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Les pays européens à l'épreuve des canicules, plus intenses et plus fréquentes

Selon un récent rapport, les vagues de chaleur augmentent de manière "disproportionnée" en Europe. En témoigne celle qui déferle actuellement sur l'Europe de l'ouest, provoquant des feux de forêts dévastateurs dans la péninsule ibérique et dans le sud-ouest de la France. Annoncée par les météorologues comme aussi puissante que celle de 2003, la canicule devrait également frapper le Royaume-Uni qui a déclenché l'"alerte rouge" chaleur extrême pour la première fois de son Histoire.

Après l'Espagne et le Portugal, la France subit une nouvelle vague de chaleur. Celle-ci devrait ensuite frapper de plein fouet, et de manière inédite, le Royaume-Uni et l'Irlande. En France, comme dans les pays de la péninsule ibérique, cette deuxième vague en quelques semaines s'accompagne de violents feux de forêt, conséquences de ces chaleurs extrêmes sur des terres en situation de grande sécheresse.

Alors que l'Europe occidentale se remet tout juste d'une première vague de chaleur, survenue précocement à la mi-juin, les météorologues sont plus alarmistes quant à la dureté de celle qui s'installe tout juste. Selon eux, l’épisode caniculaire exceptionnel attendu ces prochains jours pourrait atteindre, voire dépasser, l’ampleur de celui, traumatisant, survenu en 2003, qui avait fait quelque 70 000 morts en Europe (dont plus de 15 000 en France).

Doit-on prendre le risque de l'inédit/d'un événement "cygne noir" au sérieux?
La réponse est assurément OUI: les planètes st alignées. Impossible de l'assurer a 7j d'échéance mais l'impact d'une canicule +forte que 2003 serait telle qu'il faut l'anticiper a ts les niveaux!
24/N

— Christophe Cassou (@cassouman40) July 10, 2022

Les vagues de chaleur européennes augmentent de manière "disproportionnée", assurent les scientifiques dans une étude publiée dans la revue Nature, le 4 juillet dernier. Selon cette étude, l'Europe, en proie à des vagues de chaleur de plus en plus intenses et de plus en plus fréquentes, est devenue un véritable "point névralgique" des canicules ces 42 dernières années.

Si la chaleur et la sécheresse en Californie font souvent l'actualité, les chercheurs estiment que le Vieux Continent se réchauffe plus vite (3 à 4 fois) que l'ouest américain et que les autres régions du monde situées aux mêmes latitudes, dans l'hémisphère nord.

Des vagues de chaleur aux incendies

Dans l'Hexagone, une nouvelle envolée du mercure s'amorce dimanche, et jusque mardi. L'air chaud provient directement d'Espagne et du Portugal, des pays où plusieurs records de chaleur ont d'ores et déjà été battus. Jeudi 14 juillet, 47 °C ont été relevés à Pinhão, dans le nord du Portugal, soit la température la plus élevée enregistrée en juillet dans ce pays, si elle est confirmée officiellement.

À Lousã, dans le centre, 46,3 °C avaient déjà été atteints mardi. Quant à la capitale, Lisbonne, 41,4 °C ont été relevés - là aussi, une température inédite pour un mois de juillet.

Les pays européens à l'épreuve des canicules, plus intenses et plus fréquentes

De la chaleur, bien souvent le feu est le corollaire. En Grèce, la bataille contre les flammes a fait deux morts, mercredi, lorsqu'un hélicoptère s'est écrasé en mer alors qu'il tentait d'éteindre un feu de forêt sur l'île de Samos. Au Portugal, plus de 2 000 pompiers ont été mobilisés à travers le pays, vendredi, pour lutter contre quatre foyers toujours actifs, annonçaient le jour-même les services de protection civile portugais. En une semaine, les feux y ont ravagé quelque 13 500 hectares, d'après les données disponibles sur le site du système européen d'information sur les incendies de forêt (EFFIS).

Dans le sud-ouest de la France aussi, en Gironde, les pompiers sont à pied d'œuvre. Depuis mardi, plus de 14 000 personnes ont été évacuées de leurs maisons et campings alors que les incendies de forêt font rage. Plus de 11 000 hectares ont été détruits par deux grands incendies de forêt, selon un communiqué publié par la police départementale.

Environ 1 000 pompiers des brigades locales et nationales sont mobilisés depuis mardi pour stopper la propagation des incendies. Six avions bombardiers d'eau ont également été déployés.

???? Les incendies de la Teste-de-Buch / Cazaux et de Landiras sont malheureusement toujours actifs et ont déjà brûlé 7.300 hectares, une surface très importante ! (© SDIS33) pic.twitter.com/xlvpHRbXZs

— Météo Express (@MeteoExpress) July 15, 2022

En 2003, plus de 61 500 hectares de forêt - principalement dans le Midi - sont partis en fumée lors des très fortes chaleurs du mois d’août, qui ont duré 16 jours consécutifs. Le département du Var "totalise à lui seul le tiers des superficies de forêt incendiées en 2003", précise Vincent Clément, maître de conférences à l’École normale supérieure de Lyon, dans son rapport "La France méditerranéenne en feu".

Au Portugal, il y a 19 ans, les incendies avaient ravagé 40 % de la superficie totale des forêts du pays et provoqué la mort de 18 personnes ; en Espagne, 300 km2 de forêt ont déjà disparu, dont plus de 13 km2 en Catalogne (nord-est).

Au Royaume-Uni, "alerte rouge" chaleur extrême pour la première fois

Le pic de chaleur monte vers le nord de la France et ne s'arrêtera pas en si bon chemin. En prévision des températures records qui pourraient dépasser les 40 °C, le Met Office, service national britannique de météorologie, a émis pour la première fois une alerte rouge "chaleur extrême".

La température record du Royaume-Uni, 38,7°C, pourrait être dépassée, assure le Met Office. "Certains modèles ont produit des températures maximales supérieures à 40°C dans certaines parties du Royaume-Uni, au cours du week-end et au-delà", a déclaré Rebekah Sherwin, cheffe météorologiste adjointe du Met Office.

En 2003, au Royaume-Uni, la vague de chaleur a sévi surtout au sud, mais la chaleur a été moins importante qu'en France, et sa durée plus courte.

Unprecedented dangerously high temperatures by day and night next week. pic.twitter.com/E2Hosv4vJG

— Met Office (@metoffice) July 15, 2022

Spécialiste du climat au Met Office, Nikos Christidis souligne auprès de l'AFP que le "réchauffement climatique influence déjà la possibilité de températures extrêmes dans le pays".

Les risques d'atteindre les 40 °C "pourraient être dix fois plus probables dans le climat actuel que sous un climat naturel qui ne serait pas affecté par l'influence humaine", ajoute-t-il. Le service britannique de météorologie souligne que "la fréquence, la durée et l'intensité de ces événements ces dernières décennies sont clairement liées au réchauffement de la planète et peuvent être attribuées à l'activité humaine".

Mieux préparés aujourd'hui ?

Selon les scientifiques, ces étés caniculaires vont peu à peu devenir la norme, d'où la nécessité d’adopter une politique d’adaptation au changement climatique.

Le chef des pompiers, Grégory Allione, a appelé à un renforcement urgent du système français de lutte contre les incendies, menacé d'être débordé par le réchauffement climatique. "Il va falloir s'équiper encore plus" car le dispositif pourrait craquer "si on devait être soumis à plusieurs gros départs de feu en même temps sur le territoire", a-t-il dit à l'AFP.

"Un programme de renaturation des villes, et des centres-villes, va être lancé, doté d'un fonds important de 500 millions d'euros" annonçait la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire le 14 juin dernier.

Selon l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE), la France n’est aujourd'hui pas assez bien armée pour s’adapter aux canicules, incendies et inondations. Il faudrait que la France investisse au moins 2,3 milliards d’euros par an pour rattraper son retard.

Avec AFP