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Portraits des quatre principaux candidats à l'élection présidentielle

Les Colombiens se rendent aux urnes le 30 mai pour élire le successeur d'Alvaro Uribe à la tête du pays. Revue des principaux candidats en lice.

L’élection présidentielle colombienne du 30 mai s'annonce d'ores et déjà comme un duel serré entre l’ancien maire de Bogota Antanas Mockus et Juan Manuel Santos du Parti "U", suivis par la candidate du Parti conservateur, Noemi Sanin et Gustavo Petro, un ex-guérillero.

Antanas Mockus, l’anti-politicien

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Focus : Vers la surprise Mockus?
Portraits des quatre principaux candidats à l'élection présidentielle

Parti : Le Parti vert (centre)

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Slogan : "Avec de l’éducation, tout devient possible"

Biographie : Mathématicien, philosophe et ancien recteur de l’Université publique de Bogota, le professeur Antanas Mockus défraie la chronique en 1993 pour avoir montré son postérieur à un groupe d’étudiants qui daignaient suivre son cours. Quelques années plus tard, il attire une nouvelle fois l'attention des médias en se baladant dans les rues de Bogota, dont il est devenu le maire, en costume de Super Citoyen, cape rouge et collants jaunes, pour promouvoir l’éducation civique. Ce trublion de la politique colombienne a récemment annoncé qu’il souffrait de la maladie de Parkinson. Ce qui, à ses dires, ne l’empêcherait nullement d'exercer la magistrature suprême.

Points forts : Cet homme politique de 58 ans se présente comme un "candidat propre" et s’engage à développer les politiques sociales. Lors de ses deux mandats à la tête de la mairie de Bogota (1995-1997 et 2001-2004), Antanas Mockus a réussi à faire baisser la criminalité et promouvoir le vivre-ensemble (sur des sujets tels que la violence, l'éducation ou la condition féminine). Le candidat centriste bénéficie du soutien des milieux économiques, qui voient dans sa politique des signes propices aux marchés.

Points faibles : Antanas Mockus est souvent accusé d’embrouiller les esprits des électeurs par des propositions confuses. Peu connu en dehors de la capitale, il devra toucher les électeurs ruraux et les conservateurs s’il veut avoir une chance de battre l'autre favori, Juan Manuel Santos.

Ses chances : Le côté "propre" de sa campagne pourrait attirer beaucoup d’électeurs qui cherchent à rompre avec les partis politiques traditionnels. Ses promesses de combattre la corruption et les inégalités sociales ont permis à Mockus de grimper dans les sondages : il est passé de 1 % à 38 % des intentions de vote ces quatre derniers mois.

Sur Facebook : À quatre jours des élections, la page du candidat centriste comptait près de 700 000 fans.

Juan Manuel Santos, le politicien établi

Parti : Le Parti social d’union nationale ("U", libéral-conservateur)

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Slogan : "Pour continuer d’avancer, Santos président"

Biographie : Économiste, journaliste et homme politique, Juan Manuel Santos vient de l’une des familles les plus influentes de Colombie. La dynastie Santos détient ainsi "El Tiempo", le principal quotidien du pays. Ancien ministre de la Défense du président sortant Alvaro Uribe (de 2006 à 2009), il s’est fortement impliqué, avec l’aide des États-Unis, dans la politique de sécurité du pays.

Points forts : Le parti "U" de Juan Manuel Santos est l’une des plus influentes formations politiques du pays. Santos devrait poursuivre sa politique de "tolérance zéro" du président Uribe vis-à-vis de la guérilla des FARC, impopulaires dans le pays, et soutenir les investissements étrangers en Colombie.

Points faibles : Certaines opérations militaires de Santos ont été couronnées de succès, mais elles ont aussi suscité la controverse dans le pays et la région, notamment le bombardement d'un camp des FARC en territoire équatorien en mars 2008. De plus, sa popularité n’a jamais été mise à l’épreuve des urnes.

Ses chances : Les derniers sondages le donnent au coude-à-coude avec le candidat centriste Mockus. Le soutien de son parti et son implantation nationale seront un avantage en cas de deuxième de tour face à l'ancien maire de Bogota, même si des sondages récents donnent lce dernier vainqueur.

Sur Facebook : La page de Santos rassemble plus de 180 000 personnes dans la semaine précédant le vote.

Noemi Sanin, l'obstinée

Parti : Le Parti conservateur (droite)

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Slogan : "Avec Noemi, vous gagnez et la Colombie aussi"

Biographie : Femme d’affaires et politicienne, Noemi Sanin a été ministre de la Communication (1983-1986) et des Affaires étrangères (1991). Elle a également exercé la fonction d'ambassadeur au Venezuela (1990-1991), au Royaume-Uni (1994 puis 2007-2009), et en Espagne (2003-2007).

Points forts : Sanin a déjà été deux fois candidate à une élection présidentielle, c’est une politicienne d’envergure nationale et expérimentée. Son parti a obtenu un bon score lors des élections législatives de mars 2010.

Points faibles : Noemi Sanin n’a pas réussi à différencier sa campagne de celle de ses deux principaux rivaux. Elle se dit l’héritière d’Alvaro Uribe en matière de sécurité et d’économie, tout en promettant d’améliorer les conditions sociales.

Ses chances : Les sondages donnent Sanin en troisième position après Mockus et Santos. Si elle devait être recalée au premier tour, son électorat se tournerait vers Santos, les pro-Uribe votant généralement contre Mockus.

Sur Facebook : La page de la candidate comptait quelque 10 000 fans quelques jours avant le scrutin.

Gustavo Petro, l’ex-guérillero

Parti : Le Pôle démocratique alternatif

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Slogan : "Le changement sûr"

Biographie : À 18 ans, Gustavo Petro rejoint les rangs du M-19, ou Mouvement du 19 avril, une guérilla d’extrême-gauche urbaine et intellectuelle devenue célèbre pour avoir attaqué au char d’assaut le palais de justice de Bogota, en 1985. Comme de nombreux membres du M-19, Petro quitte la lutte armée en 1990 et rejoint les rangs de l’Alliance démocratique puis de divers mouvements de gauche qui se fédèrent dans le Pôle démocratique alternatif en 2005. Diplômé en économie, il siège depuis 2006 au Sénat colombien.

Points forts : Politicien aguerri (deux mandats de député et un de sénateur), Petro a récolté des points dans l’opinion en critiquant à la fois le pouvoir uribiste (accusé de collusion avec les paramilitaires) et la guérilla des Farc (qu’il compare aux Khmers rouges de Pol Pot). Son programme, orienté vers la justice sociale, comprend une réforme agraire plus que nécessaire dans un pays où les deux-tiers des terres sont rassemblées dans 5 % des plus grandes exploitations du pays. Enfin, le mépris dans lequel le tient le président vénézuélien – qui l’a récemment encore traité de "lâche" - est une bonne chose pour Petro, dans un pays où Hugo Chavez est largement détesté.

Points faibles : Le prix du "candidat le plus mal habillé" décerné à Petro par la radio uribiste RCN ne devrait pas peser lourd dans le choix des électeurs. Mais le fait que Gustavo Petro soit issu des rangs de la guérilla est très mal vu par une partie de l’opinion, et le pays ne semble pas prêt à élire un ancien membre d’un mouvement violent. D’autres redoutent que son élection ne fâche la Colombie avec le puissant allié américain. 

Ses chances : Le Pôle démocratique alternatif de Gustavo Petro n’a pas brillé lors des législatives de mars 2010. Sa candidature manque d’une dynamique, entre le renouveau incarné par Mockus et la continuité uribiste prônée par Santos. Il pourrait surtout être victime du vote utile, de nombreux électeurs de gauche choisissant le vert Mockus dès le premier tour pour l’amener à battre le conservateur Santos au second. Par contre, en cas de victoire de Mockus, Petro pourrait rejoindre un gouvernement de coalition vert-centre gauche.

Sur Facebook: Près de 158 000 personnes soutiennent la candidature de Petro.