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Les Six craignent que l'Iran refuse leur proposition de compromis

Réunis à Bruxelles, les six grands interlocuteurs de l'Iran dans le dossier nucléaire se disent déçus par l'attitude de Téhéran, qui semble "faire machine arrière" concernant le transfert à l'étranger de 75 % de son uranium faiblement enrichi.

REUTERS - A dix jours de son départ de la direction de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed ElBaradeï a pressé vendredi l'Iran d'accepter le compromis proposé par les grandes puissances qui craignent qu'il se dote de l'arme atomique.

Réunis à Bruxelles pour faire point du dossier délicats, les six interlocuteurs habituels de l'Iran - les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l'Allemagne - se sont pour leur part dit "déçus" par ce qu'il considèrent comme un refus de l'Iran de leur proposition.
 Le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, avait exclu 48 heures plus tôt que Téhéran transfère 75% de son uranium faiblement enrichi en Russie puis en France pour qu'il y soit converti en combustible nucléaire, comme on lui propose.
Après une rencontre le 1er octobre à Genève avec les Six l'Iran avait pourtant accepté le principe d'un tel transfert, tout en émettant des réserves et en réclamant de nouvelles négociations. Les Six jugent que Téhéran a fait machine arrière.
Alors qu'ils ont fixé à la fin de l'année l'échéance pour que l'Iran donne sa réponse définitive, ElBaradeï a dit, lors d'une conférence de presse à Berlin, ne pas considérer que l'Iran ait encore dit son dernier mot et "espérer vraiment" qu'un accord interviendrait dans ce délai.
"Je suis sincèrement convaincu que la balle est avant tout dans le camp iranien. J'espère qu'ils ne rateront pas cette occasion unique mais fugitive", a-t-il dit, tout en invitant les Six à ne pas chercher à imposer de nouvelles sanctions à la République islamique.
"Ne ratez pas cette occasion"
A Bruxelles, un porte-parole européen des Six a déclaré que ceux-ci avaient évoqué des sanctions en termes généraux, mais n'étaient pas entrés dans les détails d'une nouvelle série de sanctions précises.
"Est-ce que des sanctions vont résoudre la question? Je ne le crois pas. A mon avis, cela ne ferait qu'empirer les choses", a dit ElBaradeï, en prédisant que le régime iranien se raidirait alors un peu plus.
La proposition faite à l'Iran est "une occasion unique de tourner le dos aux sanctions et à la confrontation au profit d'un processus d'établissement de la confiance", a dit le diplomate égyptien.
ElBaradeï a loué l'attitude du président américain Barack Obama, le félicitant d'avoir opéré un "changement complet de politique" sur ce dossier délicat, en adoptant une ligne "créative et pragmatique".
ElBaradeï, dont le travail en faveur de la non-prolifération depuis 12 ans à la tête de l'agence onusienne a été couronné par un prix Nobel de la paix, a demandé à l'Iran de répondre aux ouvertures de Washington.
"Il faut vous engager dans une diplomatie créative. Il faut que vous compreniez que c'est la première fois qu'un président américain vous tend ainsi sincèrement la main, sur la base du respect et sans condition", a dit ElBaradeï.
"Ne ratez pas cette occasion", a ajouté le directeur de l'AIEA à l'adresse des dirigeants iraniens.