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Mobilisation contre Emmanuel Macron à Paris : manifester c'est "tout ce qu’il nous reste"
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Paris samedi contre la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, dénonçant la confiscation du vote de gauche, après la victoire du Nouveau Front Populaire, en juillet, aux législatives. La coalition de gauche n'avait cependant pas atteint la majorité absolue qui lui aurait garanti de pouvoir gouverner.

Une foule dense se masse de la Colonne de Juillet, place de la Bastille, à l’Opéra, envahissant toutes les rues aux alentours. En début d’après-midi, des milliers de sympathisants de gauche ont répondu à l’appel de plusieurs organisations syndicales étudiantes, de la France insoumise (LFI), des Ecologistes ou bien encore du Parti Communiste pour manifester leur mécontentement contre "le coup de force" d’Emmanuel Macron.

Après avoir exclu la candidature de Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front Populaire, pour Matignon le président a nommé cette semaine Le Republicain Michel Barnier au poste de Premier ministre.

"Le nouveau chef de gouvernement est membre d’un parti (Les Républicains) qui s’est fait laminer aux élections. Cette décision est une négation totale des urnes", fulmine Joanne. La jeune historienne de 26 ans n’en est pas à sa première manifestation : "j’étais là pour les gilets jaunes et pour les retraites car je suis opposée à la politique autoritaire d’Emmanuel Macron. Cette décision en est une nouvelle preuve. Avec un chef d’État plus au fait des traditions de la République, on aurait pu croire à un Premier ministre du NFP, qui est arrivé premier aux législatives. Mais au vu de la politique menée depuis sept ans, je ne suis pas surprise" déplore Joanne.

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Défendre l’utilité du vote

Sur les pancartes, des messages similaires fleurissent : "Election volée", "Non au Premier ministre", "Macron démission, Lucie à Matignon".

"Pour moi ce qui se passe aujourd’hui est extrêmement grave car la nomination de Michel Barnier donne raison à ceux qui ne croient plus au vote, à son utilité" poursuit Joanne.

Partageant la même analyse, Etienne, 33 ans, considère qu’il faut combattre le fatalisme. Il arbore une pancarte "Service après vote", une manière de "montrer aux gens que leur vote compte et qu’il faut continuer à se mobiliser pour le faire reconnaitre".

Mobilisation contre Emmanuel Macron à Paris : manifester c'est "tout ce qu’il nous reste"

Un Premier Ministre "dans la main du RN"

Sous un ciel capricieux, la manifestation progresse lentement, le long de la rue du Faubourg Saint-Antoine. Les drapeaux du PCF et de la CGT de la Palestine ou bien encore de la Nouvelle Calédonie flottent au dessus de la foule dans une atmosphère bon enfant.

En marge du cortège, Martine 76 ans, savoure le spectacle. "J’aime ces mélanges, moi aussi je manifeste contre ce qu’il se passe en ce moment à Gaza". Institutrice à la retraite, la septuagénaire est venue avant tout dénoncer "le mépris" du président pour les électeurs de gauche. Fin juillet Emmanuel Macron avait rejeté la candidature de Lucie Castets, estimant que celle ci n’était pas susceptible de rassembler une majorité à l’Assemblée pour passer des réformes.

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"Cette décision ne doit pas être prise par Emmanuel Macron. C’est à l’Assemblée de voter pour censurer ou non le gouvernement" assène-t’elle.

Lors de ses premières déclarations, le nouveau Premier ministre Michel Barnier a promis d’être à l’écoute, souligné la nécessité de plus de justice sociale et indiqué qu’il souhaitait travailler avec tous les bords politiques, y compris la gauche.

"Ce sera la droite et l’extrême-droite" tranche pour sa part Martine. "Michel Barnier est dans la main du RN. Il va gouverner à droite avec un œil sur le Rassemblement national pour qu’il ne se fâche pas trop".

Le RN avait affirmé qu’il n’appellerait pas à une motion de censure immédiate contre Michel Barnier ce qui, selon de nombreux observateurs,  a favorisé sa nomination. Tout en se gardant la possibilité de faire tomber son gouvernement en cas de désaccord.

Unité fragile à gauche

Bien décidés à exprimer leur colère de voir le nouveau Front Populaire, victorieux en juillet, mis aujourd’hui sur la touche, les manifestants entretiennent néanmoins peu d’espoir d’être entendus. "Puisque voter ne sert visiblement plus à rien qu’est ce qui nous reste ? Il nous reste le droit de manifester, nous nous en servons. Je ne vois pas trop ce que nous pouvons faire de plus", explique l’un deux.

"Il n’y a pas vraiment de solution immédiate" reconnait Martine. Mais je me dis que si durant les un ou deux ans à venir, le Nouveau Front populaire parvient à rester soudé et à renforcer son programme en prenant le temps de faire de la pédagogie auprès des gens, alors un chemin est peut être possible".

D’autres se montrent plus pessimistes quant à la perspective d’une union des gauches durable. "Le Parti Socialiste est déjà en train d’imploser car certains n’approuvent pas la ligne NFP" regrette Joanne. "C’est à mon avis pourquoi ils ne sont pas présents ici" conclut la jeune femme.  

Lors de l’université d’été du PS, certains de ses membres avaient critiqué la ligne de son président Olivier Faure, estimant que des "compromis" devaient être trouvés y compris sur le nom du candidat de la gauche pour Matignon. Le Parti Socialiste, qui ne s’est pas joint aux rassemblements du 7 septembre, a prévu de manifester le 1er octobre, lors de la journée de mobilisation syndicale, en faveur de la défense des salaires et des retraites.