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Au Haras national du Pin, le "Versailles du cheval" se modernise
À l’occasion des JO 2024, France 24 fait un pas de côté et raconte le rapport des Français aux sports qu’ils affectionnent. L’équitation était le troisième sport national avec près de 700 000 licenciés en 2022. Et la Normandie y figure en bonne place avec l’un des ratios centres équestres par habitant parmi les plus élevés de France. Reportage au Haras du Pin, où le plus grand et ancien haras de France fait sa mue et a l’ambition de devenir un pôle d’excellence sportif international.

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Au Haras national du Pin, le "Versailles du cheval" se modernise

Des boxes à chevaux aux toits végétalisés et flambant neufs, un bâtiment moderne entouré de quatre carrières – des lieux clos en plein-air où se pratique l'équitation – qui le sont tout autant : le Pôle international de sports équestres (Pise) du Haras national du Pin a tout d’un site avant-gardiste sous le soleil normand, en ce dimanche 19 mai.

Ce paysage contemporain ferait presque oublier l’ancienneté du site historique attenant au Pise. En son temps, Louis XIV voulait un lieu pour organiser la reproduction de chevaux dans le royaume de France. Le Haras national du Pin – alors royal –fut construit dans cet objectif entre 1715 et 1730. Deux siècles plus tard, les deux sites coexistent côte à côte dans ce domaine de 1 100 hectares, et leur visite revient à tracer un pont entre le passé et l’avenir en quelques centaines de mètres.

“Ce lieu, surnommé le ‘Versailles du cheval’ et dont la cour historique est construite en forme de fer à cheval, a été construit parce qu’à l’époque (au XVIIIe siècle, NLDR) on avait un élevage équin assez peu développé, et on avait besoin de chevaux pour faire la guerre, pour le transport ou encore l’agriculture”, explique Claire Fortin, responsable du tourisme au Haras national du Pin.

Au Haras national du Pin, le "Versailles du cheval" se modernise

Mais la vocation séculaire du site a changé en 2014 quand il est devenu un établissement public à caractère administratif, ce qui a conduit à la mue du Haras national du Pin, reprend Claire Fortin. “L’État a décidé d'arrêter la reproduction des chevaux, et le haras s'est ouvert vers de nouvelles activités – touristiques, culturelles et sportives – pour ouvrir ce magnifique lieu au grand public.”

C’est de ce changement qu’est notamment né le Pise, inauguré en juin 2023 moyennant 24 millions d’euros d’investissement. Ce dimanche, les compétitions organisées sur les nouvelles carrières attirent les passionnés d’équitation dans les tribunes ou aux abords des barrières.

"Une super infrastructure", des sols aux boxes pour chevaux

C’est le cas de Nicole et Jean-Claude, respectivement 74 et 75 ans, qui regardent le concours de saut d’obstacles (CSO). “On vient souvent, c’est vraiment une réussite depuis que ça a été inauguré. Avant, ici, c’était juste un champ”, explique ce couple de retraités. “Ce nouveau centre est une fierté, qui plus est dans la région du cheval ! C’est rare en Normandie de ne pas voir de chevaux dans les parcelles ou dans les herbages, cela fait partie de l’identité régionale.”

Non loin de là, les cavalières ou cavaliers défilent tour à tour sur la terre blanche de la carrière, avec plus ou moins de réussite en parcourant le circuit du jour. Robin Fleurance a fait le déplacement depuis Nantes jusqu’au Pin-au-Haras pour concourir au CSO amateur pro. “Je suis cavalier professionnel depuis une quinzaine d’années, c’est la première fois que je viens depuis que les pistes ont été rénovées et c’est une super infrastructure”, se réjouit-il. “C’est vraiment le top par rapport à d’autres sites de compétition français. Tout est parfait, autant l’hébergement des chevaux que la qualité des pistes.”

Au Haras national du Pin, le "Versailles du cheval" se modernise

Le nouveau pôle du Haras national du Pin s’est, en effet, donné les moyens de ses ambitions pour devenir à terme une structure attractive dans le milieu équestre sportif. Ses infrastructures répondent aux besoins des professionnels.

Au-delà de ses quatre carrières qui permettent l’organisation simultanée de plusieurs compétitions, les terrains sont équipés de sable fibré et irrigués par le sous-sol grâce à un système de récupération des eaux de pluie (dit de “subirrigation”) pour garantir un sol de qualité professionnelle à l’ensemble des compétiteurs.

“On est très sensibles à la qualité des sols, cela donne de meilleurs appuis aux chevaux et leur permet aussi d’avoir de meilleures réceptions – qui sont souvent assez fortes – un peu comme pour un amortisseur”, explique David Jollivet, directeur du Pise. À ce travail des sols s’ajoutent quelque 300 boxes en dur qui peuvent accueillir les chevaux dans des conditions confortables – 12m² sont prévus pour chaque emplacement –, et des ronds de longe ont aussi été construits pour le travail équestre quotidien.

Au Haras national du Pin, le "Versailles du cheval" se modernise

Un soin du détail qui n’échappe pas aux professionnels du milieu : la sélection équestre de la Nouvelle-Zélande a décidé d’élire domicile au Haras national du Pin cet été à l’occasion des JO Paris 2024. “Nous allons les accueillir ici pour faire les finitions de préparation avant les épreuves olympiques”, se félicite David Jollivet. “Ils auront le cadre idéal ici, que ce soit pour faire du saut d’obstacles, du dressage ou du cross.”

“La Normandie sans chevaux, ce serait impossible”

Sur la carrière d’à côté, la compétition du jour a repris, et on entend parfois à la sono la chanson des Black Eyed Peas "Boom Boom Pow" quand le parcours du cheval est réussi. Dans les tribunes, Virginie est venue d’Alençon – à une quarantaine de kilomètres au sud du Haras national du Pin – voir son fils concourir. Un ami de son fils, Alexandre, est lui aussi présent dans les tribunes. Le lieu “est top pour nous qui sommes cavaliers. C’est bien, ça nous permet d’avoir des concours quasiment tous les week-ends pour venir et monter (à cheval)”, explique-t-il.

La mère de famille précise que son fils a commencé à monter sur un cheval “à l’âge de 3 ans”. “Il est tombé dans ce sport parce que je faisais aussi de l’équitation”, ajoute-t-elle. “C’est une transmission familiale en Normandie.”

La plupart des personnes rencontrées ce dimanche soulignent presque à chaque fois ce lien fort qui unit la région au monde équestre. “La Normandie sans chevaux, ce serait impossible”, affirme Nicole. “Les chevaux, les pommiers, les vaches normandes, le camembert… et le calvados aussi, ça fait partie de notre identité.”

Au Haras national du Pin, le "Versailles du cheval" se modernise

Cet attachement séculaire et local aux chevaux, ainsi qu’au Haras national du Pin, pourrait bientôt être doublé d’un rayonnement international au-delà des prochains JO. C’est en tout cas ce qu’espère David Jollivet : “Le Pise est fait pour accueillir le haut niveau, les meilleurs cavaliers nationaux et mondiaux. Le fait d’avoir fait sortir de terre ce pôle est vraiment exceptionnel. Je ne me fais pas de soucis quant à son avenir, il n’a rien à envier aux plus grands centres équestres existants actuellement en France.”

Au Haras national du Pin, le "Versailles du cheval" se modernise