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Irlande : victoire du "non" au référendum sur la famille et la place des femmes
Les Irlandais ont rejeté la réforme visant à modifier les références aux femmes et à la famille dans la Constitution de leur pays, rédigée en 1937 et héritière de la longue et forte influence de l'Église catholique sur la vie publique et privée.

"Je pense qu'il est clair à ce stade que les amendements (...) ont été rejetés", a annoncé samedi 9 mars devant la presse le Premier ministre Leo Varadkar, dont le gouvernement de centre-droit avait proposé la réforme.

"Il était de notre responsabilité de convaincre une majorité de personnes de voter 'oui' et nous avons échoué à le faire", a-t-il ajouté, alors que les résultats du référendum, dont la formulation avait été très critiquée, n'ont pas été encore officiellement publiés.

Coup dur symbolique pour les femmes, et à rebours d'une classe politique dont les principaux partis avaient défendu le "oui", les électeurs irlandais ont ainsi désapprouvé une modification de la Constitution qui entendait notamment élargir le concept de famille au-delà de la notion de mariage, et effacer le rôle prioritaire des mères à assurer les "devoirs domestiques" dans un foyer.

Mais ce référendum avait suscité peu d'enthousiasme, avec une participation qui n'a pas dépassé les 50 % dans la plupart des 39 circonscriptions, selon les estimations publiées par les médias irlandais.

Avant même la prise de parole du Premier ministre, plusieurs autres membres du gouvernement avaient d'ores et déjà concédé la défaite, le ministre à l'Égalité, Roderic O'Gorman, cité par le Irish Times, se disant déçu et regrettant que les gens n'aient "pas vu l'urgence en faveur du changement" de la Constitution.

"Jour triste"

L'Irlande, pays de l'Union européenne aux 5,3 millions d'habitants, a légalisé le mariage pour les couples de même sexe en 2015, et l'avortement en 2018.

Le gouvernement comptait sur ce double référendum, organisé le 8 mars, journée internationale des droits des femmes et au moment où la France entérinait l'inscription du droit à l'avortement dans sa propre Constitution, pour effacer un peu plus l'empreinte laissée par l'Église catholique dans les institutions du pays.

"C'est un jour triste pour ceux qui militent depuis des décennies pour se débarrasser de ces mots sexistes", dans la Constitution, a ainsi réagi la sénatrice travailliste Marie Sherlock sur la radio RTE.

"Le peuple a parlé. Il a fait entendre sa voix et doit être entendu. Les propositions du gouvernement ont échoué", a estimé de son côté la cheffe du Sinn Fein, Mary Lou McDonald, partisane du 'oui', accusant l'exécutif de n'avoir pas suffisamment consulté en amont sur la réforme proposée.

"C'est une victoire significative du peuple contre l'establishment politique", s'est de son côté félicité auprès de l'AFP Peadar Toibin, chef du parti conservateur Aontu, qui avait soutenu le "non".

"Le gouvernement avait défendu ces amendements comme s'ils étaient progressistes (...) mais en réalité ils ne l'étaient pas", en particulier en ce qui concerne leurs répercussions sur les soins dus aux plus fragiles dans la société, a-t-il ajouté.

Formulations vagues

Jusqu'à quelques jours du scrutin, les sondages prédisaient une victoire assez facile du 'oui', mais les derniers sondages avaient révélé une incertitude croissante.

Irlande : victoire du "non" au référendum sur la famille et la place des femmes

Les électeurs devaient se prononcer sur deux questions. La première concernait la définition de la famille, proposant de l'élargir au-delà de celle fondée sur le mariage, pour inclure également les "relations durables" comme les couples en concubinage et leurs enfants.

La seconde question proposait d'effacer une référence jugée dépassée sur le rôle des femmes dans le foyer, qui suggère qu'elles ont le devoir de prendre soin des autres personnes sous leur toit.

Une nouvelle formule, plus large, aurait imputé à tous les membres d'une famille la responsabilité de prendre soin les uns des autres.

Irlande : victoire du "non" au référendum sur la famille et la place des femmes

Les opposants à ces changements avaient critiqué des formulations vagues, en particulier sur la deuxième question, et la disparition des mots "femme" et "mère" du texte.

Des militants pour les droits des personnes handicapées accusaient aussi le texte de déresponsabiliser l'État en matière de prise en charge et de soin de ces personnes.

Avec AFP