"Redéfinir" les relations entre le Royaume-Uni et ses "partenaires européens", créer une nouvelle force de sécurité dotée de "pouvoirs antiterroristes", faire évaluer de "manière indépendante" les budgets... Charles III a dressé, mercredi 17 juillet, lors du solennel "discours du roi", le programme législatif du gouvernement travailliste. Le premier après 14 ans de pouvoir des conservateurs.
Le roi avait quitté le palais en carrosse doré en direction de Westminster pour ce moment empreint de tradition et de solennité. La députée Samantha Dixon était, elle, retenue symboliquement en otage à Buckingham jusqu'au "retour sain et sauf du roi" dans sa résidence.
Le discours du trône ou discours du roi est prononcé par le souverain mais rédigé par le gouvernement. C'est l'occasion pour le nouveau parti au pouvoir d'exposer ses priorités à Westminster. Le roi doit prononcer le discours d'un ton monocorde pour illustrer la neutralité politique du souverain.
Ce discours du roi marque l'ouverture de la nouvelle session du Parlement après les élections législatives qui ont abouti à l'arrivée à Downing Street du nouveau Premier ministre travailliste, Keir Starmer, après 14 ans de pouvoir conservateur. Ce discours du trône est le premier rédigé par un exécutif travailliste depuis le gouvernement de Gordon Brown en 2009, avant l'arrivée au pouvoir des conservateurs quelques mois plus tard.
Budget, sécurité...
Parmi les mesures phares évoquées par Charles III : le nouveau gouvernement travailliste britannique veut supprimer la centaine de membres héréditaires de la Chambre des Lords. "Des mesures pour moderniser la Constitution seront introduites, comprenant une réforme de la Chambre des Lords pour supprimer le droit des pairs héréditaires de siéger et voter" à la chambre haute du Parlement, a annoncé le monarque.
Le nouveau gouvernement britannique a aussi promis de faire évaluer de "manière indépendante" les budgets qu'il présentera, afin d'assurer "la stabilité économique" du pays. "La stabilité sera la pierre angulaire de la politique économique de mon gouvernement", a promis le Premier ministre travailliste dans le discours lu au Parlement par le roi Charles III. "Chaque modification importante des impôts et des dépenses sera soumise à une évaluation indépendante", a-t-il ajouté.
En matière de sécurité, le nouveau gouvernement a confirmé vouloir créer une nouvelle force de sécurité dotée de "pouvoirs antiterroristes" pour lutter contre le "crime organisé" en matière d'immigration illégale. La création de ce nouveau "commandement pour la sécurité aux frontières" vise à "renforcer" la lutte contre les passeurs, qui ont permis depuis 2022 à près de 90000 migrants d'arriver au Royaume-Uni en traversant la Manche sur de petites embarcations, souvent au péril de leur vie.
"Mon gouvernement cherchera par ailleurs à redéfinir les relations avec les partenaires européens et travaillera à améliorer les relations commerciales et d'investissement avec l'Union européenne", a indiqué le Premier ministre travailliste Keir Starmer dans ce discours, en répétant le "soutien total" du Royaume-Uni à l'Ukraine.
Avec ce programme, les travaillistes veulent "montrer qu'ils peuvent redevenir ce qu'ils considèrent comme le parti naturel du gouvernement", souligne à l'AFP Tony McNulty, ancien ministre du Labour et professeur de politique britannique à l'université Queen Mary de Londres.
C'est le deuxième "discours du roi" prononcé par Charles III depuis son accession au trône, en septembre 2022. En mai de cette année là, en tant que prince de Galles, il avait aussi remplacé sa mère Elizabeth II, dont la santé déclinait.
Avec AFP