
Tout le territoire ukrainien a été mis en alerte aérienne. La Russie a lancé, vendredi 29 décembre, une vaste série de frappes sur plusieurs villes à travers l'ensemble de l'Ukraine, ciblant notamment la capitale Kiev.
Au moins 39 personnes ont été tuées et blessé des dizaines d'autres dans les régions de Dnipropetrovsk (centre) et Soumy (Nord-Est), mais aussi à Kiev (centre-Nord), Odessa (Sud), Kharkiv (Nord-Est), Lviv (Ouest), et Zaporijjia (Sud).
"À l'heure actuelle, on dénombre malheureusement 39 morts" sur l'ensemble du pays, a annoncé samedi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ajoutant qu'une centaine de personnes avaient été blessées.
"Près de 120 villes et villages ont été touchés", a-t-il ajouté, précisant que les opérations de recherches continuaient. Rien qu'à Kiev, au moins 16 personnes ont été tuées vendredi, d'après l'administration locale.
"Jour de deuil"
Des corps continuaient d'être sortis des décombres samedi dans cette ville, où les attaques meurtrières s'étaient faites plus rares ces derniers mois.
Cette attaque a été "la plus importante en termes de victimes civiles", a affirmé samedi le maire de Kiev, Vitali Klitschko, qui a déclaré un "jour de deuil" pour le 1er janvier.
Pour le porte-parole de l'armée de l'air, Iouri Ignat, il s'agissait de "l'attaque de missiles la plus massive" du conflit, à l'exclusion des premiers jours de la guerre.
Selon l'état-major, Moscou a tiré près de 160 engins, dont des missiles de croisière et des drones explosifs Shahed.
Les réactions internationales n'ont pas tardé. Ces frappes sont des "agressions épouvantables", a déploré le secrétaire général adjoint de l'ONU Mohamed Khiari. "Le Secrétaire général condamne sans équivoque, dans les termes les plus forts, ces attaques effroyables perpétrées aujourd'hui contre des villes et des villages en Ukraine", a ajouté le diplomate onusien
Le Royaume-Uni a annoncé l'envoi d'environ 200 missiles anti-aériens à l'Ukraine pour renforcer ses défenses, appelant ses alliés à "redoubler d'efforts" pour soutenir militairement Kiev.
Soutien des alliés de l'Ukraine
De son côté, le président américain Joe Biden a exhorté le Congrès à "agir sans plus attendre" pour valider une nouvelle aide. "À moins que le Congrès ne prenne des mesures urgentes au cours de la nouvelle année, nous ne serons pas en mesure de continuer à envoyer les armes et les systèmes de défense aérienne, indispensables à l'Ukraine pour protéger son peuple", a averti le dirigeant.
Le président russe Vladimir Poutine "teste les défenses ukrainiennes et la détermination de l'Occident (...) et l'envoi aujourd'hui d'un ensemble de défense aérienne envoie un message irréfutable selon lequel, face à la barbarie russe, le Royaume-Uni reste absolument déterminé à soutenir l'Ukraine", a déclaré le ministre britannique de la Défense Grant Shapps, dans un communiqué.
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk, s'est déclaré "choqué" par la nouvelle vague de frappes russes en Ukraine, sommant Moscou de mettre fin "immédiatement" à ces attaques.
"Je suis choqué par la nouvelle série de frappes coordonnées et à grande échelle de missiles et de drones" - a affirmé M. Türk dans un communiqué, dans lequel il appelle la Russie à "mettre fin immédiatement à ces attaques en Ukraine et à respecter les lois internationales régissant les conflits".
La Pologne, membre de l'Otan, a affirmé qu'un missile russe est entré vendredi matin dans son espace aérien avant de le quitter en direction de l'Ukraine. "Tout indique qu'un missile russe a pénétré dans l'espace aérien polonais. Nous l'avons repéré au moyen d'un radar. Il a quitté cet espace" aussitôt, en direction de l'Ukraine, a déclaré le chef de l'état major de l'armée polonaise, général Wieslaw Kukula.
"Toutes les cibles ont été atteintes" dans les frappes russes ayant visé l'Ukraine cette semaine, a affirmé le ministère russe de la Défense, dans un communiqué, précisant que la Russie a effectué plus de 50 frappes, dont une "frappe d'envergure" en Ukraine entre le 23 et 29 décembre contre des sites d'infrastructures militaires, des dépôts de munition et des lieux de déploiement des soldats ukrainiens et des mercenaires étrangers.
Quelque 110 missiles ont été tirés par la Russie contre l'Ukraine, selon Volodymyr Zelensky.
"Aujourd'hui, la Russie a utilisé presque tous les types d'armes de son arsenal", a déclaré le président ukrainien sur le réseau social X (ex-Twitter). "Au total, environ 110 missiles ont été tirés contre l'Ukraine et la majorité d'entre eux ont été abattus", a-t-il ajouté.
A maternity ward, educational facilities, a shopping mall, multi-story residential buildings and private homes, a commercial storage, and a parking lot. Kyiv, Lviv, Odesa, Dnipro, Kharkiv, Zaporizhzhia, and other cities.
Today, Russia used nearly every type of weapon in its… pic.twitter.com/q5q8Q98Njr
Vladimir Poutine "ne reculera devant rien"
"Il y a des morts aujourd'hui, tués par des missiles russes lancés sur des installations civiles, des bâtiments civils", a dénoncé Andriy Yermak, le chef de cabinet de Volodymyr Zelensky.
"Nous faisons tout notre possible pour renforcer notre bouclier aérien. Mais le monde doit voir que nous avons besoin de plus d'aide et de moyens pour arrêter cette terreur", a-t-il ajouté sur le réseau social Telegram.
Ces frappes surviennent après que la Russie a confirmé, mardi, qu'un de ses vaisseaux, le grand navire de débarquement Novotcherkassk, avait été endommagé dans une attaque de Kiev en Crimée annexée.
La dernière vague massive de frappes russes sur l'Ukraine montrent que le président russe Vladimir Poutine "ne reculera devant rien", a dénoncé le Premier ministre britannique Rishi Sunak, appelant à soutenir Kiev "aussi longtemps qu'il le faudra".
"Ces attaques généralisées contre les villes ukrainiennes montrent que (Vladimir) Poutine ne reculera devant rien pour atteindre son objectif d'éradiquer la liberté et la démocratie. Nous ne le laisserons pas gagner", a déclaré Rishi Sunak sur X (ex-Twitter).
These widespread attacks on Ukraine's cities show Putin will stop at nothing to achieve his aim of eradicating freedom and democracy.
We will not let him win.
We must continue to stand with Ukraine – for as long as it takes. https://t.co/cf6aDNwPjD
La France a elle aussi condamné "avec la plus grande fermeté" la "stratégie de terreur visant à détruire les infrastructures civiles ukrainiennes".
Paris "continuera à soutenir l'Ukraine et à lui fournir l'aide nécessaire pour lui permettre d'exercer sa légitime défense, en étroite coordination avec ses partenaires", a ajouté le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
L'ambassadrice américaine à Kiev a affirmé que l'Ukraine avait "besoin de fonds dès maintenant" pour faire face aux bombardements russes.
"L'Ukraine a besoin de fonds maintenant pour continuer à se battre pour se libérer d'une telle horreur en 2024", a indiqué Bridget Brink sur X.
This is what Ukrainians see on their phones this morning: and as a result, millions of men, women, and children are in bomb shelters as Russia fires missiles across the country. Ukraine needs funding now to continue to fight for freedom from such horror in 2024. pic.twitter.com/0nOW4lR70Q
— Ambassador Bridget A. Brink (@USAmbKyiv) December 29, 2023Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a lui aussi réagi, condamnant l'une des "plus importantes attaques" russes, "frappant des villes et la population" en Ukraine, et accusant Moscou de cibler des civils.
"Il s'agit d'une nouvelle série de frappes lâches et aveugles frappant des écoles, une station de métro et un hôpital, qui ont fait au moins seize morts", a déclaré Josep Borrell sur les réseaux sociaux. "L'UE se tiendra aux côtés de l'Ukraine, aussi longtemps qu'il le faudra", a promis le patron de la diplomatie européenne.
Un hôpital endommagé, une maternité touchée
À Kharkiv, au moins dix frappes ont été menées, en deux vagues.
"Une personne a été tuée à la suite des attaques de l'occupant sur Kharkiv. Huit personnes ont été blessés", a déploré le gouverneur de la région, Oleg Sinegoubov. Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, a pour sa part annoncé que sept personnes étaient "actuellement hospitalisées dans la capitale".
Un hôpital du quartier de Kyivskyi a également été endommagé, a indiqué la police locale.
Le maire de Kharkiv, Igor Terekhov, a précisé que les frappes avaient été menées par des missiles S-300 et X-22, et qu'elles ont perturbé l'approvisionnement électrique des transports.
À Odessa, un immeuble a été endommagé à la suite d'une frappe survenue dans la nuit mais l'incendie qui en a résulté a été rapidement maîtrisé, a indiqué le maire, Gennady Trukhanov.
Une maternité a également été touchée mais les patientes et le personnel avaient pu être évacués à temps, a dit le ministère de la Santé.
L'ouest du pays également visé.
Des "missiles guidés"
À Lviv, une ville plus rarement visée, son homologue Andriy Sadovyi a évoqué "deux frappes" dans une attaque menée au total par "dix Shahed" au niveau de la région.
Le gouverneur de la région de Lviv, Maksym Kozytsky, a fait état d'une attaque de drones dans la nuit, puis des responsables locaux ont signalé des explosions au petit matin après une alerte aux missiles. Une infrastructure "critique" a été touchée, a-t-il dit sans plus de précisions.
Les autorités ont également rapporté des explosions dans la région de Dnipro.
Selon l'armée, des "missiles guidés" ont été tirés par des bombardiers russes Tu95MS.
Avec AFP et Reuters