En 1989, à Timisoara, débutaient les manifestations qui vinrent à bout de la dictature de Ceausescu. La Roumanie est le seul pays où la chute du régime communiste fut marqué par la violence : plus de 1 000 personnes ont été tuées lors du soulèvement.
AFP - Timisoara, ville symbole où débutèrent les grandes manifestations contre le régime communiste de Nicolae Ceausescu, commémore mercredi le 20e anniversaire de la révolte qui fit passer la Roumanie de la dictature à la démocratie.
Le Polonais Lech Walesa, chef historique du syndicat Solidarité, et le premier président post-communiste de la Hongrie, Matyas Szuros, ont fait le voyage vers la quatrième ville de Roumanie, dans l'ouest du pays, pour ces commémorations qui dureront sept jours.
"Aujourd'hui, nous nous demandons tous quel est le moment exact qui a marqué l'effondrement du communisme", s'est interrogé Lech Walesa mardi soir lors d'une conférence sur l'effondrement des régimes communistes en Europe de l'Est.
"Certains disent 1989, mais je ne suis pas d'accord, car chaque pays s'est battu et a gagné sa liberté à sa manière", a-t-il ajouté en faisant référence au Printemps de Prague en 1968 ou à l'insurrection de 1956 en Hongrie, sévèrement réprimée.
Mercredi, des dizaines de personnes se sont rassemblées près du temple de la minorité hongroise, rue Timotei Cipariu, reconstituant les manifestations de 1989 qui avaient débuté pour protester contre l'expulsion du pasteur protestant Laszlo Tokes par les autorités communistes.
Tokes, aujourd'hui pasteur à Oradea (nord-ouest) et eurodéputé pour le petit parti de la minorité hongroise de Roumanie (UDMR), critiquait le régime dans ses prêches. Il est décrit comme "l'étincelle" qui déclencha la révolution.
A côté de la porte du temple, une plaque en roumain, hongrois, allemand et serbe, langues des différentes communautés de Timisoara, signale: "Ici débuta la révolution qui a mis fin à la dictature".
"A bas le communisme", "liberté", ont scandé les personnes rassemblées mercredi, certaines venues avec des bougies, a constaté une journaliste de l'AFP.
"C'est important de ne pas oublier ce qui s'est passé sous le communisme car si on oublie cela peut toujours se reproduire", a déclaré à l'AFP Viorel Tarziu, un économiste qui avait été arrêté durant les manifestations de décembre 1989 et qui est venu mercredi avec son fils de sept ans.
Une dizaine de tramways recouverts d'images de la révolte de Timisoara, sont arrivés sur les lieux et ont été symboliquement arrêtés par les personnes rassemblées.
En 1989, des jeunes avaient arrêté le tramway de Timisoara alors que la révolte prenait de l'ampleur.
Mercredi, les manifestants ont réclamé la vérité sur ce qui s'est passé lors du soulevement, alors que la justice peine à faire la lumière sur l'éfussion de sang. Des anciens révolutionnaires ont mis en cause mercredi Ion Iliescu, ancien haut responsable du Parti Communiste, le premier président de la Roumanie après la chute de Nicolae Ceausescu.
"La vérité ne sera jamais connue. Les coupables ont tout fait pour la couvrir", a déclaré Valeriu Marcu, arrêté lors des manifestations de décembre 1989.
Des bougies ont été allumées dans la soirée en formant une grande croix sur la place de la Victoire où s'étaient massés les manifestants, avant la répression sanglante de l'armée. 93 personnes ont été tuées dans cette ville.
Après Timisoara, les manifestations avaient gagné Bucarest à partir du 21 décembre.
Le 22, le dictateur Nicolae Ceausescu et sa femme Elena prirent la fuite avant d'être jugés sommairement puis exécutés le 25 décembre.
La Roumanie est le seul pays où l'effondrement du régime communiste fut marqué par la violence. 1.104 personnes ont été tuées lors du soulèvement et 3.552 blessées.