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États-Unis : la ville de Buffalo, sous le choc, rend hommage aux victimes de la fusillade

Des habitants de la ville Buffalo se sont rassemblés dimanche devant l'enseigne où un jeune homme avait tué, la veille, dix personnes, dont une majorité d'Afro-Américains. Les autorités ont dénoncé une tuerie à caractère raciste. 

Sous le choc, les habitants de la ville de Buffalo, dans l'État de New York, ont rendu hommage, dimanche 15 mai, aux dix personnes tuées la veille dans un supermarché par un homme blanc de 18 ans. Une fusillade décrite par les autorités comme "un crime raciste motivé par la haine" – la majorité des victimes sont afro-américaines.

"Certains d'entre nous sont très en colère", a lancé le pasteur T. Anthony Bronner lors d'une veillée devant le parking du supermarché Tops. Une large foule s'est réunie sur le lieu du drame pour prier et déposer des gerbes de fleurs, scandant le mot "unité". Une autre veillée avait lieu dans une église où le maire de Buffalo, Byron Brown, s'est dit "dévasté" face à cette "attaque raciste et violente".

Le président américain Joe Biden et son épouse se rendront mardi à Buffalo "pour partager la douleur d'une communauté qui a perdu dix des siens dans une tuerie de masse horrible et insensée", selon un communiqué de la Maison Blanche.

Le tireur, identifié comme Payton Gendron, 18 ans, a conduit plus de 300 km depuis son lieu de résidence à Conklin dans le sud de l'État, pour perpétuer ce massacre, effectuant même "une opération de reconnaissance" la veille des faits, selon les autorités.  

"Comment un garçon de 18 ans peut-il se procurer une arme ?", s'est exclamé auprès de l'AFP Derryl Long, né à Buffalo et habitant dans la ville voisine de Chautauqua. "Je n'arrive pas à comprendre ce qui a bien pu se passer dans la tête de cet homme pour conduire trois heures jusqu'ici, jusqu'à ce (supermarché) Tops parce qu'il savait que c'était un quartier noir."

"Un crime raciste motivé par la haine"

"Cet individu est venu avec l'objectif de tuer le plus de personnes noires possible", a résumé Byron Brown lors d'une conférence de presse. 

"Les preuves que nous avons réunies jusqu'à présent ne laissent aucun doute sur le fait que c'est un crime raciste motivé par la haine et qu'il sera jugé comme tel", a assuré le chef de la police locale, Joseph Gramaglia. 

Le "crime motivé par la haine" désigne aux États-Unis un acte dirigé contre une personne visée en raison d'éléments de son identité comme la race, la religion, la nationalité, l'orientation sexuelle ou un handicap. Considéré comme une infraction fédérale aux circonstances aggravantes, il entraîne des condamnations plus dures.

"Nous devons travailler ensemble pour combattre la haine qui demeure une tache sur l'âme de l'Amérique", a insisté dimanche Joe Biden à Washington.

Payton Gendron avait pointé son arme contre lui, au niveau de son cou, avant de finalement se rendre aux forces de l'ordre. Poursuivi pour "meurtre avec préméditation", il a plaidé non coupable lors d'une première comparution devant un juge. 

Diffusion en direct sur Twitch 

Le jeune homme portait une caméra et a diffusé son crime en direct sur Twitch – la plateforme a cependant assuré avoir supprimé le contenu "deux minutes" après le début de sa diffusion. Il a aussi publié un "manifeste" à caractère raciste de 180 pages avant les faits, selon les médias américains.  

Selon le New York Times, qui cite ce "manifeste", le suspect a été "inspiré" par des crimes commis par des suprémacistes blancs, notamment le massacre en 2019 de 51 fidèles dans deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande. 

Le journal Buffalo News a par ailleurs révélé qu'un mot injurieux, raciste et tabou aux États-Unis pour désigner les personnes noires avait été peint en blanc sur le canon de l'arme.

"C'était du terrorisme intérieur, purement et simplement", a déclaré de son côté la procureure générale de New York, Letitia James, qui s'est rendue à Buffalo pour assister à la veillée. 

Dénonçant un acte "raciste" et une "exécution de style militaire", la gouverneure de l'État de New York, Katy Hochul, a exprimé sa colère et souligné la responsabilité des réseaux sociaux. "Les réseaux sociaux permettent à cette haine de fermenter et de se répandre comme un virus", a-t-elle déploré.

Avec AFP