"Je pense que nous avons peut-être été un peu sous-estimés défensivement." Cet euphémisme de William Troost-Ekong au début de CAN 2024 résume bien le parcours du Nigeria dans la compétition. Éclipsée par les "4 Fantastiques" qui mènent l'attaque des Super Eagles, la défense est pourtant le point fort de cette équipe.

Le Nigeria possède même la meilleure défense des quatre demi-finalistes, avec un seul but encaissé durant la compétition. "Nous avons l'attaque la plus emballante d'Afrique. Ça n'est pas une surprise, mais je sais aussi ce que nos défenseurs peuvent faire", expliquait le capitaine Troost Ekong à l'AFP avant le troisième match de poule (victoire contre la Guinée-Bissau 1-0).

Live Nigeria - Afrique du Sud en direct : suivez la première demi-finale de la CAN 2024 à 18h

"Je pense que c'est peut-être la meilleure équipe du Nigeria dans laquelle j'ai joué, avec tout le respect que je dois aux légendes qui ont porté ce maillot", ajoute Troost-Ekong (69 sélections, 5 buts). En 20 participations, c'est pourtant la 16^e fois de leur histoire que les Nigérians sont en demi-finales d'une Coupe d’Afrique des nations, égalant le record de l'Égypte (26 participations).

Oranje ou Super Eagle ?

S'il connaît bien l'histoire du foot nigérian, Troost-Ekong aurait aussi pu jouer avec la sélection… néerlandaise ! Né à Haarlem, au Pays-Bas, il y a trente ans, il a grandi à Amsterdam, puis à Londres, en internat à partir de 12 ans. Le défenseur a ensuite fait ses gammes à Fulham, puis à Tottenham, en Angleterre.

Mais il rentrait chaque été pour les vacances dans le pays de son père, homme d'affaires à Lagos. "Je m'y sens vraiment chez moi", insiste-t-il.

"Je rêvais aussi de jouer pour l'équipe nationale néerlandaise", admet-il. "Quand Stephen Keshi [sélectionneur en 2015] m'a téléphoné [...], j'ai été un peu surpris qu'il me demande de jouer pour le Nigeria. Je n'ai pas eu à y réfléchir à deux fois."

"Je pense que j'ai dit oui avant même de penser à quoi que ce soit ou de demander à quelqu'un, parce que ça me semblait la bonne décision. Et je ne me suis jamais retourné depuis", poursuit le défenseur.

Intelligence et leadership

Gernot Rohr, qui a tenu les rênes de la sélection nigériane entre 2016 et 2021, ne tarit pas d'éloges sur le défenseur : "Il a un impact tactique sur les autres compte tenu de son intelligence", explique-t-il à l'AFP.

"William replace ses coéquipiers, il sait faire respecter la ligne du hors-jeu, faire remonter la défense... En outre, il a une excellente frappe, un jeu long de qualité, et un jeu aérien au-dessus de la moyenne", complète le technicien franco-allemand.

Troost-Ekong "a un vrai leadership, il est écouté, tout en restant à sa place", dit encore Gernot Rohr, actuel sélectionneur du Bénin et présent à la CAN en tant que consultant.

En dehors du terrain, Troost-Ekong met son leadership au profit de l'écologie, un combat qui lui tient particulièrement à cœur.

"J'ai trois enfants de moins de cinq ans [...]. Je veux laisser la planète dans un meilleur état pour eux et les générations à venir, que ce soit en réfléchissant à la voiture que je conduis, à la façon dont j'utilise l'énergie à la maison ou à la manière dont je sensibilise les autres grâce à ma plateforme en tant que joueur", raconte-t-il sur le site de Fifpro, le syndicat international des joueurs.

Empreinte carbone et crampons recyclables

Après avoir joué dans les championnats néerlandais, belge, norvégien et turc, le joueur à posé ses valises en Angleterre, à Watford, de 2020 à 2023. Quand il est transféré à Salernitana, en Italie, il y a un an, il décide de rendre son voyage neutre en carbone.

"Nous avons calculé que j'avais accumulé une empreinte carbone totale d'un peu moins d'une tonne, que nous avons compensée en plantant des arbres par l'intermédiaire de l'organisme Alberami. J'ai visité une ferme à Torano Castello, à environ deux heures de Salerne, pour planter un olivier et en apprendre davantage sur l'impact du changement climatique sur la terre."

Même chose six mois plus tard lorsqu'il est transféré en Grèce, au PAOK Salonique, où il est à la recherche d'un projet pour compenser 1,5 tonne d'empreinte carbone. Il plaide d'ailleurs pour que les instances internationales du football prennent en compte l'impact sur l'environnement lors des déplacements des joueurs et des transferts.

Autre détail – qui n'en est pas un – à la CAN, il est le premier joueur à évoluer sur la scène internationale avec des chaussures et des crampons recyclables. Il a participé à leur création avec l'équipementier Sokito : elles sont faites de résidus de maïs, bambou et canne à sucre. Désormais, deux de ses coéquipiers au Nigeria en portent également, Chidozie Awaziem et Ola Aina.

"Un seul joueur portant des chaussures recyclables ne fera peut-être pas une grande différence, mais la sensibilisation à cette cause pourrait avoir un effet d'entraînement vraiment magnifique."

Et ce d'autant plus si cette chaussure, qui a inscrit un penalty contre la Côte d'Ivoire au 1^er tour, s'illustre sur un nouveau geste décisif en demi-finale !

Avec AFP