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Jeux paralympiques : Frédéric Villeroux, le "Messi du cécifoot" qui guide l’équipe de France
De notre envoyé spécial au stade Tour Eiffel – Considéré comme l’un des meilleurs joueurs de cécifoot du monde, Frédéric Villeroux a mené l’équipe de France vers une finale de rêve à domicile contre l’Argentine. Portrait de l’emblématique numéro 10, dont les partenaires n’hésitent pas à utiliser tous les superlatifs pour le décrire.
Jeux paralympiques : Frédéric Villeroux, le "Messi du cécifoot" qui guide l’équipe de France

Un début de carrière sous les meilleurs auspices... En 1998 la France, ivre de bonheur, est championne du monde de football pour la première fois de son histoire, et c'est cette même année que Frédéric Villeroux débute le cécifoot.

Vingt-six ans plus tard, l’inoxydable joueur français est toujours là. Tout au long des Jeux paralympiques, le capitaine des Bleus a brillé sur le terrain pour emmener l’équipe de France jusqu’à une finale de rêve samedi 7 septembre contre l’Argentine, championne du monde en titre.

"Appelez-le l’extraterrestre", rigole le défenseur Hakim Arezki, après la demi-finale remportée contre la Colombie sur un but du capitaine Villeroux.

Extraterrestre ou magicien ? Sur le terrain, Frédéric Villeroux semble invincible. Capable de retours fulgurants pour couper les attaques adverses comme de percées fantastiques, balle au pied et mains en avant, prêt à renverser les montagnes et les défenseurs adverses. Capable aussi de soulever le public d’un simple geste de la main lorsqu’il sent son équipe en difficultés. Le tout à 41 ans.

"Extraterrestre", "Messi du cécifoot", "meilleur joueur au monde"...

Pour beaucoup, il est "le Messi du cécifoot". Pour ses partenaires, il est simplement "Fred". "Un gars très humble, qui donne tout pour l’équipe", loue Martin Baron. "C’est un capitaine de bateau. Il n’en descendra pas en cours de route."

"C’est le meilleur joueur du monde. Il est complet et polyvalent", résume son coach, Toussaint Akpweh, qui le côtoie depuis de nombreuses années. Et d'énumérer ses nombreuses qualités : "athlétique", "technique", "tactique", "mental", "psychologique"... "Il est au-dessus du lot."

Mais l’entraîneur n'oublie pas d’être exigeant : "Je ne juge pas mes joueurs sur ce qu’ils font, mais sur ce que je sais de leur potentiel. Et Fred a encore une petite marge de progression que j’aimerais voir sur la finale."

Que répond l’intéressé à cette avalanche de louanges ? Il baisse la tête et démontre que son humilité n’est pas une légende : "J’ai peut-être un peu plus d’expérience que certains, mais il faut mettre en lumière tout le monde. Je ne marque pas si on ne me fait pas la passe. Si notre gardien ne fait pas son arrêt, la Colombie mène. Si le défenseur n’est pas là… On est dans un sport collectif, il ne faut jamais oublier", explique le capitaine.

Face à l’Argentine, le plus gros défi de sa carrière

Né à Montpellier en 1983, Frédéric Villeroux est malvoyant depuis l’enfance en raison d’une maladie congénitale. Il pratique pourtant le football à l’adolescence avant de basculer vers le cécifoot après une rencontre avec Toussaint Akpweh. Avec le bandeau noir sur les yeux, il ne tarde pas à se faire remarquer. Lorsque le cécifoot devient sport paralympique à Athènes, il est déjà de l’aventure.

Il est aussi là quand s’écrit la plus belle page de l’histoire française dans la discipline : la médaille d'argent aux Jeux paralympiques de Londres en 2012.  Après un hiatus entre 2013 et 2018, il revient pour guider les Bleus à Tokyo puis pour les Jeux à domicile.

Frédéric Villeroux a beau être considéré comme l’un des meilleurs joueurs du monde, il reste un amateur. En dehors des terrains, il est éducateur sportif pour valides et personnes handicapées à Merignac, près de Bordeaux. "On est une bande de potes amateurs. On travaille tous, on fait des heures pas possibles, on prend sur nos vacances", rappelle-t-il. 

Le numéro 10 se bat pour que le cécifoot intègre les rangs de la Fédération française de football (FFF) pour se professionnaliser. "On parle beaucoup d’inclusion dans ces Jeux paralympiques et je pense que ça passe par l’intégration de chaque sport dans la fédération sportive correspondante", explique-t-il. "Sans pour autant abandonner le travail de la fédération handisport : il faut des cadres qui connaissent le handicap."

Celui qui pense à raccrocher les crampons veut d’abord rapporter à la France le plus beau titre de son histoire, même si l’Argentine, championne du monde en titre, représente un sacré obstacle : "L’Argentine est peut-être plus forte techniquement, mais on a la rage et le public derrière nous. On donnera tout, et s’il faut marquer des fesses ou sur une frappe déviée, on le fera", promet Frédéric Villeroux. "C’est la magie du foot. Il suffit d’avoir la bonne action au bon moment pour être champion. Et la chance, ça se provoque."

Jeux paralympiques : Frédéric Villeroux, le "Messi du cécifoot" qui guide l’équipe de France