
Le président tunisien, Kaïs Saïed, a annoncé, dimanche, l’instauration d’un "dialogue national", attendu depuis des mois, duquel seront exclus les forces politiques qu’il juge responsable de la crise politico-économique dans le pays.
Le président tunisien, Kaïs Saïed a annoncé la tenue d’un "dialogue national" dont seront exclues plusieurs formations politiques, dont le parti d'inspiration islamiste Ennahda.
Dans une allocution prononcée, dimanche 2 mai au soir, pour la fête musulmane de l'Aïd marquant la fin du ramadan, Kaïs Saïed a indiqué qu'une commission allait "gérer le dialogue national", une mesure réclamée maintes fois par les pays du G7 et l'Union européenne depuis qu'il s'est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021.
Quatre organisations y participeront : la centrale syndicale UGTT, l'organisation patronale UTICA, la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH) et l'Ordre national des avocats.
Il s'agit du Quartette qui avait reçu en 2015 le prix Nobel de la paix pour sa contribution à la transition démocratique en Tunisie, berceau des Printemps arabes et considérée à l'époque comme la seule démocratie du monde arabe.
Depuis l'été 2021, le président Saïed, élu démocratiquement fin 2019, s'est accaparé tous les pouvoirs et dirige le pays par décrets. Il a dissous, fin mars, le Parlement dominé pendant 10 ans par des coalitions menées par Ennahda, sa bête noire.
Préparer une Constitution pour "une nouvelle République"
Ces dernières semaines, il a également changé la composition du Conseil supérieur de la magistrature qui régit le système judiciaire et celle de la haute autorité électorale Isie.
Dimanche, le chef de la puissante UGTT, Noureddine Taboubi, avait lancé un appel insistant à Kaïs Saïed pour qu'il lance le dialogue national. C'est "probablement la dernière chance pour rassembler les forces nationales" et éviter "un démantèlement de l'État et un effondrement financier et économique" du pays, avait argué Noureddine Taboubi.
Dans son allocution, le président a exclu toute participation à ce dialogue de "ceux qui ont saboté, affamé et maltraité le peuple", sous-entendu les partis qui comme Ennahda ont dénoncé "un coup d'État" de Kaïs Saïed.
Dans une feuille de route censée sortir le pays de la crise politique, Kaïs Saïed a prévu un référendum sur des amendements constitutionnels le 25 juillet, avant des législatives le 17 décembre. Selon Kaïs Saïed, le comité d'experts chargé de préparer une Constitution pour "une nouvelle République" terminera prochainement ses travaux.
Outre l'impasse politique, la Tunisie connaît une grave crise socio-économique et est en pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI) dans l'espoir d'obtenir un nouveau prêt.
Avec AFP