C'est un honneur rare… Et convoité. Être le porte-drapeau de la délégation aux JO est déjà en temps normal une gloire que certains attendent toute leur carrière. Mais une telle distinction à domicile est une occasion qui n'arrive qu'une fois par siècle. Les athlètes français aspirant à cet honneur pour la cérémonie d'ouverture du 26 juillet prochain ont découvert, mercredi 13 mars, les critères retenus par le Comité olympique français (CNOSF) pour les JO 2024 (26 juillet – 11 août).
Quatre porte-drapeaux seront nommés puisque, comme lors des Jeux de Tokyo 2021, "un homme et une femme seront porte-drapeaux aux Jeux olympiques et paralympiques", a déclaré le président du CNOSF, David Lappartient, avant de présenter les critères d'éligibilité à cette fonction dans "un processus conjoint" entre l'équipe de France olympique et paralympique.
La date de dévoilement des quatre porte-drapeaux sera connue le 17 avril, à 100 jours de la cérémonie d'ouverture, et les noms des heureux élus devraient être annoncés à la mi-juillet.
- Premier critère : avoir déjà concouru aux Jeux olympiques
Le premier critère élimine pas mal de stars qui ont clamé au fil des dernières années leur envie d'être au rendez-vous de Paris. Il s'agit d'avoir déjà concouru par le passé aux JO. Une décision qui promeut les athlètes ayant une histoire d'amour de longue date avec l'olympisme.
Exit donc Antoine Dupont, qui est passé du rugby à XV au format à VII pour disputer la compétition. Le basketteur Victor Wembanyama et le footballeur Kylian Mbappé ou encore Antoine Griezmann ne pourront pas non plus prétendre au rôle de porte-drapeau.
- Deuxième critère : être irréprochable
Pour être porte-drapeau, il faudra également "incarner l'éthique et les valeurs olympiques", selon David Lappartient, excluant ainsi des athlètes ayant été condamnés pour des affaires de dopage par exemple.
Mine de rien, quelques grands noms du sport français se retrouvent de facto exclus. Tout comme son frère Luka, le handballeur multimédaillé Nikola Karabatic ne pourra pas y prétendre. Il a été condamné en 2016 à deux mois de prison avec sursis dans une affaire de paris. Renaud Lavillenie, dont la responsabilité dans un accident de moto (il y a plus de quinze ans) a valu une inscription sur le volet numéro 1 de son casier judiciaire, ne pourra pas briguer ce rôle non plus. Tout comme le volleyeur Earvin Ngapeth, condamné en 2016 pour avoir frappé un contrôleur SNCF.
Cependant, David Lappartient a aussi précisé que ce critère faisait partie "des sujets à affiner".
- Troisième critère : ne pas déjà avoir eu cet honneur
C'est un critère qui crispe. Les anciens porte-drapeaux sont exclus de la liste des candidats. "On considère qu'il y a une telle richesse dans le sport français (...) qu'il est normal qu'on puisse avoir de nouveaux athlètes", a argué le président du CNOSF.
Cela exclut donc plusieurs sérieux candidats : le gymnaste Samir Aït Saïd, porte-drapeau à Tokyo, tout comme les mastodontes du judo, Teddy Riner (Rio) et Clarisse Agbégnénou (Tokyo). Chez les athlètes paralympiques, Stéphane Houdet, légende du tennis fauteuil, ne pourra pas y prétendre.
Exceptionnel! 😂 Ce sondage tombe à pic 👌🏼
Il y a les français et les chiffres qui expriment une certaine volonté et de l’autre côté des personnes œuvrent en back stage pour imposer des conditions discriminantes pour designer les porte drapeau 🥴🙄https://t.co/1wbrt0AT9F
A peine dévoilées, ces conditions ont été critiquées par la judokate Clarisse Agbégnénou. La double championne olympique, qui figure parmi les favoris plébiscités dans l'opinion pour occuper ce rôle, a justement profité de la publication d'un sondage la plaçant en tête pour occuper ce poste chez les femmes, pour ironiser sur son exclusion.
"Exceptionnel ! Ce sondage tombe à pic", écrit-elle sur son compte X. "Il y a les Français et les chiffres qui expriment une certaine volonté et de l'autre côté des personnes œuvrent en backstage pour imposer des conditions discriminantes pour désigner les porte-drapeaux."
- Quatrième critère : être élu par ses pairs
Pour la première fois, les quatre porte-drapeaux des équipes olympiques et paralympiques seront élus par leurs pairs, ont annoncé David Lappartient et Marie-Amélie Lefur, présidente du Comité paralympique (CPSF).
Les fédérations pourront présenter chacune un candidat et une candidate, "qui seront ensuite transmises au CNOSF", a expliqué David Lappartient. Le vote se fera avec l'intégralité des athlètes de la délégation française, "chose tout à fait inédite et nouvelle", a précisé le président du Comité. Le public ne pourra pas participer à ce vote.
Les deux porte-drapeaux de chaque délégation, olympique et paralympique, ne pourront pas être issus de la même fédération sportive.
Les candidats seront annoncés "mi-juin" et seront départagés par un vote des athlètes sélectionnés, pas avant le 8 juillet "car la dernière commission de sélection a lieu le 5 juillet", précise David Lappartient.
L'ensemble des athlètes de la délégation olympique française participera au scrutin pour élire les porte-drapeaux, soit entre 560 et 565 sportifs.
- Avec ces critères, qui pour être porte-drapeau ?
À la lumière des critères énoncés et l'élimination de certains grands noms, quelques favoris se dégagent :
Pour les femmes :
- Mélina Robert-Michon : elle fait d'ores et déjà partie de l'histoire des JO grâce à sa longévité. Mélina Robert-Michon participera à Paris sa septième et probablement dernière olympiade. Extrêmement populaire, la lanceuse de disque est aussi un symbole de par son histoire : celle d'une femme revenue au sommet de son sport après une grossesse.
- Pauline Ferrand-Prévot : championne parmi les championnes, la cycliste a un palmarès long comme un Paris-Roubaix pluvieux sur tous les terrains, et une longue histoire avec les JO, qu'elle a disputés à Londres, Rio et Tokyo.
- Wendie Renard : déjà présente aux JO de 2012 et 2016, la capitaine emblématique de l’équipe de France de football peut prétendre à cette fonction. Elle a le plus beau palmarès du football français en club. Il ne lui manque désormais plus que le 1er titre de l'histoire du football féminin tricolore.
Chez les hommes :
- Florent Manaudou : candidat à cette fonction depuis plusieurs mois, l’athlète sera aussi capitaine du relais de la flamme olympique. À Paris, il pourrait décrocher une quatrième médaille olympique en quatre éditions, ce qu’aucun nageur français n’a réussi. Entre lui et sa sœur Laure, le lien avec l'olympisme des Manaudou n'est plus à prouver.
- Kevin Mayer : c'est un des plus grands noms français de l'athlétisme, une discipline qui a une place à part dans l'olympisme. Le décathlonien, déjà deux fois médaillé d'argent, a des arguments à faire valoir pour devenir porte-drapeau mais ses difficultés actuelles pour valider les minimas olympiques pourraient lui coûter le poste.
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Nicolas Batum : avec une médaille d’argent ramenée des JO de Tokyo, un membre de l'équipe de France de basket pourrait prétendre à cet honneur. Le capitaine des Bleus, Nicolas Batum, semble avoir le CV le plus solide, avec plus de 160 sélections au compteur et un palmarès aussi long que son allonge sur un parquet de basket.