Un adolescent de 17 ans a été inculpé jeudi 1er août pour le meurtre de trois fillettes lors d'une attaque au couteau à Southport, dans le nord-ouest de l'Angleterre, au surlendemain de heurts survenus dans cette ville traumatisée.
Le ministère public "a autorisé la police de Merseyside à inculper un individu masculin de 17 ans domicilié à Banks, Lancashire", a-t-il indiqué dans un communiqué. L'adolescent est visé par "trois chefs d'inculpation de meurtre et dix (autres) de tentative de meurtre, après l'événement tragique survenu à Southport cette semaine".
Le suspect sera présenté à un tribunal jeudi à Liverpool, dans le nord-ouest de l'Angleterre.
Depuis l'attaque, de nombreuses rumeurs sur sa nationalité, le moment de son arrivée au Royaume-Uni ou sa religion ont foisonné sur les réseaux sociaux.
Les autorités ont tenté d'appeler à la patience et à la prudence une population qui réclame des réponses sur les motivations de l'agresseur.
Un rassemblement tendu à Londres, plusieurs personnes arrêtées
Mercredi, la police britannique a déployé d'importants moyens pour éviter de nouvelles violences à Southport. La veille, de violents heurts avaient éclaté, vivement condamnés par le gouvernement.
Si aucun incident notable n'était signalé dans la soirée, une manifestation tendue, en réaction à la réponse du gouvernement à l'attaque de lundi, s'est tenue à Londres à proximité de Downing Street.
Des policiers ont été visés par des jets de bouteilles, et plusieurs personnes ont été interpellées après ce rassemblement où nombre de participants portaient des drapeaux anglais sur les épaules.
Mardi soir à Southport, des heurts, attribués par la police à des manifestants d'extrême droite, avaient éclaté sur fond de spéculations en ligne sur l'origine du suspect de cette agression, au mobile encore inconnu, qui a endeuillé cette ville balnéaire.
Deux cents à trois cents personnes ont allumé des feux, jeté des briques sur une mosquée et affronté les forces de l'ordre, dont 53 agents ont été blessés, selon la police.
"C'était terrifiant", a raconté le président de la mosquée Ibrahim Hussein, coincé dans l'édifice pendant les heurts. "Cette méchanceté était incompréhensible", a-t-il ajouté. "Cela fait 30 ans qu'on est ici sans aucun problème."
Mercredi, plusieurs membres de la communauté musulmane locale se sont rassemblés devant la mosquée, tandis que les services de nettoyage et les habitants débarrassaient les débris restant dans la rue.
Quatre hommes de 31 à 39 ans ont été arrêtés, selon la police, trois étant accusés de participation aux heurts et le quatrième de rixe et possession d'une arme blanche. "D'autres suivront", a prévenu Serena Kennedy.
La police a dit "soupçonner" les responsables des violences d'être des "soutiens" de la Ligue de défense anglaise (EDL), un mouvement d'extrême droite anti-islam dont les manifestations sont régulièrement émaillées de débordements.
"Ceux qui ont détourné la veillée des victimes avec de la violence et de la brutalité ont insulté la population dans son deuil. Ils subiront toute la force de la loi", a réagi sur X le Premier ministre Keir Starmer.
La désinformation au coeur de l'affaire
L'attaque au couteau s'est produite à la mi-journée lundi, en pleines vacances scolaires, dans un club de danse lors d'une activité pour enfants autour de la musique de Taylor Swift.
Deux fillettes, de six et sept ans, sont décédées le jour même, et une troisième, âgée de neuf ans, est décédée mardi. Selon le dernier bilan, huit autres enfants ont été blessés dont cinq étaient toujours mardi dans un état critique. Deux adultes ont également été grièvement blessés, probablement en tentant de "protéger" les enfants, selon la police.
Le député local Patrick Hurley a blâmé "la propagande et les mensonges" diffusés en ligne, dont certains "dans l'espoir de causer de la division".
L'influenceur masculiniste Andrew Tate, qui s'identifie par ailleurs comme musulman, avait publié sur les réseaux sociaux une vidéo publiée par près de 15 millions de personnes dans laquelle il attribuait l'agression à un "immigré clandestin".
Le Conseil musulman de Grande-Bretagne (MCB) a déclaré que la réaction islamophobe avait commencé par une fausse rumeur en ligne, alimentée par des informations erronées provenant d'un site d'information russe, qui associait à tort le crime aux musulmans. "En cette période de grande tragédie, de perte et de deuil, nous devons rester fermes face aux forces cyniques de la haine et de la division", a déclaré Zara Mohammed, secrétaire générale du MCB.
Lors de la veillée mardi soir, June Burns, la maire de Sefton, district auquel appartient Southport, a appelé à la tribune "au calme et au respect", devant une foule recueillie.
Avec AFP