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Iran : polémique après le décès d'une Iranienne arrêtée par la police des mœurs

Une jeune Iranienne qui avait été arrêtée mardi à Téhéran par la police des mœurs, est décédée vendredi, a annoncé la télévision officielle, déclenchant l'ire des internautes et des manifestations dans les rues. Les États-Unis ont également jugé l'incident "impardonnable".

En Iran, les forces de sécurité iraniennes ont dispersé à coup de gaz lacrymogènes une manifestation dans le nord-ouest du pays, samedi 17 septembre, après la mort de Mahsa Amini, une jeune femme de 22 ans, décédée suite à son arrestation par la police des mœurs à Téhéran, ont rapporté des médias locaux.

Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ont montré des manifestants scandant des slogans antigouvernementaux dans plusieurs villes dont Saqez, cité natale de jeune Iranienne Mahsa Amini, décédée vendredi dans un hôpital de Téhéran. Des rassemblements ont également eu lieu samedi dans la capitale de la province Sanandaj où on eu lieu des confrontations avec la police anti-émeute. 

Mahsa Amini avait été arrêtée mardi à Téhéran lors d'une visite à Téhéran avec sa famille par l'unité spéciale de la police chargée d'appliquer les règles vestimentaires strictes pour les femmes, dont l'obligation de se couvrir les cheveux avec un foulard.

La police de Téhéran de son côté indiqué jeudi que Mahsa Amini avait été arrêtée avec d'autres femmes pour recevoir des "instructions" sur les règles vestimentaires. "Elle a soudainement souffert d'un problème cardiaque (...) elle a été immédiatement transportée à l'hôpital", a-t-elle affirmé. La télévision d'Etat a annoncé vendredi sa mort après trois jours dans le coma. 

Une mort jugée "impardonnable" par Washington.

"Pas de contact physique" affirme la police

Dans un communiqué, la police de Téhéran a confirmé le décès, affirmant "qu'il n'y avait pas eu de contact physique" entre les agents de police et la femme.

Mardi, Mahsa Amini "ainsi qu'un certain nombre de personnes, en raison du port de vêtements inappropriés, ont été conduites vers l'un des quartiers généraux de la police" mais "elle s'est soudainement évanouie alors qu'elle était avec d'autres personnes dans une salle de réunion".

La télévision d'État a montré de son côté des extraits d'une vidéo montrant une salle, visiblement au commissariat, où l'on peut voir de nombreuses femmes. L'une d'elle, présentée comme Mahsa Amini, se lève pour discuter avec une "instructrice" au sujet de sa tenue vestimentaire, puis elle s'effondre. Dans un autre extrait, le service d'urgence transporte le corps de la femme vers une ambulance.

La police avait déclaré plus tôt que la défunte avait eu une crise cardiaque. Ses proches ont affirmé qu'elle ne souffrait d'aucune maladie cardiaque

Ouverture d'une enquête

Les autorités ont demandé des enquêtes pour établir les causes de la mort de Mahsa Amini. La présidence iranienne a indiqué dans un communiqué que le président, Ebrahim Raïssi, avait chargé le ministre de l'Intérieur d'enquêter sur cette affaire.

L'autorité judiciaire du pays a également annoncé via son agence de presse Mizan Online la formation d'un groupe spécial pour ouvrir une enquête.

Le ministre de l'Intérieur, Abdolreza Rahmani Fazli, a déclaré à la télévision d'État qu'il n'y avait aucune information selon laquelle la défunte aurait été battue.

Critiques des personnalités

Plusieurs personnalités du monde du sport et des arts ont publié des critiques sur la mort de la jeune femme sur les réseaux sociaux. Le politicien réformateur Mahmoud Sadeghi, connu pour son franc-parler, a demandé au leader suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, sur Twitter de s'exprimer comme lors du meurtre de George Floyd par la police américaine en 2020, qu'il avait dénoncé.

Selon des publications sur les médias sociaux vérifiées par l'agence Reuters, on peut voir des vidéos montrant des manifestants des manifestants scandant "Mort au dictateur (Khamenei)", tandis que des automobilistes klaxonnent pour soutenir les manifestations sur une place de Téhéran, près de l'hôpital où avait été transportée Mahsa Amini, entourés par de très nombreux policiers.

La Maison Blanche a jugé sa mort "impardonnable", a déclaré vendredi le conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden. "Nous continuerons à tenir responsables les dirigeants iraniens pour de telles violations des droits humains", a écrit Jake Sullivan sur Twitter.

We are deeply concerned by the death of 22-year-old Mahsa Amini, who was reportedly beaten in custody by Iran’s morality police. Her death is unforgivable. We will continue to hold Iranian officials accountable for such human right abuses. #MahsaAmini مهسا_امینی#

— Jake Sullivan (@JakeSullivan46) September 16, 2022

Polémique grandissante autour de la police des mœurs

L'incident survient alors que la controverse enfle sur la conduite de cette police des mœurs qui patrouille dans les rues pour vérifier l'application dans les lieux publics de la loi sur le foulard et d'autres règles islamiques.

En juillet, la police s'était retrouvée au centre d'une polémique après la diffusion d'une vidéo devenue virale montrant une femme implorant la libération de sa fille devant une camionnette de police où elle se trouvait. La mère avait essayé d'empêcher le véhicule de partir, s'y accrochant, mais la camionnette avait réussi à partir à grande vitesse.

Depuis la révolution islamique de 1979, la loi exige que toutes les femmes, quelle que soit leur nationalité ou leurs croyances religieuses, portent un voile qui recouvre la tête et le cou tout en dissimulant les cheveux.

Cependant, ces deux dernières décennies, de plus en plus de femmes à Téhéran et dans d'autres grandes villes laissent des mèches de cheveux, voire plus, dépasser de leur voile.

Ces derniers mois, des militants des droits de l'homme ont encouragé les femmes à se montrer tête nue en public, un geste considéré comme "immoral" par le code vestimentaire islamique.

Avec AFP & Reuters