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Northrop et Airbus ne fourniront pas le Pentagone en avions ravitailleurs

Le groupe américain d'industrie de défense Northrop Grumman et son partenaire européen Airbus ne répondront pas à l'appel d'offres du Pentagone pour la fourniture d'avions ravitailleurs, ce qui devrait laisser l'Américain Boeing seul en lice.

AFP - Le constructeur aéronautique américain Boeing semblait assuré de remporter le méga-contrat des avions ravitailleurs de l'armée de l'air américaine, après le retrait annoncé lundi de son compatriote Northrop Grumman allié à l'Européen Airbus.

Sept ans après avoir remporté ce contrat dans des conditions contestées qui ont conduit à son annulation, Boeing devrait donc être assuré de remporter le méga-contrat de 35 milliards de dollars pour la livraison de 179 avions ravitailleurs.

Northrop Grumman a en effet mis à exécution sa menace plusieurs fois brandie de ne pas répondre à l'appel d'offres du Pentagone, officiellement présenté le mois dernier et qu'il estime biaisé.

"Nous avons pris cette décision au vu de la structure de l'appel d'offres (..) qui privilégie clairement le ravitailleur plus petit de Boeing et ne reconnaît pas comme il le faudrait les avantages d'un ravitailleur plus grand", a expliqué le groupe américain dans un communiqué.

L'Européen EADS, dont l'appareil KC-45, une version modifiée de l'Airbus A330, avait été retenu en 2008 avant que Boeing n'obtienne une nouvelle annulation du contrat, n'a pu que s'incliner devant la décision de son partenaire.

"EADS confirme que l'équipe Northrop Grumman/EADS ne répondra pas à l'appel d'offres pour remplacer les avions ravitailleurs américains, à la suite de l'annonce par son partenaire Northrop Grumman de sa décision de ne pas être candidat", a indiqué la maison-mère d'Airbus.

En outre, Northrop Grumman a indiqué qu'il ne protesterait pas contre les conditions de l'appel d'offres. Les militaires américains "devraient attendre trop longtemps" le résultat d'une procédure d'appel, alors que la flotte actuellement en service a plus d'un demi-siècle, a expliqué le groupe.

"Nous sommes déçus par la décision de Northrop de ne pas soumettre d'offre pour le programme de remplacement des avions ravitailleurs de l'armée de l'air américaine", a déclaré le vice-secrétaire américain à la Défense, William Lynn.

Mais la compétition était "structurée de façon équitable" et Boeing et Northrop "pouvaient être en véritable concurrence", a-t-il assuré.

Boeing avait annoncé la semaine dernière qu'il proposerait au Pentagone une version modifiée de son 767, plus petit que l'A330. Les offres doivent officiellement être déposées auprès du Pentagone d'ici au 10 mai. Une décision est attendue durant l'été.

Le constructeur américain a réaffirmé lundi soir qu'il entendait soumettre une proposition "transparente et compétitive".

Le groupe a assuré que son avion, plus économe que l'Airbus, permettrait aux contribuables américains d'économiser 10 milliards de dollars en coûts de carburant sur 40 ans, notant qu'il est "conçu et construit par des Américains".

Northrop Grumman a souligné pour sa part qu'en 2008, le Pentagone avait conclu un accord pour un prix départ d'usine de 184 millions de dollars par avion pour les 68 premiers ravitailleurs livrés. "Avec la décision d'acheter un appareil bien plus petit et moins performant, le contribuable doit certainement attendre une facture bien inférieure", a ajouté le groupe.

Le sénateur républicain de l'Alabama (sud des Etats-Unis), Richard Shelby, n'a pas caché son amertume: son Etat devait bénéficier de l'installation d'une usine d'assemblage Northrop/Airbus à Mobile, avec 1.500 emplois directs à la clé.

"Cette supposée compétition n'était pas conçue pour déboucher sur le meilleur résultat pour nos hommes et femmes en uniforme, elle était conçue pour déboucher sur le meilleur résultat pour Boeing", s'est-il emporté, regrettant qu'"une fois de plus la politique l'emporte sur les besoins de nos militaires".

Boeing a son siège à Chicago, fief du président démocrate Barack Obama.