Pour afficher ce contenu , il est nécessaire d'autoriser les cookies de mesure d'audience et de publicité.
Accepter Gérer mes choixParis se prépare pour la troisième fois à accueillir les Jeux Olympiques. La dernière olympiade dans la capitale française a eu lieu il y a exactement 100 ans. La cérémonie d'ouverture de la 7e édition de l'ère moderne s'était déroulée le 5 juillet 1924 au stade de Colombes. Les JO de 1924 ont disparu de notre mémoire, mais à l’époque, des exploits avaient été célébrés, des champions étaient nés et un nombre record de femmes avaient participé à cette édition. Retour en images sur les grands événements de cette compétition.
- La cérémonie d'ouverture
Les Jeux sont proclamés ouverts le 5 juillet (même si le tournoi de rugby à XV a commencé le 5 mai) par le président français Gaston Doumergue, devant 45 000 personnes rassemblées au stade de Colombes (rebaptisé stade départemental Yves-du Manoir depuis). C'est dans cette enceinte qu'une grande partie des épreuves sont organisées : les matchs de football, de rugby, les épreuves d'athlétisme, de gymnastique ou encore de cyclisme.
Le serment olympique des athlètes est prêté par l'athlète tricolore Géo André, ancien médaillé olympique en 1908 et 1920. Cette édition est l'occasion d'instaurer quelques nouveautés, parmi lesquelles la devise "Citius, Altius, Fortius" ("plus vite, plus haut, plus fort") et la cérémonie de clôture, avec ses trois drapeaux hissés, du CIO, du pays-hôte et du pays-hôte suivant.
- Un premier village olympique
Pour la première fois dans l'histoire des JO, un village olympique est érigé en 1924. Situé près du stade de Colombes, il est fait de baraquements en bois, avec de l'eau courante, un bureau de poste, un kiosque à journaux, un service de blanchissage et un service de garde des objets de valeur. Trois repas par jour sont offerts.
Les équipes ont la possibilité de réserver des places au village moyennant un versement minimal à titre de garantie. Des prix forfaitaires par jour sont proposés par lit et pour la pension. Mais toutes les délégations ne recourent pas au village pour se loger, et certaines prennent d’autres dispositions. L’équipe des États-Unis, par exemple, établit son lieu d’hébergement principal à Rocquencourt, dans les Yvelines.
- Johnny Weissmuller entre dans la légende
La star des Jeux de Paris s'appelle Johnny Weissmuller. Devenu deux ans plus tôt le premier à nager le 100 mètres en moins d'une minute, il attire les foules et remporte cinq médailles à Paris. Pour participer aux JO sous la bannière américaine, cet immigré roumain falsifie son certificat de naissance. Au cours de sa carrière, il établit 28 records du monde, dont celui du 100 yards nage libre (1927).
C'est grâce à lui que la natation est devenue la deuxième discipline olympique, après l'athlétisme. Après ses exploits aquatiques, l'Apollon des bassins (86 kg pour 1,90 m) devient une star du grand écran, incarnant Tarzan dans une douzaine de films.
- Paavo Nurmi, le "Finlandais volant"
En 1924, les Finlandais confirment leur domination sur le demi-fond et le fond. Leader de l'équipe, Paavo Nurmi devient le premier – et le seul – athlète à rafler cinq médailles d'or en une seule édition. Il remporte aisément le 1 500 m et, moins d'une heure plus tard, s'adjuge le 5 000 m. Le surlendemain, il dispute le cross-country par 45°C à l'ombre. Sur les 38 partants, 23 abandonnent, mais Nurmi, impassible, sort vainqueur. Il faudra attendre 2004 pour qu'un autre champion, le Marocain Hicham El Guerrouj, réalise à nouveau le doublé 1 500-5 000 m.
Son compatriote Ville Ritola remporte le 10 000 m et le 3 000 m, tandis qu'un autre Finlandais, Albin Stenroos, s'adjuge le marathon. Grâce à ces exploits, le pays scandinave termine troisième au tableau des médailles (37, dont 14 en or) derrière les intouchables États-Unis (99, 45 en or) et la France, pays-hôte (41, 14 en or).
- Le duel Liddell - Abrahams
Le stade de Colombes est le théâtre du duel épique entre les sprinters britanniques Harold Abrahams et Eric Liddell – immortalisé dans le film multi-oscarisé "Les Chariots de feu" de Hugh Hudson sur une musique de Vangelis. Fervent Chrétien, Eric Liddell refuse de courir le dimanche à Paris, et doit donc renoncer au 100 m dont les première séries ont lieu le dimanche 6 juillet 1924. C'est son compatriote et rival sur la scène nationale Harold Abrahams qui l'emporte sur la distance.
En attendant le 400 m, Eric Liddell prend la médaille de bronze du 200 m gagné par Jackson Scholz. Enfin, le 11 juillet 1924, aligné au couloir extérieur en finale du 400 m, il domine toute la course et signe un record du monde en 47,6 secondes.
- DeHart Hubbard, un saut pour l'histoire
Étudiant à l'Université du Michigan, DeHart Hubbard remporte en 1922 et 1923 les concours du saut en longueur et du triple saut des Championnats des États-Unis d'athlétisme, et se rapproche du record du monde de la longueur établi par son compatriote Edward Gourdin en réalisant 7,67 m. Sélectionné dans l'équipe des États-Unis pour les JO de Paris, il remporte le concours du saut en longueur avec 7,44 m, devançant Gourdin et le Norvégien Sverre Hansen.
Il devient à cette occasion le premier afro-américain de l'histoire à remporter un titre olympique dans une épreuve individuelle, tous sports confondus. Aligné également dans l'épreuve du triple saut, Hubbard ne parvient pas à obtenir sa qualification pour la finale.
-
Gertrude Ederlé, la reine des Jeux
Lors des Jeux de Paris, sur les 3 088 sportifs participants, on recense 135 femmes, soit deux fois plus qu'à Anvers en 1920. Les femmes sont en lice en tennis, natation et plongeon (deux disciplines ajoutées depuis les Jeux de Stockholm) et pour la première fois en escrime.
Dans la piscine Georges-Vallerey (ancienne piscine des Tourelles), la nageuse américaine Gertrude Ederle attire tous les regards en remportant une médaille d'or en tant que membre de l'équipe américaine pour le relais 400 mètres nage libre, et des médailles de bronze pour être arrivée troisième aux épreuves de 100 et 400 mètres nage libre. Mais la championne repart déçue de ne pas avoir réussi à décrocher l'or en individuel.
- La surprise Julie Vlasto
En 1924, la star du tennis est française et s'appelle Suzanne Lenglen. Surnommée la "Divine", elle remporte son premier Wimbledon (sur six) en 1919. L'année suivante, elle devient l'une des reines des JO d'Anvers, avec une médaille d'or en simple, en double mixte, et un bronze en double. Mais lors des JO de Paris, elle souffre d'une jaunisse et doit s’arrêter au deuxième tour du simple dames et dès le premier tour du double mixte.
En raison du forfait de la star des courts, c'est une autre Française qui crée l'événement. À 21 ans, Julie Vlasto atteint la finale du simple dames face à la favorite, l’américaine Helen Wills, mais elle est battue 6-2 ; 6-2. Cette médaille d'argent lui permet de s'attirer les faveurs du public. Aux côtés de Suzanne Lenglen, elle remporte également deux fois de suite l'épreuve de double dames à Roland-Garros (1925 et 1926) et devient la n°1 française à la fin de l'année 1926.
- Lucien Michard, roi de la piste
Lorsqu'il pénètre sur la piste du vélodrome de la Cipale, Lucien Michard est déjà une star. Champion de France de vitesse amateur à 19 ans et champion du monde amateur à 20 ans, le "môme" de 21 ans affiche un beau palmarès. Mais ce génie du vélo s'inscrit vraiment dans la légende en remportant la finale de l'épreuve de vitesse aux JO de Paris face à son compatriote Jean Cugnot et au Néerlandais Jaap Meijer.
Du haut de son 1,70 m pour 63 kilos, Lucien Michard remporte tout au long de sa carrière 13 titres de champion de France, six titres de champion de monde de vitesse et cinq records mondiaux sur piste.
- La razzia de l'escrimeur Roger Ducret
En escrime, le Français Roger Ducret réussit l'exploit de remporter cinq médailles dans les trois disciplines qui composent ce sport. Il remporte tout d'abord l'épreuve du fleuret individuel en battant son compatriote Philippe Cattiau, puis tous deux décrochent le titre par équipe pour le compte de la France face à la Belgique. Roger Ducret s'impose ensuite à l'épée par équipe, toujours face aux Belges. L'escrimeur français obtient une nouvelle médaille, celle d'argent, dans l'épreuve d'épée individuelle et du sabre individuel. Il reste à ce jour l'escrimeur français le plus médaillé de l'histoire des JO, avec huit médailles au total, à égalité avec Philippe Cattiau.
Les JO de Paris sont aussi marqués par l'apparition du fleuret féminin dans les épreuves olympiques. La Danoise Ellen Osiier est la première à remporter une médaille d'or dans cette discipline.
- La finale de rugby tourne à la bagarre
Pour la quatrième fois de l'histoire olympique, le rugby à XV est au programme des Jeux de 1924. Seuls trois pays sont en lice, les États-Unis tenants du titre, la France et la Roumanie. Les nations britanniques et de l'hémisphère sud snobent le tournoi, prétendant que le rugby se joue en hiver. L'équipe américaine, composée d'universitaires spécialistes de football américain et de basket n'ayant appris les règles de ce sport que lors de leur premier rassemblement, conserve son titre face aux Bleus (17-3).
Lors de la finale, la rencontre vire à l'affrontement sur le terrain et dans les tribunes. Tandis que des sifflets accompagnent la montée du drapeau étoilé et l'hymne américain, un gros dispositif policier protège la sortie précipitée des joueurs. Après ce match désastreux et suite au retrait du CIO en 1925 de Pierre de Coubertin, qui l'avait fait intégrer au programme des Jeux dès 1900, le rugby disparait du programme olympique jusqu'à sa réintégration dans sa variante à VII à Rio en 2016.
- Des épreuves artistiques au programme des JO
Lors de ces JO-1924, on ne décerne pas des médailles qu'aux sportifs. Les artistes aussi concourent, pour la troisième fois après 1912 et 1920, et conformément au souhait de Pierre de Coubertin de respecter la tradition, remontant à la Grèce antique, d'unir l'art et le sport. Cinq disciplines sont au menu avec le sport pour unique thème.
En littérature, c’est le Français Géo-Charles, pseudonyme de Charles Guyot, qui reçoit la médaille d'or pour "Les Jeux olympiques", une pièce de théâtre mêlant danse, poésie et musique. En peinture, le Luxembourgeois Jean Jacoby remporte la compétition avec son triptyque intitulé "Trois études sportives" (Rugby, Départ et Corner). En sculpture, s’inspirant des œuvres de l’antiquité mais aussi des créations du célèbre Auguste Rodin, le Grec Kostas Dimitriadis reçoit la médaille d'or pour son "Lanceur de disque finlandais".
En architecture, aucune médaille d'or n’est décernée, le jury s’accordant pour décider qu’aucun des travaux en compétition ne mérite vraiment une telle distinction. Pareillement, aucun des sept concurrents de l'épreuve musicale n'est récompensé. Le jury, composé de noms prestigieux tels que Béla Bartok, Arthur Honegger, Maurice Ravel, Igor Stravinsky, Gabriel Fauré et Manuel de Falla, ne parvient pas en effet à se mettre d’accord sur la désignation des lauréats.
Avec AFP