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Indépendantiste, Gilet jaune, "fiché S"… Le visage des nouveaux députés de l'Assemblée nationale
Parmi les nouveaux députés qui font leur entrée à l'Assemblée nationale, certains se démarquent par leur profil ou leur parcours atypique. France 24 dresse le portrait de ces nouveaux visages de l'arène politique.

En deux jours, les 577 nouveaux députés élus lors des législatives anticipées ont fait leur entrée à l'Assemblée nationale. Ceux du Nouveau Front populaire (NFP) ont ouvert le bal mardi 9 juillet, rejoints mercredi par ceux du Rassemblement national (RN) et des Républicains (LR).  Aux côtés des habitués comme Marine Le Pen, Olivier Faure ou encore Sandrine Rousseau, plusieurs élus s'installent au Palais Bourbon pour la toute première fois.

Parmi eux, plusieurs profils atypiques ressortent. Figure de la société civile, étudiant, ancien Gilet jaune, militant de la cause antifasciste ou écolo : France 24 fait un tour d'horizon de ces nouveaux visages qui se distinguent.

Hugo Prévost, un étudiant contre Parcoursup (NFP)

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En Isère, le jeune insoumis Hugo Prévost, 24 ans, a fait tomber l'ancien ministre de la Santé et porte-parole du gouvernement Olivier Véran, empochant un siège pour le Nouveau Front populaire.

Cet étudiant en économie originaire de Grenoble y a fondé un syndicat lycéen avant de partir à Paris pour devenir l'un des porte-parole de la fédération syndicale Union étudiante, créée en 2023. Il est également investi dans une association de lutte contre la précarité alimentaire des étudiants. Dans l'Hémicycle, le jeune homme blond a assuré vouloir mettre l'accent sur les questions de santé, de logement ainsi que sur "la fin de Parcoursup".

Aly Diouara, un militant de terrain en banlieue parisienne (NFP)

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C'est l'un de ceux qui ont participé à l'éviction des frondeurs dans les rangs de La France insoumise (LFI). Aly Diouara, 37 ans, a été investi par le parti dans la 5e circonscription de Seine-Saint-Denis, à la place de la députée sortante Raquel Garrido.

Ce fonctionnaire territorial explique n'avoir jamais adhéré à un parti pour éviter d'être "happé par un système politique qui amène à une restriction de notre parole publique". Il préfère ainsi se présenter avant tout comme un militant de terrain : au sein de diverses associations, il s'est notamment fait connaître en s'intéressant au soutien scolaire et aux questions des pannes d'ascenseur, récurrentes dans les grandes tours.

En 2020, il a cofondé le mouvement citoyen "La Seine-Saint-Denis au cœur" avec l'objectif de "remettre au centre du débat public les habitants", notamment par la lutte contre l'abstention et la vulgarisation de la vie publique et politique.

Dieynaba Diop, la professeure des quartiers populaires (NFP)

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Comme Aly Diouara, Dieynaba Diop est une voix des quartiers populaires. Porte-parole du Parti socialiste, ancienne adjointe au maire des Mureaux (Yvelines), la nouvelle députée de la 9e circonscription de l'Essonne, âgée de 49 ans, est aussi professeure de lettres, d'histoire et de géographie. Inspirée par sa mère, qui avait créé une association d'éducation populaire, elle a fait de l'éducation et de la vie des quartiers son combat politique.

À l'Assemblée nationale, elle assure vouloir se mobiliser pour "l'école de la République" et l'abrogation de la réforme du lycée professionnel. Elle souhaite également "défendre la justice sociale et le vivre-ensemble" pour défaire la politique du RN, qu'elle décrit comme un projet "obscurantiste, mortifère et discriminatoire".

Ses efforts se concentreront tout particulièrement sur les mesures pour le pouvoir d'achat, dont "le blocage des prix et bien sûr l'augmentation du Smic, du point d'indice des fonctionnaires et l'indexation des salaires sur l'inflation".

Bérenger Cernon, le cheminot encarté à la CGT (NFP)

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Changement de vie radical. Conducteur de train sur la ligne D du RER, responsable syndical à la CGT-cheminots, Bérenger Cernon est parvenu à ravir à Nicolas Dupont-Aignan son siège de la 8e circonscription de l'Essonne, qu'il occupait depuis 27 ans.

Candidat sous la bannière du NFP, cet homme de 36 ans en costume et boucles d'oreille s'était d'abord fait connaître pour son engagement contre la réforme des retraites et son opposition à l'ouverture à la concurrence du transport ferroviaire.

Conseiller municipal d'opposition à Yerres (Essonne) depuis près d'un an, il figurait en 22e position aux élections européennes sur la liste LFI, parti où il est encarté. "Hier j'étais encore cheminot, aujourd'hui je suis député. Je suis fier d'être là. Je suis un exemple de la vraie vie", s'est-il félicité mardi, au moment de faire son entrée dans l'Hémicycle.

Raphaël Arnault, "fiché S", antifasciste et fier de l'être (NFP)

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"L'antifascisme à l'Assemblée." C'est avec ces quelques mots que Raphaël Arnault a qualifié sur X son arrivée au palais Bourbon, après sa victoire dans la 1re circonscription du Vaucluse.

À 29 ans, celui qui ne donne pas sa date de naissance et se contente de dire qu'il est né "début 1995", a derrière lui une longue histoire de lutte contre l'extrême droite. Lyonnais, il est notamment le cofondateur et porte-parole du mouvement antifasciste La Jeune Garde.

Sur le plan politique, il avait déjà été candidat aux législatives de 2022 sous l'étiquette NPA (Nouveau parti anticapitaliste) dans une circonscription lyonnaise, recueillant 6,9 % au premier tour.

Sa désignation surprise par La France insoumise comme candidat a suscité de vives réactions : le RN l'a notamment régulièrement dénoncé comme illustrant "l'extrémisme" de l'alliance nouée à gauche, fustigeant "un candidat fiché S" dans le registre policier recensant les individus potentiellement dangereux pour la sécurité nationale. Raphaël Arnault avait par ailleurs été convoqué par la police judiciaire pour "apologie du terrorisme" en raison d'un tweet publié en octobre 2023 où il affirmait que "la résistance palestinienne a lancé une offensive sans précédent sur l'État colonial d'Israël".

Benoît Biteau, l'opposant aux mégabassines (NFP)

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C'est la figure emblématique de la lutte contre les mégabassines. À 57 ans, Benoît Biteau a été élu député de la deuxième circonscription de Charente-Maritime.

Ce "paysan bio et agronome", comme il se définit, reconnaissable à sa moustache fournie rappelant celle de José Bové, a été ces dernières années de toutes les mobilisations contre les mégabassines du Marais poitevin, notamment à Sainte-Soline. Ancien membre du Parti radical de gauche (PRG), il a ensuite rejoint Europe Écologie-Les Verts (EELV) en 2018 et a été député européen de 2019 à 2024.

Au Palais Bourbon, il compte porter les "enjeux forts autour de la ruralité et du monde agricole qui a manifesté sa colère et son inquiétude", au début de l'année.

Emmanuel Tjibaou, l'indépendantiste kanak

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Emmanuel Tjibaou est devenu dimanche le premier député indépendantiste de Nouvelle-Calédonie depuis 1986. Une élection hautement symbolique après les émeutes qui ont touché l'archipel ces dernières semaines : son père, Jean-Marie, assassiné en 1989, a signé les accords de Matignon qui avaient ramené la paix sur l'île une année auparavant. Son frère, lui, a été mis en examen en juin pour son rôle soupçonné dans les émeutes.

Jamais engagé en politique jusqu'à cette campagne express, Emmanuel Tjibaou, 48 ans, a dirigé l'Agence de développement de la culture kanak, établissement public visant à mettre en valeur la culture du peuple autochtone de Nouvelle-Calédonie. Il occupe depuis 2022 le poste de directeur de la culture de la province Nord.

Une fois les résultats connus, le nouveau député s'est dit "impressionné par la mobilisation", mais aussi "par la situation dans laquelle notre pays est plongé aujourd'hui" sur la chaîne La 1ère, affirmant que sa victoire est "un appel à l'aide, un cri d'espoir".

Peio Dufau, le nationaliste basque (NFP)

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Pour la première fois, un député issu de la gauche basque, dite "abertzale", siégera dans l'Hémicycle. Une alliance inédite entre les partis de gauche et les autonomistes basques a permis à Peio Dufau de remporter la 6e circonscription des Pyrénées-Atlantiques.

Militant cheminot à la CGT et adjoint au maire de Ciboure, âgé de 45 ans, il porte des combats pour la préservation des terres agricoles et une reconnaissance institutionnelle du Pays basque.

Stéphane Séjourné, du Quai d'Orsay au Palais Bourbon (Ensemble)

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C'était la première fois que l'actuel ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné se présentait à une élection législative. Il a été confortablement élu dans la 9e circonscription des Hauts-de-Seine, déjà ralliée à la majorité présidentielle en 2022, avec 72,63 % des voix.

Avant l'Assemblée, ce macroniste de la première heure avait été élu député européen en 2019 avant de prendre les rênes du groupe Renaissance en 2022. En janvier 2024, il est devenu à 39 ans le plus jeune locataire du Quai d'Orsay, en charge de nombreux dossiers épineux, comme celui de la guerre en Ukraine, ou de celle qui oppose Israël au Hamas.

Vincent Jeanbrun, la voix des maires (LR)

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Vincent Jeanbrun, maire LR de L'Haÿ-les-Roses, a été élu dans la 7e circonscription du Val-de-Marne face à la députée LFI sortante Rachel Keke.

Ancien assistant parlementaire de Valérie Pécresse, il s'était fait connaître en juin 2023 lorsque son domicile avait été la cible d'une attaque à la voiture-bélier. Son épouse, présente, a été blessée en prenant la fuite avec leurs deux jeunes enfants.

Depuis, le porte-parole des Républicains s'est souvent exprimé au nom des maires, notamment pour critiquer les réponses gouvernementales après les émeutes. Encarté à l'UMP à partir de 2004, il avait fait passer à droite L'Haÿ-les-Roses en 2014, une première sous la Ve République.

Flavien Termet, le benjamin de l'Assemblée (RN)

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À 22 ans, Flavien Termet est le benjamin du nouvel Hémicycle. Membre du RN, il a été élu dans la première circonscription des Ardennes et assure vouloir se poser en porte-voix "des plus méritants, les travailleurs pauvres".

Né à Lorient, en Bretagne, le 29 janvier 2002, cet étudiant en licence de droit et sciences politiques à Rennes travaille également pour la direction générale du RN, où il est chargé d'organiser des formations.

Fils d'un père charcutier et chef d'entreprise et d'une mère assistante familiale, le jeune homme affirme être issu "de la classe moyenne qui souffre". D'abord encarté chez LR à 17 ans, attiré par "l'engagement gaulliste d'une droite populaire, sociale, souverainiste", il a finalement rejoint le parti de lepéniste à 20 ans. Marine Le Pen "incarne cette droite populaire et patriote", estime-t-il. Au Palais Bourbon, Flavien Termet s'engage à soutenir toutes les mesures pour le pouvoir d'achat.

David Magnier, l'ancien Gilet jaune (RN)

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Des ronds-points à l'Assemblée nationale. Élu député RN dans la 7e circonscription de l'Oise, cet homme de 52 ans a commencé sa carrière politique en 2018 lorsque, en colère contre "la non-écoute du gouvernement auprès des citoyens", il s'est engagé dans le mouvement des Gilets jaunes. L'année suivante, en 2019, il figure sur la liste aux élections européennes du Mouvement pour l'initiative citoyenne, qui milite pour le référendum d'initiative citoyenne.

En 2020, celui qui a commencé sa carrière professionnelle en tant que cuisinier et qui occupe aujourd'hui le poste de responsable de restauration dans un lycée, est contacté par la candidate RN pour les municipales à Beauvais. Il s'engage dans sa campagne, avant de prendre la carte du parti en 2021. En 2022, candidat dans une autre circonscription de l'Oise, il est battu au second tour par l'héritier de la dynastie Dassault, Victor Habert-Dassault (LR).

Anne Sicard, la théorie du "grand effacement" (RN)

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Ex-candidate Reconquête! aux législatives de 2022, Anne Sicard a été élue dimanche députée de la 1re circonscription du Val-d'Oise sous la bannière du Rassemblement national.

Professeure d'histoire-géographie de 55 ans et mère de cinq garçons, celle qui se dit "engagée depuis longtemps dans la vie associative" est une proche de Marion Maréchal, dont elle fut cheffe de cabinet adjointe aux européennes. Selon Le Parisien, elle est arrivée dans les rangs du RN au moment de l'exclusion de cette dernière du parti d'Éric Zemmour.

Dans une vidéo publiée en 2019, Anne Sicard se présente comme chargée des formations de l'Institut Iliade, cercle de réflexion identitaire qui adhère aux thèses complotistes du "grand effacement, matrice du grand remplacement".

"Il nous faut soutenir le pouvoir d'achat [...], il nous faut remettre de l'ordre en France et stopper la submersion migratoire", a-t-elle récemment déclaré, se présentant désormais comme une "fervente partisane de l'union à droite". "L'insécurité grandissante dans nos villes et nos villages doit cesser [...]. Il n'est pas normal que la crainte soit du côté des honnêtes gens", a-t-elle également lancé.

René Lioret, un vétéran du RN

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À 72 ans, René Lioret est l'un des vétérans du RN. Après de longues années au sein du parti – il y adhère dès 1986 –, il a réussi à s'implanter, avec seulement 42 voix d'avance, dans la 5e circonscription de Côte-d'Or, une circonscription viticole jusqu'alors largement réticente à l'extrême droite. Pendant cette campagne, il a notamment voulu rassurer les électeurs, promettant de ne pas "faire partir de France" les saisonniers étrangers, maillon essentiel du secteur.

Ces dernières années, ses prises de position tranchées et ses dérapages, notamment sur les réseaux sociaux, avaient cependant suscité la polémique à plusieurs reprises. "Pas une seule 'petite tête blonde' parmi ces 'élèves décrocheurs'", avait-il commenté lors d'une sortie de Gabriel Attal avec de jeunes élèves à Nice.

"Les racailles africaines, c'est toujours à trois ou quatre contre un, c'est à ça qu'on les reconnaît", avait-il aussi écrit en 2022 en partageant les images d'un élève agressé. L'année dernière, il s'en était aussi pris à de nombreuses reprises à l'insoumis Louis Boyard, le traitant de "petit dealer de merde", de "connard" ou encore de "cochonou". Il devra pourtant composer avec lui au Palais Bourbon, ce dernier ayant été à nouveau élu dans le Val-de-Marne.

Avec AFP