Pour leur début dans le tournoi olympique de cécifoot, les Français n'ont pas manqué leur entrée. Ils ont battu, dimanche 1^er septembre, la Chine, référence mondiale de la discipline grâce à un but de Khalifa Youmé en seconde période (1-0).

Trois ans après leur déception de Tokyo – ils ont terminé à la dernière place avec quatre défaites en autant de rencontres – les Bleus, champions d'Europe en titre et médaillé d'argent à Londres en 2012, veulent montrer un autre visage. Au lendemain de cette première victoire, ils vont affronter lundi le Brésil, quintuple champion paralympique en titre. 

La découverte du cécifoot

Pour espérer réaliser un nouvel exploit, l'équipe tricolore peut compter sur Tidiane Diakité, l'un de ses joueurs vedettes. À 41 ans, il participe à ses deuxièmes Jeux paralympiques. Tout comme trois autres membres de la sélection française, il évolue au Bondy Cécifoot Club. Alors que tout le monde sait que la star du ballon rond Kylian Mbappé est originaire de cette ville de Seine-Saint-Denis, le destin et le talent de Tidiane Diakité forcent aussi le respect.

Le champion de cécifoot est né en Mauritanie. Il a perdu la vue à l'âge de trois ans suite à une cataracte congénitale. Son handicap, pourtant, ne l'empêche pas de se passionner pour le football. "J’allais jouer au foot avec mes frères et mes cousins. Je faisais semblant tout du moins", a-t-il raconté au site Actu Seine-Saint-Denis. 

En 2011, à l'âge de 29 ans, il débarque en France où il découvre le cécifoot grâce à l’Association Valentin Haüy (AVH), au service des aveugles et des malvoyants. Dans cette version du football dédiée aux sportifs atteints d'une déficience visuelle, tout se joue à l'oreille. Les quatre joueurs de champ, qui ont les yeux bandés, se disputent un ballon rempli de grelots, à l'aide des indications de leur gardien de but, de leur entraîneur et de leur assistant, tous trois voyants.

Les joueurs doivent parvenir à entendre tous ces indices pour se repérer sur le terrain de 40 mètres de long et 20 de large, malgré la présence des spectateurs qui sont invités à faire silence lorsque la balle se déplace sur le terrain de jeu. Dans l'ensemble, les joueurs suivent les mêmes règles que le football classique, avec quelques petites adaptations – l'absence de hors-jeu, par exemple. Ils utilisent également des codes verbaux. En criant "Voy" ("je suis là", en espagnol), ils signalent leur venue au porteur du ballon.

"L'opportunité de m'épanouir"

Pour Tidiane Diakité, ce sport a changé sa vie. "La France m’a donné l’opportunité de m’épanouir. C’est plus difficile là-bas [en Mauritanie] quand on est en situation de handicap. Ici, de nombreuses structures peuvent nous aider", a-t-il confié au magazine de Saint-Mandé (Val-de-Marne). 

Employé à la mairie de Bondy, le joueur qui porte depuis 2015 le maillot des Bleus doit cumuler vie professionnelle et sport de haut niveau. "En dehors des matches, on passe quatre heures par semaine avec l’équipe de France, quatre heures en club, auxquelles s’ajoutent aussi deux à trois heures de préparation physique", a-t-il résumé au magazine So Foot. Élu sportif handisport 2022-2023 par la ville de Bondy après son titre européen, Tidiane Diakité se rend aussi auprès du grand public, notamment en milieu scolaire, pour sensibiliser au cécifoot et promouvoir l'inclusion. "Rien n’est impossible dans la vie, même avec le handicap", aime-t-il expliqué aux plus jeunes.

Les Français l'ont prouvé en battant la Chine. Face au Brésil, ils espèrent réitérer leur exploit et se qualifier pour les demi-finales. Au pied de la tour Eiffel, ils pourront compter sur le soutien des spectateurs acquis à leur cause. Même si le silence est roi pendant les matches, les supporters tricolores ne manqueront pas de pousser Tidiane Diakité et ses coéquipiers pendant les temps-morts.