les graffitis sont réalisés avec Al Diaz, un copain du lycée "City-As-School", un établissement d’enseignement alternatif.
Juin 1978 : Il quitte le foyer familial et vit de la vente de cartes postales et de tee-shirts peints à la main. Basquiat, avec sa belle gueule et son goût pour la provocation, se fait remarquer au Mudd Club, lieu de Manhattan à la fois chic et underground, fréquenté par des stars émergentes de la contre-culture new-yorkaise - le peintre et graffiteur Keith Haring, le chanteur et performeur Klaus Nomi – et aussi par des artistes établis, tels David Bowie et Andy Warhol.
11 décembre 1978 : The Village Voice consacre un article aux textes signés SAMO©. La notoriété de Basquiat est faite.
1979 : Il passe du graffiti à la peinture, et figure des voitures, des avions, des têtes et des silhouettes humaines. L’artiste et cinéaste Diego Cortez devient son marchand et l’introduit sur la scène de l’East Village. En parallèle, il se lance dans la musique et fonde "Gray", un groupe de musique bruitiste dans lequel il joue de la clarinette et du synthétiseur.
1980 : Son personnage à la ville devient personnage à l’écran. Il fait l’objet d’un film semi-documentaire "Downtown 81", écrit par Glenn O’Brien et réalisé par Edo Bertoglio. Le long-métrage n’est projeté sur les écrans que deux décennies plus tard – notamment au festival de Cannes en 2000.
1982-83 : Après avoir peint sur tout ce qui lui tombe sous la main - réfrigérateurs, murs, fenêtres et portes mises au rebut, cartons, vieilles planches - Basquiat commence à prendre un support plus classique - la toile. Il est le plus jeune artiste, et aussi le premier Noir, à exposer à la Biennale du Whitney Museum of American Art à New York. Entre temps, il garde un pied dans la musique, produit un disque de rap et passe des nuits comme DJ dans divers clubs de Manhattan.
1985 : Son portrait, pieds nus et costume chic, est à la une du New York Times Magazine. Les figures mythiques – et noires - du jazz et de la boxe le fascinent : Jack Johnson, Cassius Clay et Miles Davis. Il peint sur une plaque de bois ronde comme un disque "Now’s the Time", un hommage au saxophoniste de jazz Charlie Parker qui, comme lui, fut une comète dans l’histoire de l’art afro-américain. Au sommet de sa renommée, il cosigne seize œuvres avec son mentor, Andy Warhol, dans la Tony Shafrazi Gallery à New York.
1988 : Alors qu’il est au firmament de la reconnaissance artistique, et que ses œuvres sont exposées à plusieurs occasions à Paris, Jean-Michel Basquiat est hanté par la mort. Le décès d’Andy Warhol l’année précédente l’a profondément marqué. Il peint "Eroica I" et "II", deux tableaux en référence à la Symphonie n°3 "Eroica" de Beethoven, où figurent des insignes macabres : la mention "Man dies" est reproduite à l'infini, ainsi que la patte d’un corbeau. Basquiat rend son dernier souffle le 12 août, victime d’une overdose dans son loft new-yorkais de Great Jones Street.