Des hommes armés ont tué neuf ressortissants pakistanais en attaquant samedi 27 janvier une habitation dans le sud-est de l'Iran, a indiqué un média iranien, une semaine après un échange de frappes meurtrières entre l'Iran et Pakistan dans cette région frontalière troublée.
"Selon des témoins, des hommes armés ont tué neuf personnes non-iraniennes dans une maison près de la ville de Saravan", dans la province du Sistan-Baloutchistan, avait dans un premier temps rapporté l'agence Mehr. À l'heure actuelle, aucun groupe n'a encore endossé la responsabilité de cette attaque survenue dans la matinée, selon l'agence.
Téhéran et Islamabad s'accusent fréquemment et mutuellement d'abriter des groupes rebelles et de leur permettre de lancer des attaques à partir de leur territoire respectif.
Une attaque "horrible" et "méprisable"
L'ambassadeur pakistanais en Iran, Muhammad Mudassir Tipu, qui a été reçu samedi par le président iranien Ebrahim Raïssi, s'est dit "profondément choqué par le meurtre horrible de neuf Pakistanais à Saravan" dans un message sur le réseau X (anciennement Twitter). "Nous appelons la coopération totale de l'Iran dans cette affaire", a-t-il ajouté.
La porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères, Mumtaz Zahra Baloch, a pour sa part condamné une attaque "horrible" et "méprisable", demandant aux autorités iraniennes "d'enquêter sur l'incident et de demander des comptes à ceux qui sont impliqués dans ce crime odieux".
L'ambassade du Pakistan en Iran "fera de son mieux pour rapatrier les corps des victimes au plus tôt", a-t-elle poursuivi, affirmant que "de telles attaques lâches ne peuvent dissuader le Pakistan de sa détermination à lutter contre le terrorisme".
À Téhéran, Muhammad Mudassir Tipu a présenté samedi ses lettres de créance à Ebrahim Raïssi, a indiqué la présidence sur son site, une cérémonie qui a mis fin à une brève crise diplomatique entre les deux pays.
"Les frontières sont une opportunité pour les échanges économiques et l'amélioration de la sécurité des voisins, et il est nécessaire de protéger cette opportunité contre tout élément d'insécurité", a déclaré Ebrahim. Raïssi lors de la rencontre. Il a qualifié les deux pays de "frères" aux relations "indéfectibles".
Affrontements récurrents
Le 16 janvier, l'Iran avait mené une attaque à l'aide de missiles et de drones contre un groupe "terroriste" sur le territoire du Pakistan, qui a riposté le 18 janvier en visant à son tour des "caches terroristes" en Iran. Ces deux attaques ont fait au total 11 morts, essentiellement des femmes et des enfants, selon les autorités.
Elles ont provoqué une brève crise diplomatique, le Pakistan ayant rappelé son ambassadeur à Téhéran et annoncé que l'ambassadeur d'Iran au Pakistan, qui se trouvait dans son pays, serait empêché de revenir à Islamabad.
Mais les deux pays ont ensuite annoncé, le 22 janvier, le retour à la normale dans leurs relations et une prochaine visite du chef de la diplomatie iranienne Hossein Amir-Abdollahian dans la capitale pakistanaise.
Ces bombardements réciproques avaient provoqué l'inquiétude de la communauté internationale au moment où le Proche-Orient est secoué par la guerre qui oppose le mouvement islamiste palestinien Hamas à Israël dans la bande de Gaza.
La province du Sistan-Baloutchistan est l'une des plus pauvres d'Iran, abritant majoritairement la minorité ethnique baloutche, qui adhère à l'islam sunnite plutôt qu'à la branche chiite prédominante en Iran.
Les affrontements sont récurrents entre d'un côté les forces de sécurité iraniennes, et de l'autre des rebelles de la minorité baloutche et groupes sunnites radicaux ainsi que trafiquants de drogue.
Avec AFP