En réaction à l'exclusion d'Anelka, les Bleus on refusé de s'entraîner. Par ailleurs, un vif échange a opposé Patrice Evra et le préparateur physique Robert Duverne. "Écœuré", Jean-Louis Valentin, directeur délégué de la FFF, veut démissioner.
REUTERS - L’équipe de France s’est enfoncée un peu plus dimanche dans une crise sans précédent avec la révolte des joueurs contre la Fédération française de football à deux jours d’un match décisif pour leur avenir à la Coupe du monde.
itA la surprise de tout leur encadrement et de Jean-Pierre Escalettes, le président de la FFF présent à leur côté, les Bleus ont refusé de s’entraîner lors d’une séance qui était pourtant ouverte au public. Sous les yeux de spectateurs médusés, Robert Duverne, le préparateur physique, a failli en venir aux mains avec Patrice Evra, le capitaine.
Après plus d’une demi-heure de palabres, Raymond Domenech s’est présenté hagard devant des journalistes abasourdis pour lire un communiqué des joueurs. Par ce texte, ils disent protester à l’unanimité contre l’exclusion de Nicolas Anelka de l’équipe de France la veille en raison d’insultes proférées contre le sélectionneur.
La FFF a dénoncé un « mouvement inacceptable » et Jean-Pierre Escalettes a présenté ses excuses pour le « comportement inadmissible » des joueurs.
Effondré par cette révolte, Jean-Louis Valentin, directeur de l’équipe de France, a annoncé sa démission immédiate, des sanglots de rage dans la voix.
Visite impromptue de Ribery à Téléfoot
« Par ce communiqué, tous les joueurs de l’équipe de France sans exception souhaitent affirmer leur opposition à la décision de la Fédération française de football d’exclure Nicolas Anelka », disent les joueurs dans leur communiqué.
« A la demande du groupe, le joueur mis en cause a engagé une tentative de dialogue mais sa démarche a été volontairement ignorée. De son côté, la Fédération française de football n’a tenté à aucun moment de protéger le joueur et a pris une décision sans consulter les joueurs et uniquement sur la base des faits rapportés dans la presse », ajoutent-ils.
La FFF a démenti cette version et assuré que la sanction contre Nicolas Anelka « a été prise à l’issue d’un long entretien avec l’intéressé, en présence du capitaine ».
L’attaquant a été exclu pour avoir insulté Raymond Domenech jeudi à la mi-temps de la défaite 2-0 contre le Mexique, qui laisse peu d’espoirs aux Bleus de se qualifier pour les huitièmes de finale du Mondial avant leur dernier match dans le groupe A, mardi, contre l’Afrique du Sud.
Dimanche matin, Franck Ribéry avait bien effectué une visite impromptue sur le plateau de Téléfoot pour dire en direct sa souffrance face à la situation des Bleus.
Malgré la tension ambiante au lendemain de l’exclusion de Nicolas Anelka et les déclarations d’Evra dénonçant la présence d’un « traître » en équipe de France, tout semblait pourtant normal dimanche après-midi lorsque les joueurs sont arrivés sous un soleil déclinant pour une séance d’entraînement en public sur le Field of Dreams, le « terrain des rêves ».
Domenech s’interpose entre Duverne et Evra
Chaussés de baskets, ils ont traversé la pelouse pour aller saluer les 200 spectateurs massés sur un talus. Patrice Evra, lui, est resté en retrait pour parler avec Raymond Domenech.
Le sélectionneur et son encadrement ont alors appris la fronde des joueurs.
Robert Duverne a tout de même installé des plots comme si l’entraînement allait avoir lieu puis il s’est dirigé furieux vers Patrice Evra, toujours en discussion avec Raymond Domenech. Pointant du doigt le capitaine, le préparateur physique parlait avec véhémence et il a fallu que le sélectionneur s’interpose entre les deux hommes.
Robert Duverne s’est finalement éloigné pour repartir vers le bus tout en jetant son chronomètre par terre.
Evra a alors rejoint les autres joueurs redescendus du talus. Au passage, il a tendu une feuille de papier à François Manardo, l’attaché de presse des Bleus.
Les joueurs ont traversé le terrain en marchant pour remonter dans le bus, au grand étonnement de tous, tandis que l’encadrement est resté au bord du terrain, à attendre sans savoir que faire.
Jean-Louis Valentin a alors surgi et s’est éloigné à grandes enjambées. Pressé de questions par des journalistes accourus immédiatement, ce technocrate, tel qu’il se définit lui-même, a laissé éclater sa colère.
« Ce qui se passe cet après-midi est un scandale. Ils ne veulent pas s’entraîner. Je suis écoeuré et dégoûté », a-t-il lâché en annonçant sa démission sur le champ.
Quelques mètres derrière lui, des négociations se sont engagées entre des joueurs réfugiés dans leur bus et des responsables, comme Raymond Domenech ou Jean-Pierre Escalettes, effectuant des allers-retours entre l’intérieur et l’extérieur du véhicule.
Après plus d’une demi-heure de discussions, Raymond Domenech s’est présenté devant la presse pour lire d’un air livide le communiqué des joueurs. Puis le bus de l’équipe de France est reparti, avec toujours sur ses flancs cette inscription: « Tous ensemble vers un nouveau rêve bleu. »